Le président américain Joe Biden et l’ancien président Donald Trump se sont affrontés, en présentant des visions très différentes du passé et de l’avenir, lors de leur premier débat présidentiel de 2024.
Le 27 juin, les deux candidats à la présidence américaine se sont affrontés pendant 90 minutes, ponctuées de deux brèves pauses publicitaires, dans un studio de télévision à Atlanta.
Les modérateurs de CNN, Jake Tapper et Dana Bash, ont mené le débat selon des règles strictes, acceptées par les deux campagnes. Aucun public, téléprompteur, note ou membre du personnel n’était autorisé dans le studio. Les règles comprenaient des limites de temps strictes pour chaque réponse et réfutation, que les candidats ont largement respectées.
Joe Biden est entré en premier dans le studio, suivi par Donald Trump, qui s’est mis sur un podium identique à 2,5 mètres de distance de son rival. Les candidats ont échangé des regards, mais ne se sont pas serré la main.
Un tel cadre a permis aux deux candidats de faire preuve d’une plus grande retenue. Malgré quelques attaques personnelles, ils ont surtout abordé des questions de politique générale, chacun vantant ses propres réalisations tout en dénigrant le bilan de son adversaire.
Joe Biden a déclaré qu’il avait hérité d’un pays en proie au chaos lorsque l’ancien président avait quitté ses fonctions. Donald Trump a affirmé que l’économie, les frontières américaines et l’ordre mondial étaient tous intacts sous son mandat, mais qu’ils s’étaient désintégrés sous la direction de Biden.
L’ancien président a critiqué son adversaire le plus durement sur la situation à la frontière sud des États-Unis, liant presque toutes les questions, de la criminalité à la sécurité sociale, à l’immigration illégale. Le président Biden a concentré sa critique sur les questions des affaires étrangères et de l’avortement, tout en essayant de présenter les positions de Trump comme extrêmes et dangereuses.
Frontières
Alors que Joe Biden a déclaré que son récent décret avait permis de réduire de 40 % le nombre de personnes franchissant illégalement la frontière sud des États-Unis, l’ancien président républicain a contesté cette affirmation et a critiqué le président démocrate sortant pour sa politique de « frontières ouvertes », à laquelle il a attribué plusieurs meurtres récents qui seraient commis par des immigrés clandestins.
En réponse, Joe Biden a affirmé que l’augmentation de l’immigration est la raison pour laquelle les États-Unis ont la croissance économique la plus rapide au monde.
Avortement
Donald Trump, interrogé sur son intention d’interdire le médicament mifépristone, couramment utilisé pour provoquer l’avortement, a répondu par la négative.
« La Cour suprême vient d’approuver le projet de loi sur l’avortement, et je suis d’accord avec leur décision, et je ne la bloquerai pas », a-t-il dit, en ajoutant que l’annulation par la Cour suprême de l’arrêt Roe vs Wade renvoyait la question de l’accès à l’IVG aux États américains, où il estimait qu’elle devrait être traitée.
Joe Biden n’était pas du tout d’accord, estimant que cela équivaut à l’idée que chaque État doit prendre sa propre décision en matière de droits civils. « Aucun politicien ne devrait prendre cette décision, c’est un médecin qui devrait le faire », a-t-il lancé. « Et si je suis élu, je rétablirai l’arrêt Roe vs Wade. »
Ukraine
Donald Trump a été pressé de dire s’il accepterait les conditions du règlement de la guerre en Ukraine proposées par le président russe. Vladimir Poutine a proposé un cessez-le-feu en cas d’annexion formelle par la Russie de quatre régions de l’Ukraine et de son renoncement à la demande d’adhésion à l’OTAN.
Le candidat républicain a déclaré que les termes de cet accord potentiel n’étaient « pas acceptables ». Il a également répété qu’il mettrait rapidement fin à la guerre en Ukraine s’il était élu : « En tant que président élu, avant que je ne prenne mes fonctions le 20 janvier [2025], je réglerai cette guerre. »
Joe Biden a rétorqué que Vladimir Poutine avait l’intention de rétablir l’empire soviétique et qu’il ne se contenterait pas d’une victoire partielle en Ukraine. « Aucune guerre majeure en Europe n’a jamais pu être contenue uniquement en Europe », a-t-il noté.
