ONU : le Pacte mondial sur les migrations approuvé à Marrakech largement controversé

10 décembre 2018 11:52 Mis à jour: 10 décembre 2018 12:06

Des représentants de plus de 150 pays se réunissent ce lundi matin à Marrakech, au Maroc, pour approuver le Pacte mondial sur les Migrations piloté par l’ONU, un texte qui polarise les critiques.

C’est par un simple coup de marteau que le texte sera adopté lundi matin après proclamation orale, selon les informations diffusées par l’ONU à Marrakech.

Sans vote ni signature, la conférence intergouvernementale de Marrakech devait être une simple étape formelle du processus, avant un ultime vote de ratification le 19 décembre à l’Assemblée générale de l’ONU. Mais le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision.

Un total de 159 des 193 pays membres de l’ONU ont confirmé leur présence à Marrakech. Une centaine seront représentés au niveau des chefs d’État, chefs de gouvernement ou ministres.

 

Le président français Emmanuel Macron a décidé de déléguer à Marrakech le secrétaire d’État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne, alors que le sujet suscite l’opposition de la droite, de l’extrême droite mais aussi de certains « gilets jaunes », qui manifestent depuis trois semaines dans les rues contre la politique fiscale et sociale.

 

Le Pacte, qui interdit les détentions arbitraires et n’autorise les arrestations qu’en dernier recours, est perçu comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.

Les États-Unis, qui s’étaient retirés de l’élaboration du texte en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d’immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de « gouvernance mondiale ». 

« Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu’un pays peut prendre », a fustigé la mission diplomatique américaine à l’ONU dans un communiqué.

Les États-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du Pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe, selon des diplomates de l’ONU.

À ce stade, neuf pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet dernier à New York : l’Autriche, l’Australie, le Chili, la République tchèque, la République dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie. Sept ont souhaité plus de consultations internes : la Belgique, la Bulgarie, l’Estonie, Israël, l’Italie, la Slovénie et la Suisse, selon Louise Arbour.

À Ottawa, des échauffourées ont opposé samedi des groupes pro-immigration et des militants de droite opposés à l’adhésion au Pacte. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lui, entend bien le signer : « Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d’immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c’est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin », selon lui.

Également favorable au texte, la chancelière allemande Angela Merkel est arrivée au Maroc dimanche. Les chefs des gouvernements espagnol, grec, danois, portugais et belge ont confirmé leur venue. Mais la décision du Premier ministre belge Charles Michel de se rendre à Marrakech a fait exploser sa coalition gouvernementale avec les nationalistes flamands du N-VA, après plusieurs jours de bras de fer.

Ce parti anti-immigration a tenu samedi un meeting à Bruxelles avec Marine Le Pen, patronne de l’extrême droite française et Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, pour dénoncer le Pacte, brandi comme épouvantail par les populistes à travers l’UE à l’approche des élections européennes en mai prochain.

Il y a environ 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde, soit 3,4 % de la population mondiale.

D. S avec AFP

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