Contemporain de Rubens et Van Dyck, Gaspar de Crayer est injustement tombé dans l’oubli: le musée de Flandre, dans le nord de la France, propose de redécouvrir l’oeuvre et le style baroque de ce peintre majeur du XVIIe en collaboration avec le musée des Beaux-Arts de Gand (Belgique). Une cinquantaine de peintures, dessins et gravures du maître flamand, provenant de collections prestigieuses comme celles du Prado à Madrid, du MET de New York ou des Offices de Florence, sont présentés à partir de samedi dans ce musée installé à Cassel et consacré à l’identité culturelle et artistique flamande.
Les formats trop grands pour faire le voyage seront exposés dès la fin du mois et jusqu’en novembre au musée de Gand. Plusieurs œuvres sont également visibles dans les églises de cette ville belge où le peintre a été enterré en 1669. « Gaspar de Crayer faisait partie des quatre grands noms de la peinture flamande du XVIIe aux côtés de Rubens, Van Dyck et Jordaens. C’est une mission des musées de faire sortir de l’oubli des peintres qui, pour des raisons d’évolution du goût, ont été mis un peu de côté », explique la conservatrice en chef du musée de Flandre Sandrine Vézilier-Dussart.
Né à Anvers en 1584, le peintre entame sa carrière à Bruxelles, capitale des Pays-Bas espagnols, où il réalise les portraits des puissants, dont celui du roi Philippe IV d’Espagne, présenté à Cassel, et des archiducs Albert et Isabelle qui gouvernent ensemble ces provinces catholiques. Il reçoit aussi de nombreuses commandes d’églises, excellant dans les tableaux religieux de grand format représentant les scènes marquantes du Nouveau testament et de la vie des saints.
Si son style fut comparé à l’époque « à la splendeur picturale de Rubens et à l’extrême distinction de Van Dyck », sa production s’inscrit dans le mouvement de la Contre-Réforme qui vise à reconquérir les fidèles. « Il doit certainement son succès à sa maîtrise des préceptes catholiques qu’il met en scène avec habilité dans des toiles gigantesques tout comme dans des tableaux de dévotion privée », affirme l’expert Hans Vlieghe, professeur à l’Université catholique de Louvain. Pour preuve, « La Sainte Famille avec le petit saint Jean-Baptiste », une huile peinte en 1653 où l’enfant, au pied de Marie, Joseph et Jésus, enjoint le visiteur à se taire, index sur la bouche. « Sainte Marie Madeleine renonçant aux vanités du monde » illustre l’importance du sacrement de pénitence en se coupant les cheveux.
Avec seulement 1.000 m2 de surface exposable, le musée de Flandres est « à dimension humaine ». « Sa notoriété s’est construite au fil des ans, le Prado nous a prêté quatre fois, Florence trois fois, le Métropolitain deux fois », confie sa conservatrice. « Nous n’avons pas la capacité financière pour accueillir des expositions Rubens ou Van Dyck, donc il a bien fallu être inventif, audacieux. Au final cela fonctionne puisque nous accueillons quelque 53.000 visiteurs par an et pour les grandes expositions on a entre 25 et 30% de visiteurs belges, et 5 à 7% de Parisiens », précise Mme Vézilier-Dussart alors que Cassel, qui « culmine » à 176 mètres permettant de contempler la campagne flamande, ne compte que 2.300 habitants.
Pour sa première exposition temporaire organisée en été, le musée devrait également bénéficier de l’effet de curiosité qui pousse de très nombreux touristes à faire un détour par Cassel élu « village préféré des Français » il y a une dizaine de jours lors d’une émission télévisée. « Entre Rubens et Van Dyck, Gaspar de Crayer », jusqu’au 4 novembre.
DC avec AFP
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