Questions difficiles
Les deux candidats ont dû répondre à des questions difficiles concernant leur aptitude à exercer les fonctions présidentielles. Interrogé sur son âge et sa capacité à assumer les rigueurs de la présidence à l’âge avancé de 80 ans, Joe Biden a mis en avant son bilan présidentiel. « Regardez ce que j’ai fait. Regardez, j’ai redressé la situation horrible qu’il m’a laissée », a-t-il lancé, vantant son bilan en matière de création d’emplois, en particulier dans le secteur manufacturier.
Son adversaire républicain a fait valoir qu’un grand nombre de ces emplois étaient des postes de « rebond » récupérés après les pertes d’emplois rapides et brutales lors de la pandémie du Covid-19. Il a affirmé que le reste allait aux immigrés illégaux.
Donald Trump, interrogé sur son rôle dans l’assaut contre le Capitole des États-Unis le 6 janvier 2022, a souligné qu’il avait demandé à ses partisans de se comporter « pacifiquement et patriotiquement » ce jour-là, et a ajouté que Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants de l’époque, avait par la suite assumé la responsabilité du manque de sécurité au Capitole.
Lorsqu’on lui a demandé s’il accepterait le résultat de l’élection à venir, Trump a répondu : « Absolument, si c’est une élection juste, légale et correcte. »
Performance
Si les deux hommes ont fait valoir des points forts en matière de politique, Donald Trump s’est présenté comme le candidat le plus fort, selon plusieurs analystes, tandis que son adversaire a parfois trébuché sur les mots et, à un moment donné, a semblé perdre le fil de sa pensée.
« Je pense que [les électeurs indécis] sont probablement sortis de ce débat en voyant un candidat qui était un leader plus fort qu’un autre qui était vraiment inarticulé », a indiqué à Epoch Times Jimmy Lee de Susquehanna Polling.
Matthew Wilson, professeur de sciences politiques à la Southern Methodist University, a déclaré que l’ancien président avait remporté la soirée non pas grâce à sa propre présentation, mais grâce à la piètre performance de son adversaire.
« Trump n’était que Trump. Il n’était ni meilleur ni pire que d’habitude », a-t-il commenté à Epoch Times. « Mais la performance de Biden était si mauvaise que Trump a remporté le débat par défaut. »
Après le débat, la vice-présidente Kamala Harris a reconnu que le président démocrate avait pris un « départ lent ». « Il y a eu un départ lent, mais il y a eu une fin forte », a-t-elle laissé entendre lors d’une interview sur CNN.
La campagne électorale de Joe Biden a indiqué qu’il souffrait d’un rhume, ce qui lui a donné une voix rauque tout au long du débat. Cependant, Joe Biden a déclaré lui-même aux journalistes après le débat : « Je pense que nous nous sommes bien débrouillés. »
D’après Christopher Bruce, directeur de la politique et de la défense à l’American Civil Liberties Union (ACLU) de Géorgie, la performance de Joe Biden « n’a pas vraiment suscité la confiance », bien qu’il se soit bien débrouillé à certains moments.
« Il y a eu des moments où Joe Biden a eu de très bonnes répliques et est revenu à la charge. Mais, à d’autres moments, il ne s’est pas montré sous son meilleur jour », a-t-il précisé à Epoch Times.
Donald Trump détenait une avance de 1,5 % dans une moyenne de sondages nationaux publiée par Real Clear Politics le 27 juin, bien que le sondage le plus récent du New York Times/Siena College indiquait une avance de 4 points.
Selon Jimmy Lee, le débat pourrait ne pas influencer cette situation de manière importante. « Je pense que la performance de Trump a été suffisamment forte pour l’aider à maintenir sa position dans les sondages », a-t-il expliqué. « Je ne pense pas que nous verrons des sondages montrant que Biden gagne du terrain. Je pense que les sondages stagneront ou montreront que Trump reste en tête. »
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.