Pilier de l’économie vénézuélienne, l’entreprise publique PDVSA était jadis une des cinq plus grandes compagnies pétrolières au monde. Elle est aujourd’hui en pleine déconfiture, plombée par une chute de la production, une dette abyssale et les sanctions américaines.
En novembre 2017, le président Nicolas Maduro a nommé à la tête de Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) le général Manuel Quevedo avec l’objectif d’augmenter la production d’un million de barils/jour. Mais plutôt que de progresser, la production a encore plongé d’un million de barils/jour. A l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez (1999-2013), PDVSA produisait 3,1 millions de barils/jour, contre 1,1 million actuellement, le plus bas niveau depuis 30 ans, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Pour le gouvernement, cet effondrement est à mettre sur le compte des sanctions américaines, encore renforcées dernièrement. Le 28 janvier, Washington a annoncé le gel de sept milliards de dollars d’actifs de la compagnie et lui a interdit de faire du commerce avec des entités américaines. Les États-Unis, qui ont été les premiers à reconnaître l’opposant Juan Guaido comme président par intérim, espèrent ainsi accroître la pression sur le chef de l’État Nicolas Maduro dont ils contestent la réélection, tout comme l’opposition et une grande partie de la communauté internationale.
La chute des prix du pétrole en 2014 a marqué un tournant : le prix du baril, après avoir battu des records, a chuté presque de moitié, grevant une manne sans précédent, grâce à laquelle le Venezuela a engrangé pendant une décennie 750 milliards de dollars en exportations de brut. Mais les spécialistes font remonter les difficultés de la compagnie publique, classée il y a dix ans devant les géants Shell ou Chevron par le cabinet d’analyses Petroleum Intelligence Weekly, au financement partiel par PDVSA du déficit budgétaire (20% du PIB).
« PDVSA est en faillite. Pourquoi ? Parce qu’elle est devenue une banque », estime José Gonzales, directeur de la société de conseils GCG Advisors. Dans le cadre du strict contrôle des changes en vigueur depuis 2003 , assoupli depuis 2018 — la compagnie pétrolière a aussi été contrainte de vendre des devises à la Banque centrale à des taux très bas. Cela a limité les investissements pour l’entretien des infrastructures, tandis que le nombre d’employés est passé de 40.000 à 150.000.
Le paiement du déficit public par la compagnie publique a aussi fait monter sa dette en flèche. Les obligations de la société représentent un tiers de la dette extérieure du Venezuela, estimée à 150 milliards de dollars. Des sanctions américaines imposées en août 2017 interdisant l’achat de nouvelles obligations émises par le gouvernement vénézuélien et PDVSA ont par ailleurs empêché une renégociation de la dette. En novembre 2017, le Venezuela et la compagnie pétrolière nationale PDVSA ont été déclarés en défaut partiel par plusieurs agences de notation.
Dans ces conditions, il est « impossible de retrouver la production » d’autrefois, explique à l’AFP l’économiste Jesus Casique. Pour l’analyste José Toro Hardy, le Venezuela aurait besoin d’emprunter 30 milliards de dollars, et surtout d’un « changement de politique », pour augmenter sa production de 400.000 barils/jour en un an. La corruption est aussi un élément clé pour expliquer l’effondrement de la production, qui finance 96% du budget national.
Un rapport du Parlement, unique institution aux mains de l’opposition, estime que les malversations ont coûté 11 milliards de dollars à PDVSA à l’époque faste (2004-2014), plus que les réserves actuelles du pays (8,6 milliards de dollars). Le gel des prix de l’essence, presque gratuite dans le pays, a accentué la saignée. L’augmentation des prix, annoncée en août par le chef de l’État, n’est toujours pas entrée en vigueur. Dans le pays, le prix d’un demi-kilo de viande permet d’acheter 500 millions de litres d’essence.
Incapable de répondre à la demande, le Venezuela doit donc importer de l’essence des États-Unis, en plus du pétrole léger qui est raffiné aux États-Unis à partir de son brut lourd. Sa vulnérabilité aux sanctions américaines s’en trouve accentuée, alors que 80% des liquidités issues des ventes de pétrole proviennent de la relation commerciale avec les États-Unis.
D.C avec AFP
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