Six membres des forces de l’ordre ont été tués dimanche dans le nord-ouest de la Tunisie dans un attentat revendiqué par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi).
Une cérémonie d’hommage aux victimes était prévue lundi à 08H00 (07H00 GMT) du matin près de Tunis.
Cette attaque, la plus meurtrière depuis deux ans, intervient alors que la Tunisie, secouée par une crise politique, espère vivre cette année une très bonne saison touristique à la faveur de l’amélioration de la sécurité qui a permis le retour en force des tour-opérateurs.
Six agents de la Garde nationale ont été tués et trois blessés lorsque leur voiture a été attaquée dimanche matin avec un engin explosif artisanal près de la frontière avec l’Algérie, dans le secteur de Ain Sultan dans la province de Jendouba, a indiqué le ministère de l’Intérieur.
Un porte-parole du ministère, le général Sofiene al-Zaq, a qualifié l’attaque de « terroriste ».
Il a ajouté que des assaillants « ont ouvert le feu sur les forces de sécurité » après l’explosion, et que des « opérations de recherche des terroristes » étaient en cours avec l’aide de l’armée.
Attaque revendiquée
Dans la nuit de dimanche à lundi, la branche tunisienne du groupe jihadiste Aqmi, Okba ibn Nafaa, a revendiqué l’attaque, affirmant avoir saisi plusieurs armes de la patrouille visée.
Aqmi et Jund al-Khilafa, affilié au groupe terroriste État islamique (EI), sont implantés dans cette zone frontalière montagneuse.
« Nous sommes conscients du fait que la guerre contre le terrorisme sera longue », a déclaré sur place le ministre de l’Intérieur par intérim, Ghazi Jeribi. « Nous irons jusque dans les repaires (des combattants) et nous vengerons le peuple tunisien », a-t-il poursuivi.
La France solidaire avec la Tunisie
Cette attaque risque d’accentuer la crise politique profonde que traverse la Tunisie, où le Premier ministre Youssef Chahed, qui a récemment limogé son ministre de l’Intérieur, fait face à une offensive venue de son propre camp.
Des heurts ont régulièrement lieu à la frontière algérienne mais c’est la première fois depuis plus de deux ans que les forces de l’ordre essuient de telles pertes.
À Alger, le ministère des Affaires étrangères a « condamné avec force l’attaque terroriste ». L’Union européenne, présentant ses condoléances, a assuré son « plein soutien » à la Tunisie.
La France « se tient résolument aux côtés de la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme et face à toute tentative de porter atteinte à ce pays ami, à sa sécurité et à la vitalité de sa démocratie », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.
La dernière attaque de grande ampleur en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque des jihadistes avaient lancé des opérations coordonnées contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, près de la frontière avec la Libye, entraînant la mort de 13 membres des forces de l’ordre et de sept civils.
En avril, un soldat avait été tué par balles lors de heurts avec des islamistes armés dans la région montagneuse de Kasserine (centre-ouest).
En mars, un homme avait déclenché sa charge explosive alors qu’il était poursuivi par les forces de l’ordre dans la région de Ben Guerdane.
« La vaste majorité de la Tunisie reste sûre »
Après sa révolution de 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de civils et de touristes étrangers.
Même si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, le pays reste sous état d’urgence depuis l’attentat suicide commis en plein Tunis contre la sécurité présidentielle (12 agents tués), en novembre 2015.
Les forces de sécurité et des observateurs estiment que les principaux groupes armés sont actuellement très affaiblis et déstructurés. Mais des incidents isolés perdurent, notamment dans les maquis du nord-ouest.
Depuis la chute du régime de Ben Ali en 2011, au moins « 118 soldats, membres de la Garde nationale et policiers ont été tués dans le nord-ouest, et plus de 200 blessés« , a souligné le chercheur Matt Herbert.
La majorité des membres des forces de l’ordre tués depuis la révolution l’ont été dans cette région, a-t-il relevé dans un rapport publié fin juin.
« Cette nouvelle attaque montre qu’il reste des poches où les problèmes de sécurité n’ont pas été résolus », a-t-il déclaré, tout en soulignant que « la vaste majorité de la Tunisie reste sûre ».
Pour venir véritablement à bout des groupes jihadistes, il faudrait, outre l’effort militaire, « une stratégie globale orientée vers la population (…) visant à résoudre les problèmes économiques et de gouvernance que ces groupes exploitent », estime M. Herbert, membre de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée.
D. S avec AFP
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