Des mains rouges ont été taguées sur le « Mur des Justes » à l’extérieur du Mémorial de la Shoah et sur plusieurs bâtiments du quartier historique juif à Paris, incitant les autorités municipales à saisir la justice mardi.
« Cette nuit, le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah a été vandalisé », a affirmé dans un communiqué la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) en condamnant des « actes inqualifiables ».
« Des mains rouge-sang ont été peintes sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah », a détaillé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi dans un message sur X, dénonçant un acte « abject ».
Aucun tag, aucun symbole antisémite n’est tolérable mais certains font plus de mal que d’autres : hier soir, des mains rouge-sang, ont été peintes sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah.
Quels que soient les auteurs, cette dégradation du Mémorial de la Shoah, symbole des… pic.twitter.com/DQ8xKQGpbD
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) May 14, 2024
Une photo postée en illustration montre une vingtaine de mains rouges peintes sous les plaques listant les noms des 3900 hommes et femmes ayant contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les tags, apposés sur ce « Mur des Justes » qui se situe dans l’allée jouxtant le Mémorial, étaient en cours d’effacement mardi en fin de matinée, a constaté un photographe de l’AFP.
Mais « une dizaine » d’autres lieux ont également été tagués dans le quartier du Marais, du « type écoles ou crèches », a affirmé à l’AFP Ariel Weil, le maire PS de Paris Centre, secteur qui regroupe les quatre premiers arrondissements de la capitale. Ce ne sont « que des lieux autour du Mémorial de la Shoah, dans le quartier traditionnel juif », a-t-il ajouté, précisant avoir « demandé à porter plainte pour tous les lieux ».
Le « délit d’injure publique à caractère antisémite »
Anne Hidalgo a elle aussi indiqué avoir procédé au signalement à la procureure de Paris de ces actes « potentiellement constitutifs du délit d’injure publique à caractère antisémite », conformément aux dispositions prévues à l’article 40 du code de procédure pénale.
« Cette dégradation du Mémorial de la Shoah, symbole des mains ensanglantées des terroristes qui ont lynché deux soldats israéliens en octobre 2000, résonne comme un cri de ralliement haineux contre les Juifs », a déploré le président du Crif.
Le symbole des « mains rouges » avait été au cœur d’une polémique fin avril lorsque des étudiants de Sciences-Po Paris avaient exhibé leurs paumes peintes en rouge devant l’école, comme un appel au cessez-le-feu dans la bande de Gaza selon eux. Mais plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer une allusion au lynchage de deux soldats israéliens à Ramallah en 2000.
« À tous ceux qui disaient que les mains rouges n’étaient pas un symbole antisémite, les voilà apposées sur le Mur des Justes », a écrit sur X la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot qui a déploré « l’antisémitisme dans sa forme la plus débridée ».
L’émotion est vive au sein de la communauté juive qui a condamné ces tags, découverts le jour anniversaire de la « Rafle du billet vert » qui avait constitué la première arrestation massive de Juifs le 14 mai 1941 à Paris.
« Insupportable »
La profanation du Mur des Justes « est insupportable », a affirmé sur X le président de la branche française de B’Nai B’Rith, ONG juive fondée au États-Unis au 19e siècle, Philippe Meyer, qui a vu là « un signe de plus de cette haine anti-juive décomplexée et alimentée par les pyromanes de gauche ».
Ces tags viennent « relancer une polémique mortifère et surtout faire l’apologie de massacres de juifs », a estimé l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Le président du Fonds social juif unifié (FSJU) Ariel Goldmann a déploré « la confirmation si besoin que antisionisme = antisémitisme ». La Licra, elle, a estimé sur X que « provocation à la haine, opération de déstabilisation ou ingérence étrangère, les auteurs de ces souillures auront à répondre de leurs actes délictueux, motivés par la haine et la volonté de diviser ».
En octobre, la découverte d’étoiles de David taguées sur des immeubles en région parisienne avait fait craindre une contagion du conflit israélo-palestinien. Mais l’affaire, pour laquelle un couple de Moldaves a été interpellé, a au final été imputée par les autorités françaises à une opération pilotée par les services de sécurité russes (FSB).
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