Le 19 mars, le gouvernement suisse a publié sa première stratégie sur la Chine qui définit sa politique envers ce pays pour la période 2021-2024 et critique les violations des droits de l’homme commises par le régime chinois.
Ce document a attiré les foudres de Pékin qui a attaqué la position du gouvernement suisse par l’intermédiaire de son ambassade le 22 mars dernier. La porte-parole du Conseil d’État chinois a également reproché aux Suisses de parler du point de vue de leurs propres valeurs.
Ignazio Cassis, le ministre suisse des Affaires étrangères, a présenté cette stratégie à Berne, la capitale de la Suisse. Selon le site d’information Swissinfo, il a déclaré que le dialogue sur les droits de l’homme et les intérêts commerciaux sont deux questions essentielles dans les relations sino-suisses. Il a également précisé que la Suisse espère avoir une politique indépendante envers la Chine en tenant compte qu’il existe de profondes divergences de valeurs entre les deux pays.
Le ministre suisse a souligné que le dialogue sur les droits de l’homme reste une question essentielle pour la Suisse.
« Ce qui est nouveau, c’est que les droits de l’homme seront abordés pour tous les accords bilatéraux », a-t-il déclaré, constatant que « la volonté de la Chine d’avoir un dialogue sur les droits de l’homme a diminué, alors que la situation des droits de l’homme dans ce pays a empiré ».
Ignazio Cassis a également critiqué le régime du Parti communiste chinois pour son empiètement des libertés à Hong Kong et la violation des droits des minorités, en particulier le traitement des Ouïghours dans la région du Xinjiang.
Il a expliqué que la Suisse est prête à poursuivre son dialogue avec la Chine sur les droits de l’homme – qui s’est arrêté en 2018 – car « mieux vaut un dialogue compliqué que pas de dialogue du tout ».
Le 21 mars, M. Cassis a déclaré au journal suisse NZZ am Sonntag que la Suisse serait à l’avenir plus critique sur les questions des droits de l’homme en Chine, confirmant un changement dans sa politique. Selon Swissinfo, il a affirmé que traiter ces questions n’était plus une tâche exclusive du ministère des Affaires étrangères, mais de l’ensemble du gouvernement suisse.
Le ministre a indiqué aux journalistes que les relations avec la Chine dans d’autres domaines que ceux couverts par son ministère concernent également les droits de l’homme, car « les cantons, les villes, la science et le secteur des affaires peuvent également contribuer à la protection des droits fondamentaux ».
« Avec l’implication de tous les acteurs, nous espérons avoir une plus grande force de persuasion sur la question des droits de l’homme », a-t-il poursuivi.
Hua Chunying, la porte-parole du Conseil d’État chinois, a exprimé son mécontentement à l’égard de la décision de la Suisse lors d’une conférence de presse du 22 mars, qualifiant ses déclarations au sujet des droits de l’homme, du système politique et des politiques ethniques de la Chine « d’accusations sans fondement ».
Elle a martelé que « la Chine s’y oppose fermement » et ne se laissera pas sermonner par un « professeur de droits de l’homme ». Elle a également menacé que le fait d’aborder de telles questions ne contribuerait pas au « développement sain des relations sino-suisses ».
La publication par la Suisse de sa stratégie sur la Chine a coïncidé avec les nouvelles sanctions contre l’État-parti chinois qui ont été introduites ces derniers jours par les États-Unis, le Canada et l’Union européenne en raison des violations des droits de la minorité ouïghoure au Xinjiang.
La Suisse, un pays qui revendique la neutralité, a été critiquée l’année dernière par les organisations de défense des droits de l’homme et les médias internationaux pour avoir conclu un accord secret avec le régime chinois. Cet accord permettait aux agents de la sécurité chinoise d’opérer librement en Suisse – enlever et harceler des dissidents chinois et interférer avec les tentatives des dissidents de demander l’asile dans ce pays.
Le ministre suisse des Affaires étrangères a déclaré que cet accord secret, signé en 2015, n’était plus en vigueur.
Selon l’AFP, en 2015, le ministère suisse des Affaires étrangères a admis qu’en raison de la neutralité de la Suisse et de sa politique de secret bancaire, des milliers de personnalités politiques du monde entier – dont des chefs d’État et d’autres hauts responsables – détenaient des comptes dans les banques suisses où ils pouvaient garder secrètement leur argent.
On pense que de nombreux responsables communistes chinois et membres de leurs familles en font partie. La fille de l’ancien Premier ministre chinois Li Peng a été citée par les médias comme l’une de ceux qui détiennent des comptes suisses secrets.
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