Le retrait des troupes américaines de Syrie est dévastateur pour Bashirul Shikder, qui a l’impression que l’Amérique a abandonné ses enfants à ce qui reste du groupe terroriste Daech.
Il dit qu’il les cherche depuis 4 ans et demi, qu’il essaie de se coordonner avec les agences du gouvernement américain et les forces kurdes, et qu’il s’est même rendu au Moyen-Orient pour chercher son fils et sa fille, Yousef et Zahra.
Yousef et Zahra ont été emmenés de leur maison de Miami en mars 2015 par leur mère alors que Bashirul Shikder était en pèlerinage à la Mecque, a-t-il expliqué. Yousef avait 4 ans et Zahra 9 mois à l’époque. Tous deux sont citoyens américains de naissance. Bashirul Shikder est un citoyen naturalisé américain, originaire du Bangladesh.
D’une manière ou d’une autre, son épouse, Rashida Sumaiya, s’est radicalisée et a décidé de rejoindre Daech en Syrie, a précisé Bashirul Shikder.
Pendant les premières années, elle envoyait des messages et des photos de Raqqa, la capitale du califat autoproclamé. Une photo de Zahra la montre tenant la main de son frère dans une robe d’été. Plus tard, sur les photos, elle était vêtue de la robe noire et la tête couverte comme l’exige le groupe terroriste de Daech.
En 2016, Bashirul Shikder dit qu’il a reçu un document par SMS indiquant que sa femme avait divorcé parce qu’il avait refusé de rejoindre Daech. Sa femme lui a dit plus tard qu’elle avait épousé un combattant de Daech et qu’elle avait eu une fille de cette union.
L’homme a été tué au combat environ un mois après le mariage, selon Bashirul Shikder.
Les messages de Sumaiya ont cessé en décembre 2018. En janvier, il a appris qu’elle avait été tuée dans une attaque aérienne au cours de laquelle les enfants avaient été brûlés au visage, selon un SMS que Bashirul Shikder avait reçu de la sœur de sa femme, qui était partie avec Sumaiya en Syrie. CNN n’a pas pu parler à la famille de Sumaiya.
Bashirul Shikder précise qu’il a coopéré avec le FBI et le ministère des Affaires étrangères. Il a contacté des politiciens, des groupes de défense des droits de la personne, des avocats et quiconque voulait bien l’écouter. Il a fait deux voyages dans la région, à la recherche de ses enfants. Mais on ne sait toujours pas où se trouvent Yousef, Zahra et leur demi-sœur.
M. Shikder a affirmé qu’il avait dit au ministère des Affaires étrangères qu’il était prêt à adopter la demi-sœur de ses enfants et à l’emmener aux États-Unis avec Yousef et Zahra.
Bashirul Shikder dit qu’il a établi plusieurs contacts au camp de réfugiés d’al-Hol en Syrie et dans d’autres endroits qu’il a visités au Moyen-Orient au cours de sa recherche des enfants. Certains lui ont dit que les enfants avaient été introduits clandestinement à Idlib dans le nord-ouest de la Syrie, le dernier bastion des rebelles qui combattaient le président syrien Bachar al-Assad et la région où le chef de Daech Abu Bakr al-Baghdadi a été tué. D’autres disent que les enfants se trouvent à la frontière syro-turque, ou en Turquie, ou dans un camp de réfugiés près de la frontière irakienne.
Bashirul Shikder explique qu’il a fait tout ce que les agents fédéraux lui ont demandé de faire, renonçant à l’intimité de son téléphone pour permettre à sa femme d’être retrouvée. Il a partagé des informations lorsqu’il s’est rendu à al-Hol cet été, mais il a dit que rien n’en était sorti.
Le FBI et le ministère des Affaires étrangères ont refusé de commenter les cas individuels des enfants Shikder.
Bashirul Shikder lui-même ne veut pas prendre parti sur le plan politique, mais il a dit qu’il demanderait conseil directement au président américain : de père à père.
« Mon rêve pour mes enfants est qu’ils soient des citoyens prospères de ce pays », a déclaré M. Shikder. « S’il était à ma place, que ferait-il ? »
Zahra et Yousef ne sont pas les seuls enfants américains emmenés en Syrie par un adulte présumé radicalisé.
Treize enfants ont été rapatriés de Syrie, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration, sans toutefois donner de détails.
« Le ministère des Affaires étrangères accorde la plus haute priorité au bien-être des enfants, en particulier en ce qui concerne les enfants américains qui ont été contraints de vivre sous l’occupation brutale de Daech », peut-on lire dans la déclaration.
Bashirul Shikder sait que les enfants peuvent s’en sortir parce qu’il dit qu’il a été responsable d’un sauvetage.
Alors qu’il cherchait ses enfants l’été dernier dans le camp de réfugiés d’al-Hol, un camp de tentes d’environ 70 000 personnes déplacées de l’ancien territoire de Daech, M. Shikder a dit avoir trouvé un garçon américain de 3 ans.
« J’ai vu mes propres enfants en lui. Mon propre Yousef et ma Zahra », a relaté M. Shikder, devenant émotif.
Il dit qu’il avait approché ses contacts du gouvernement américain vers qui il avait l’habitude de mendier de l’aide pour retrouver ses enfants et leur a parlé de ce petit garçon.
L’enfant, que CNN n’identifie pas à la demande de sa famille, est maintenant de retour aux États-Unis auprès de son grand-père.
« Sans Bashirul, nous n’aurions pas eu notre petit-fils », a déclaré le grand-père du garçon à CNN par téléphone. « Je lui suis reconnaissant. »
Bashirul Shikder n’a que des souvenirs et des observations possibles. Et l’espoir qu’il embrassera un jour à nouveau ses enfants.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.
