Mulhouse : écœuré par les incivilités, un pâtissier décide de fermer la boutique qu’il détenait depuis 20 ans

28 octobre 2018 09:11 Mis à jour: 28 octobre 2018 09:11

Pâtissier depuis plus d’une vingtaine d’années, Thierry Bucher a décidé de fermer la boutique qu’il détenait rue de Bâle, à Mulhouse. La multiplication des incivilités, les menaces, le trafic de drogue et les rixes à répétition auront eu raison de sa passion.

C’est avec une certaine amertume et beaucoup de tristesse que Thierry Bucher s’est confié à nos collègues du journal L’Alsace.

La mort dans l’âme, cet habitant de Mulhouse s’est résolu à fermer la pâtisserie qu’il avait reprise il y a plus de 20 ans, rue de Bâle.

Une décision difficile à prendre pour ce passionné, qui a été le témoin privilégié de la métamorphose de son quartier.

« En 20 ans, le quartier s’est métamorphosé. Quand j’étais môme, la rue de Bâle était une très belle rue […]. C’était l’endroit où on nous emmenait au moment de Noël », explique Thierry Bucher.

Crédit : Pixabay

« Depuis deux ans il y a des ouvertures d’enseignes sans autorisation. Quand on avertit la mairie, la réponse c’est qu’ils ne peuvent rien faire tant que le commerce n’est pas ouvert. Que c’est long, qu’il y a des lois à respecter. Ce sont ces commerces qui amènent de l’insécurité, des bagarres, du trafic de drogue », ajoute l’Alsacien, qui affirme que la situation s’est nettement dégradée depuis deux ans.

Le pâtissier fustige également l’inaction des responsables municipaux, qu’il dit avoir alerté à plusieurs reprises afin de trouver des solutions pour améliorer la sécurité du quartier :

« On a demandé des caméras de surveillance, mais il paraît que c’est impossible car la rue ne serait pas câblée. On a aussi souhaité des patrouilles de police. On attend… »

Amer, Thierry Bucher en avait également « ras le bol de bosser 80 heures par semaine et d’être submergé par les actes administratifs ».

Crédit : Pixabay

Faute de repreneur, la pâtisserie du 62, rue de Bâle fermera définitivement ses portes le dimanche 28 octobre.

« J’ai cherché pendant des mois un nouveau pâtissier. C’est impossible à trouver. Mais c’est quoi ce pays où on a 10 % de chômage et où personne n’arrive à embaucher ? On me dit qu’il y a plein d’apprentis en pâtisserie, mais quand j’appelle Pôle emploi, ils n’ont pas de candidat », s’emporte l’artisan.

« Comme si personne ne voulait venir travailler dans nos entreprises artisanales. Mais on a deux mains ! On ne va quand même pas tous finir derrière un écran d’ordinateur ? », ajoute M. Bucher.

S’il estime que ses employés retrouveront facilement du travail, c’est tout de même« un crève-cœur de les abandonner » pour le pâtissier.

« C’est terrible de faire une cessation d’activité, de jeter l’éponge », conclut l’Alsacien avec dépit.

Lundi prochain, la pâtisserie du 62, rue de Bâle sera fermée et son ancien patron aura quitté la ville où il a grandi.

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