Un Américain de 78 ans, résident permanent de Hong Kong, a été condamné lundi en Chine à la prison à vie pour « espionnage », ce qui devrait tendre encore davantage des relations Pékin-Washington déjà au plus bas.
Une condamnation aussi lourde visant un citoyen étranger pour ce motif est relativement rare dans le pays asiatique. Cette annonce intervient sur fond de déplacement au Japon du président américain Joe Biden qui doit participer, du 19 au 21 mai, au sommet du G7 à Hiroshima.
Des faits reprochés gardés secrets
John Shing-wan Leung, également connu sous le nom de Liang Chengyun, « s’est rendu coupable d’espionnage et a été condamné à la réclusion à perpétuité ainsi qu’à la privation à vie de ses droits politiques », a indiqué lundi dans un communiqué le Tribunal populaire intermédiaire de Suzhou (est de la Chine). Ses biens personnels ont également été confisqués à hauteur de 500.000 yuans (66.000 euros) lors de ce procès en première instance qui s’est tenu lundi, vraisemblablement à huis clos, comme c’est généralement le cas dans ce type d’affaires.
Les autorités de Suzhou en charge de la sécurité d’État avaient pris dès 2021 des « mesures coercitives » à l’encontre de ce citoyen américain, selon le communiqué, une formulation qui fait généralement référence à de la détention. Le communiqué ne mentionne pas la nature précise des faits qui étaient reprochés à John Shing-wan Leung, ni quelle était sa profession ou son activité en Chine.
Sollicitée lundi, l’ambassade des États-Unis en Chine n’avait pas répondu à une demande de commentaire de l’AFP dans l’immédiat. L’annonce risque en tout cas de dégrader encore davantage les relations sino-américaines déjà tendues. Elles se sont refroidies ces dernières années en raison de désaccords sur de nombreux sujets : le déséquilibre commercial, Taïwan, Hong Kong, le traitement par Pékin de sa minorité musulmane ouïghoure ou encore la rivalité dans le secteur des technologies, outre récemment, en février, l’affaire des ballons chinois.
D’autres condamnés chinois et étrangers
Un journaliste chinois connu pour sa liberté de ton, Dong Yuyu, a été formellement accusé d’espionnage fin avril, selon un communiqué publié par sa famille et consulté par le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis. Connu pour les éditoriaux qu’il écrivait pour un quotidien conservateur du Parti communiste au pouvoir en Chine, il avait été arrêté en février 2022 alors qu’il déjeunait à Pékin avec un diplomate japonais.
Des étrangers sont aussi régulièrement accusés en Chine d’espionnage ou de crimes similaires. En février, un Japonais a été condamné à 12 ans de prison pour espionnage, selon l’agence de presse japonaise Kyodo News.
L’écrivain australien d’origine chinoise Yang Jun a, lui, été interpellé en janvier 2019 pour le même motif. Canberra avait appelé la semaine dernière à la libération de la journaliste australienne Cheng Lei, en détention depuis plus de 1000 jours et qui officiait sur la chaîne publique chinoise en anglais CGTN. Cette quadragénaire, mère de deux enfants, est poursuivie par Pékin pour « divulgation de secrets d’État à l’étranger ».
Quelques jours après l’arrestation au Canada fin 2018 de Meng Wanzhou, alors directrice financière du groupe de télécoms chinois Huawei, la Chine avait placé en détention deux Canadiens, accusés de faits d’espionnage.
Le consultant Michael Spavor, finalement condamné à 11 ans de prison, ainsi que l’ex-diplomate Michael Kovrig, avaient ensuite été libérés en 2021, quelques heures après la conclusion d’un accord sur la libération de Mme Meng.
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