À Elbeuf, des infirmières dénoncent la distribution « à tour de bras » de PV par la police municipale alors qu’elles sont en train de travailler.
Face aux véhicules mal garés, en double file, sur le trottoir, et autres gênes du quotidien, la M Mairie d’Elbeuf a prévenu sur son site internet : « Une politique de tolérance zéro sera appliquée aux nuisances quotidiennes. » Ainsi, dix agents municipaux de la police municipale ont pour mission de remplir des contraventions lorsqu’ils constatent une quelconque nuisance.
Problème, selon Élise (prénom modifié), une infirmière remplaçante, la tolérance zéro est plus que scrupuleusement respectée. Elle prend en exemple sa journée du samedi 23 janvier : entre deux patients, elle s’est arrêtée à la pharmacie Saint-Jean pour récupérer du matériel. « Je devais notamment perfuser un patient dans l’après-midi », explique-t-elle.
Mais, jour de marché, elle se gare sur le trottoir et reçoit une contravention le temps de chercher son matériel. « J’avais des médicaments, des pilules plein les bras, je voyais à peine devant moi. Quand je suis arrivée à mon véhicule, il y avait des agents de la police municipale qui étaient en train d’inspecter ma voiture », déplore-t-elle, selon 76Actu.
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— 76actu (@76actu) February 6, 2021
Sur place, les fonctionnaires lui montrent qu’elle a un pneu lisse et lui font remarquer qu’elle est stationnée sur le trottoir. De plus, Élise a oublié sa carte grise chez elle. Les agents appellent alors la fourrière, malgré ses protestations et son caducée d’infirmière : « J’avais toute une tournée à faire dans la journée. Des patients m’attendaient, certains pour des soins qui ne pouvaient attendre. »
Voyant la fourrière arriver, Élise s’est dépêchée de prendre un maximum de matériel de sa voiture : « Lorsqu’on est infirmière, notre coffre est notre bureau. » Atterrée, elle ne peut que regarder son véhicule partir. Ce jour-là, une amie qui travaille dans un autre cabinet a pu lui donner un coup de main. Mais « pendant trois jours je n’ai pas eu accès à mon véhicule, où il y avait tout mon matériel », dénonce-t-elle.
« Avec le contexte sanitaire et la fatigue accumulée, ainsi que les risques que nous prenons chaque jour pour venir en aide à des personnes atteintes du Covid-19, je suis vraiment fatiguée et indignée », déplore-t-elle. En attendant, le PV est bien là, et d’autres s’enchaînent et s’accumulent.
Un cas qui n’est pas du tout isolé, puisque plusieurs autres infirmières d’Elbeuf ont fait part d’histoires similaires.
C’est le cas également de Françoise (prénom modifié), qui travaille en tant qu’infirmière libérale depuis de nombreuses années dans l’agglomération d’Elbeuf. En pleine tournée : « J’étais dans ma voiture, arrêtée sur le trottoir avec mes warnings. J’attendais le chargement de la pharmacie. À ce moment, je vois un policier municipal qui toque à ma fenêtre et qui me dit qu’il vient de me verbaliser ! »
« Je ne gênais personne. J’aurais pu partir à tout moment. Je lui ai montré mon caducée, ma carte professionnelle… Pour moi, c’est de l’abus. D’autant plus que j’attendais un chargement lourd. C’était humiliant et il y avait du mépris. » Selon elle, « il manque du bon sens dans l’organisation de la police municipale ».
« Avec 50 patients par jour, on ne peut pas perdre de temps. On doit se garer au plus près », a expliqué Françoise, qui a également précisé : « J’ai reçu plusieurs PV dans l’année à Elbeuf. Mais je n’ai jamais eu la moindre amende dans les communes de Saint-Pierre et de Caudebec ».
Mais pour Thomas Caillot, élu à la mairie d’Elbeuf : les agents municipaux respectent les consignes – la tolérance zéro. « On ne va pas faire de passe-droit. Nous sommes garants du bon fonctionnement de la ville. Une voiture sur un trottoir peut gêner des poussettes par exemple », a-t-il déclaré.
Néanmoins, Thomas Caillot a assuré qu’il souhaitait trouver une solution pour que « tout le monde puisse travailler ». Il concède également qu’il y a peut-être « un manque de places siglées livraison à Elbeuf ». Il s’est dit prêt à se pencher sur la question. En attendant : « Les policiers municipaux appliquent le droit. On ne peut pas parler de PV abusif, car les fautes existent. »
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