Quarante-quatre civils ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi lors de l’attaque de deux villages du nord-est du Burkina Faso, près de la frontière nigérienne, un nouvel épisode sanglant dans ce pays miné par les violences jihadistes.
« Le bilan provisoire de cette attaque ignoble et barbare » qui a visé les villages de Kourakou et Tondobi, « fait état de 44 civils tués et des blessés », détaille le gouverneur de la région du Sahel, le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho. 31 ont été tués à Kourakou et 13 à Tondobi précise-t-il. Selon un habitant de Kourakou, joint au téléphone par l’AFP, « ‘un grand nombre de terroristes ont fait irruption » dans le village, jeudi en fin de journée. « Toute la nuit, on a entendu des tirs. C’est le vendredi matin qu’on a vu qu’il y avait plusieurs dizaines de morts », a-t-il ajouté.
Selon des habitants, cette localité a été visée en représailles du lynchage quelques jours plus tôt de deux jihadistes qui avaient tenté de voler du bétail. Il s’agit d’une des attaques les plus meurtrières depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, lors d’un putsch fin septembre 2022, après celle de Déou, dans l’extrême nord du pays, où 51 soldats ont été tués en février.
Attaque revendiquée par l’État islamique au Grand Sahara
Le gouverneur du Sahel a assuré samedi que « des actions de stabilisation de la localité sont en cours après (une) offensive menée par les forces de défense et de sécurité (FDS), qui a permis de mettre hors d’état de nuire les groupes armés terroristes qui ont perpétré ladite attaque ». Cette double attaque est survenue dans des localités situées à cinq kilomètres de Seytenga, commune frontalière du Niger, endeuillée en juin 2022 par l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire du Burkina. Revendiquée par l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) elle avait fait 86 morts.
Le lieutenant-colonel Sorgho a par ailleurs invité samedi les populations locales « à faire corps avec les FDS et s’enrôler comme volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils) afin de participer à la défense de leurs localités respectives ».
Forcer les jihadistes à « déposer les armes »
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés. En février, le capitaine Traoré a fait part de sa « détermination intacte » à combattre les jihadistes, malgré la multiplication des attaques. Cette semaine, un nouveau chef des armées, le colonel-major Célestin Simporé, a été nommé et a affirmé vouloir accentuer l’offensive pour forcer les jihadistes à « déposer les armes ».
Soucieuse de retrouver leur « souveraineté » dans la lutte face aux jihadistes qui contrôlent quelque 40% du territoires, les autorités du Burkina ont demandé en janvier à la force française Sabre, composée de 400 militaires des forces spéciales, de quitter le pays.
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