Finie, la pause estivale. Emmanuel Macron réunit mercredi le Conseil des ministres pour donner le coup d’envoi d’une rentrée politique qui s’annonce agitée et qu’il espère marquer par son « initiative d’ampleur » promise pour tenter de débloquer une situation parlementaire toujours aussi complexe.
Tandis que la Première ministre, Élisabeth Borne, était interrogée par France Bleu à midi, c’est dans les colonnes du Point qu’Emmanuel Macron doit, selon l’Élysée, « poser les bases de la rentrée » avec « des marqueurs très forts d’autorité et d’unité », moins de deux mois après les émeutes urbaines. Dans un entretien à l’hebdomadaire attendu mercredi, il va détailler son initiative politique « inédite » qui sera mise en œuvre « rapidement », ajoute-t-on dans son entourage.
Rechercher la majorité absolue sur des sujets clivants
Emmanuel Macron avait annoncé qu’il prendrait cette « initiative politique d’ampleur » aux contours encore flous juste avant de passer trois semaines relativement calmes au Fort de Brégançon, la résidence estivale des présidents sur la Méditerranée d’où il a notamment suivi la situation au Niger après le coup d’État militaire.
L’objectif affiché de ces futures rencontres avec les forces politiques « de l’arc républicain » est de rechercher au cas par cas, sur des thèmes-clés mais souvent clivants comme l’immigration, l’ordre, le travail, les services publics ou encore l’écologie, la majorité absolue dont le président est dépourvu à l’Assemblée nationale depuis sa réélection en 2022.
L’idée avait été émise début août dans Le Figaro Magazine, elle sera explicitée dans Le Point : deux hebdomadaires marqués plutôt à droite pour une démarche qui semble s’adresser surtout au parti Les Républicains. « Ce sont les LR, effectivement, qui peuvent être au barycentre de cette initiative », dit un cadre de la Macronie. Pour lui, « tout doit être mis en œuvre pour éviter » le « blocage » que représenterait une éventuelle motion de censure votée par la droite avec les autres oppositions et donc susceptible de faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne.
Mais dans les allées du pouvoir, rares sont ceux qui savent ce qu’a en tête le chef de l’État. Un conseiller ministériel s’inquiète d’un « CNR bis », du nom du Conseil national de la refondation, cette autre initiative prise il y a un an par Emmanuel Macron pour tenter de faciliter ses ambitions réformatrices, qui n’a jamais acquis la visibilité espérée à l’Élysée. « Il cherche encore la martingale mais ne l’a pas trouvée », estime ce conseiller.
Emmanuel Macron veut démontrer sa capacité d’action
L’interview doit aussi permettre au président d’évoquer ses projets pour l’école avant la rentrée des classes, au cœur d’un probable déplacement dès la semaine prochaine avec le nouveau ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, principale figure du petit remaniement réalisé fin juillet.
Le locataire de l’Élysée entend démontrer sa capacité d’« action » à travers « des réformes cruciales qui se concrétisent à l’école et dans les lycées professionnels », selon son entourage, ainsi que sur le front diplomatique – il exposera lundi ses priorités lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, avant de participer au sommet du G20 en Inde les 9 et 10 septembre puis d’accueillir le roi Charles III.
Autres points forts des semaines à venir : la présentation de la planification écologique, à laquelle Emmanuel Macron consacrera plusieurs jours et des déplacements courant septembre, et la Coupe du monde de rugby que la France accueille à partir du 8 septembre à moins d’un an des Jeux olympiques de Paris.
Fin juillet, le chef de l’État avait prôné « l’ordre » en réponse aux violences urbaines provoquées par la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle. Et mi-août, il a mis en garde la jeunesse française contre le « chaos » et la « désunion ». Dans l’immédiat, il va être confronté au risque de voir sa propre autorité sur ses troupes décliner à mesure que les prétendants à sa succession s’émancipent.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ouvert tôt le bal en disant cet été « s’inquiéter de ce qui se passera en 2027 ». Et va tenter de scander le rythme de la rentrée avec sa réunion politique de dimanche dans son fief de Tourcoing. Le président va-t-il le recadrer ? « Il regarde les chevaux se mettre en ordre de marche », « mais tant que ça ne perturbe pas sa volonté de réforme, il n’a pas vocation à recadrer », croit savoir un conseiller gouvernemental.
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