Les guerres naissent souvent de l’incertitude. Lorsque les pays forts semblent faibles, les pays vraiment plus faibles prennent des risques qu’ils ne prendraient pas autrement.
Les fanfaronnades et les promesses d’introduire une série de mesures restrictives peuvent également déclencher des guerres. Les discours vides de sens peuvent aussi encourager les agresseurs, tandis que les platitudes utopiques convainquent les tyrans que leurs cibles sont trop raffinées pour être capables à contrer effectivement l’agression.
Parfois, l’annonce d’un « nouveau processus de paix » qui ne s’accompagne pas de nouvelles concessions ou du durcissement de pression ne fait que susciter de faux espoirs et, éventuellement, de la fureur.
Chaque nouveau président américain est mis à l’épreuve pour déterminer si les États-Unis peuvent toujours protéger leurs amis et alliés comme l’Europe, le Japon, la Corée du Sud et Israël. S’ils sont capables de dissuader leurs ennemis, que sont l’Iran et la Corée du Nord, et d’empêcher la Chine et la Russie d’absorber leurs voisins.
Joe Biden et son entourage semblent déterminés à troubler la paix dont ils ont hérité.
Peu après que Donald Trump a quitté ses fonctions de président, Vladimir Poutine a commencé à masser des troupes à la frontière ukrainienne et à menacer d’attaquer son pays voisin.
Poutine avait auparavant conclu que Trump était dangereusement imprévisible et qu’il valait peut-être mieux ne pas le provoquer. Après tout, l’administration Trump n’a pas hésité à éliminer les mercenaires russes qui avaient attaqué les forces soutenues par les Américains en Syrie. Et cette administration a augmenté ses dépenses sur la défense et a renforcé effectivement les sanctions contre la Russie.
De plus, l’administration Trump a inondé le monde de pétrole bon marché au grand dam de la Russie. Elle s’est retirée des traités sur les missiles asymétriques conclus avec la Russie. Elle a vendu des armes sophistiquées aux Ukrainiens. Alors les Russes ont conclu qu’avec Trump on pouvait s’attendre à tout et ont donc attendu un autre président avant de tester à nouveau l’Amérique.
En revanche, Biden parle souvent de manière provocante. Il a traité Poutine de « tueur ». Et il a prévenu que le dictateur russe « paiera un prix » pour sa supposée ingérence dans les élections américaines de 2020.
Malheureusement pour Biden, sa grandiloquence fait suite à quatre années de l’affaire judiciaire et politique de « collusion russe » – un canular qui a été alimenté par un dossier concocté et payé par l’élite du Parti démocrate américain et la campagne de Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidence américaine en 2016. Biden et d’autres ont affirmé que Trump était, selon les paroles de l’ancien directeur du renseignement national de Barack Obama, James Clapper, un « atout russe ».
Si Biden cherche à provoquer la Russie – une puissance possédant plus de 6000 armes nucléaires – il ne soutient certainement pas sa rhétorique par la force.
Biden pourrait bien diminuer le budget du Pentagone. Il semble également avoir oublié que Trump a été mis en accusation pour avoir soi-disant compromis l’Ukraine, alors que, en fait, il lui a vendu des armes qui n’ont pas été livrées par l’administration Obama.
Pendant que Biden parlait fort de Poutine, son administration a été gravement humiliée par la Chine. Les diplomates chinois ont passé un savon à leurs homologues américains lors d’une récente rencontre à Anchorage, en Alaska. Ils ont pris plaisir de reproduire la rhétorique de la gauche américaine selon laquelle une Amérique raciste n’a aucune autorité morale pour critiquer la Chine.
Si Trump était imprévisible mais ferme, Biden est trop souvent prévisible dans sa confusion. Et il semble fragile, envoyant aux autocraties le message que le président et commandant en chef des États-Unis n’est pas totalement en contrôle de la situation.
Biden n’a pas, comme il l’avait promis, exigé de la Chine la transparence sur les origines du virus du Covid-19 apparu à Wuhan. D’ici l’été, la pandémie de ce virus pourrait avoir emporté la vie de 600 000 Américains.
Plus inquiétant encore, alors que la Russie envoie des troupes à la frontière ukrainienne, la Chine pénètre dans l’espace aérien de Taïwan – ceci pour tester les défenses de cette nation insulaire ainsi que pour voir à quel point les États-Unis s’en soucient.
Pendant un demi-siècle, la politique étrangère américaine a cherché à faire en sorte que la Russie ne soit pas plus proche de la Chine que l’un de ces pays ne l’était des États-Unis. Aujourd’hui, les deux dictatures semblent presque marcher la main dans la main, chacune sondant la réaction ou l’absence de réaction de l’Amérique aux défis qu’elles lui posent. Sans surprise, la Corée du Nord a repris, fin mars, ses tirs de missiles au-dessus de la mer du Japon.
Au Moyen-Orient, Biden a hérité d’une situation relativement calme. Les nations arabes, de manière historiquement importante, faisaient la paix avec Israël. Les deux parties s’efforçaient de dissuader les terroristes financés par l’Iran. L’Iran lui-même était ébranlé par les sanctions et la récession. Son cerveau archi-terroriste, le général Qassem Soleimani, a été tué par une frappe de drone américain.
Sous Trump, l’Amérique a quitté l’accord sur le nucléaire iranien, qui n’était qu’une voie vers l’acquisition certaine d’armes nucléaires par l’Iran. La théocratie de Téhéran, principal sponsor de la terreur dans le monde, se trouvait dans une situation la plus fragile en 40 ans d’existence.
Aujourd’hui, les diplomates américains expriment bizarrement leur intérêt pour le rétablissement de relations cordiales avec l’Iran, la relance de l’accord sur le nucléaire iranien et l’abandon des sanctions contre le régime. Si tout cela se produit, l’Iran aura probablement bientôt une bombe.
Plus important encore, l’Iran pourrait conclure que les États-Unis se sont distancés d’Israël et des régimes arabes modérés. L’un des deux dangers suivants se présentera alors : soit l’Iran estimera qu’il peut intensifier son agression, soit ses ennemis concluront qu’ils n’ont pas d’autre choix que de détruire toutes les installations nucléaires iraniennes.
Joe Biden ferait bien de se rappeler les anciennes maximes diplomatiques américaines : parler doucement tout en brandissant un gros bâton, garder la Chine et la Russie à part, ne pas devenir un meilleur ami (ou un pire ennemi) de l’une ou de l’autre et ne pas déranger les chiens qui dorment.
Victor Davis Hanson est écrivain, commentateur et historien militaire. Il est professeur émérite à l’université d’État de Californie, chercheur principal à l’université de Stanford, membre du Hillsdale College et membre distingué du Center for American Greatness. Il est auteur de 16 livres, dont The Western Way of War, Fields Without Dreams et The Case for Trump.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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