Depuis le communiqué de presse publié par la bande indienne de Kamloops, le 27 mai 2021, concernant « la confirmation des restes de 215 enfants du pensionnat indien de Kamloops », des annonces similaires à travers le pays se sont succédées rapidement et avec furie.
Les reportages et l’attention consacrés aux tombes non identifiées et aux élèves disparus se sont rapidement accélérés après l’annonce du 10 août 2021 du gouvernement Trudeau. Le 10 août 2021, le gouvernement Trudeau a annoncé vouloir débloquer 320 millions de dollars de « soutien supplémentaire [en plus des millions déjà promis] pour des initiatives et des investissements gérés par les Autochtones, dédiés aux survivants et adaptés à la culture, afin d’aider les communautés autochtones à faire face aux répercussions des pensionnats et à s’en remettre », notamment « pour rechercher et localiser les lieux de sépulture ainsi que pour commémorer les enfants morts dans les pensionnats ».
En incluant le site de Kamloops, où un géoradar a été utilisé pour détecter les tombes, des tombes réputées anonymes dans 34 pensionnats et des lieux de sépulture potentiels ont été identifiés depuis mai 2021. Néanmoins, pas un seul corps en lien avec un pensionnat n’a été récupéré. Et encore moins soumis à un examen médico-légal. Bien que cinq des six recherches effectuées avant Kamloops aient permis de trouver des restes humains, aucun ne correspondaient à des élèves disparus des pensionnats indiens (IRS), ni à d’autres personnes disparues.
Pourtant, aucun de ces constats concrets n’a freiné la démultiplication des fouilles à la recherche de tombes anonymes. Véritables chasses au trésor, leur seule finalité est de générer de l’argent, des emplois et des financements généreux au nom du devoir de commémoration et du besoin de cicatriser. C’est précisément ce qui ressort d’un article du 3 mars 2022 de la CBC sur une recherche effectuée sur le site de l’ancien pensionnat Holy Angels à Fort Chipewyan, en Alberta.
L’école catholique romaine, qui a été démolie en 1974, serait le dernier lieu de résidence de 89 enfants « disparus ». Ils représentaient au moins quatre groupes autochtones différents et ont fréquenté l’école entre 1880 et 1953.
Quand on a appris que 89 enfants pensionnaires y avaient perdu la vie, l’église catholique romaine Nativity of the Blessed Virgin associée à l’école a été incendiée aux premières heures du matin du 25 août 2022.
À l’instar des douzaines d’églises catholiques et autres qui ont également été détruites à la suite des révélations de Kamloops, la GRC a qualifié cet incendie de cas présumé d’incendie criminel, une affirmation crédible compte tenu des accusations d’abus d’élèves – non prouvées – à l’école Holy Angels.
Cet acte destructeur est d’autant plus troublant que le diocèse catholique de Saint-Paul a vendu le bâtiment à All Nations Church, une organisation non confessionnelle basée à Fort McMurray, en décembre 2020, et que Fort Chipewyan n’a pas eu de prêtre local depuis des décennies.
Il convient de se demander pourquoi certaines bandes qui, jusqu’à présent, n’ont pas trouvé de « tombes anonymes », essaye de les localiser, alors qu’aucun enfant n’a jamais été recherché par des proches. Comment des enfants dont on ne connaît pas le nom, qui n’ont jamais été signalés comme manquant à l’appel, peuvent-ils être considérés comme portés disparus ?
De plus, pourquoi « une équipe d’archéologues de l’Université de l’Alberta … a-t-elle été engagée pour fouiller l’ancien terrain de l’école à la recherche d’éventuelles tombes anonymes », comme l’a rapporté le Edmonton Journal dans un article sur l’école Holy Angels, alors qu’il n’existe aucune preuve indiquant que des élèves ont été enterrés en secret ?
Oui, le Centre national de vérité et de réconciliation (CNVR), qui a succédé à la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) et qui est chargé de rendre compte de l’histoire, du fonctionnement et du legs des pensionnats indiens du Canada, répertorie dans ses archives le nom et la date de décès de 89 élèves de Holy Angels. Ils seraient morts à l’école ou dans l’année qui a suivi leur sortie.
Selon le CNVR, « suite à la directive fournie par les Survivants [c.-à-d. toute personne autochtone ayant fréquenté un IRS] lors des engagements communautaires tenus en 2018 et lors du Rassemblement national des aînés, seuls les noms et les dates de décès seront publics. »
Mais cette directive n’aurait pas dû empêcher le CNVR de publier un résumé de la cause du décès et du lieu d’inhumation pour chaque école individuelle – ce qu’il a fait pour les écoles dans leur ensemble. Le refus de publier les résultats au niveau de l’école a peut-être contribué à précipiter le traumatisme et la rage ressentis par les populations autochtones à travers le pays, ce qui a entraîné l’incendie d’églises comme celle de Fort Chipewyan.
À ce jour, on ne sait toujours pas dans quelle mesure le CNVR a cherché à connaître le sort des « enfants disparus » dans les sources d’archives accessibles au public. Si le centre a travaillé avec diligence sur cette question, aucune conclusion détaillée n’a été communiquée au public ou aux communautés concernées depuis 2015. C’est inadmissible.
Une chose est claire, en revanche. Chaque fois que des chercheurs indépendants comme Nina Green ont entrepris de telles recherches à leurs frais, la plupart de ces informations étaient rapidement trouvées. Elles étaient « enterrées » au fin fond des archives fédérales et provinciales et accessibles au public. Quant aux restes physiques des élèves, ils étaient presque toujours enterrés dans les cimetières dédiés aux bandes indiennes.
D’autres recherches ont montré que les « élèves qui ne sont jamais revenus » de leurs pensionnats étaient souvent renvoyés chez eux lorsqu’ils étaient en phase terminale. S’ils mouraient à l’infirmerie de l’école, leur dépouille était transportée dans leur réserve chaque fois que c’était possible. Et s’ils mouraient dans un hôpital voisin, ils étaient souvent enterrés sur son terrain ou dans un cimetière voisin s’ils ne pouvaient pas être renvoyés chez eux.
Mais la meilleure preuve qu’il n’y a pas d’enfants disparus provient des dossiers des CVR/CNVR et de notre compréhension des pratiques funéraires traditionnelles autochtones. Sur les 89 enfants de Holy Angels commémorés, seuls 14 (16%) sont morts il y a moins de 80 ans. Le dernier élève est mort en 1953, il y a 69 ans. Comme la plupart des peuples, alphabétisés ou non, les groupes ethniques Chippewa/Ojibway/Métis/Cris dont les enfants ont fréquenté Holy Angels n’ont pas conservé de généalogies détaillées sur plusieurs générations. Si on ajoute à cela la négligence généralisée des cimetières de réserve existants, remplis de bornes en bois décomposées depuis longtemps et jamais remplacées, on comprend mieux pourquoi aucun membre de la bande ne recherche par tous les moyens des ancêtres disparus, morts il y a plus de soixante-dix ans.
En résumé, il n’existe aucune preuve qu’un élève figurant sur les archives de Holy Angels ou de tout autre IRS n’ait pas été enterré de manière appropriée ou que son certificat de décès n’ait pas été signé par les autorités compétentes. Il n’y a pas non plus de preuve qu’un seul enfant ait été assassiné et jeté dans une tombe non marquée en pleine nuit dans un IRS soutenu par le gouvernement au cours des 113 années de fonctionnement de ces écoles.
Hymie Rubenstein est l’éditeur du REAL Indian Residential Schools Newsletter, et professeur émérite d’anthropologie à l’université du Manitoba.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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