Les Nations unies ont exprimé leur « grave préoccupation » après l’arrestation et la détention par les autorités tunisiennes d’un de ses fonctionnaires, Moncef Kartas, accusé d’« espionnage » par Tunis. De nationalité tunisienne, expert de la gouvernance sécuritaire et membre du panel d’experts du comité des sanctions sur la Libye, M. Kartas a été arrêté le 26 mars à son arrivée à Tunis et maintenu depuis en détention.
Jeudi, la justice tunisienne a annoncé avoir émis un mandat de dépôt contre M. Kartas et une autre personne non identifiée et avoir ordonné l’ouverture d’une enquête sur « l’acquisition d’informations sécuritaires liées à la lutte contre le terrorisme et la diffusion de ces informations en violation de la loi ».
« L’arrestation et la détention par les autorités tunisiennes de Moncef Kartas alors qu’il remplissait ses fonctions officielles en tant que membre du panel d’experts du comité des sanctions sur la Libye font l’objet d’une grave préoccupation » de l’ONU, a déclaré le porte-parole de l’organisation Stéphane Dujarric. « La poursuite de la détention de M. Kartas viole les privilèges et l’immunité dont il bénéficie comme expert de l’ONU », a dit le porte-parole dans un communiqué publié dans la nuit de vendredi à samedi.
« Nous avons engagé depuis le 29 mars des contacts avec les autorités tunisiennes pour connaître les raisons de son interpellation et leur avons demandé de partager avec l’ONU les informations en leur possession, mais nous sommes très préoccupés par le fait qu’à ce jour, le gouvernement tunisien n’a fourni aucune réponse adéquate », a dit le porte-parole. En mars, les autorités tunisiennes avaient indiqué que M. Kartas était soupçonné « d’espionnage au profit de parties étrangères », sans les identifier.
« Des documents secrets contenant des données détaillées sensibles susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale ont été saisis, ainsi que des équipements technologiques interdits dans notre pays, qui peuvent être utilisés pour brouiller ou intercepter des communications », avait alors indiqué le ministère tunisien de l’Intérieur. L’ONG Human Rights Watch avait appelé Tunis à « expliquer immédiatement cette arrestation choquante de M. Kartas » et à « lui permettre d’avoir accès à un avocat », rappelant que la Tunisie est dans « l’obligation de coopérer avec les enquêtes du comité » d’experts de l’ONU.
D.C avec AFP
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