Constituée il y a un an par d’anciens membres d’un groupuscule d’ultradroite dissous, la Division Martel a pris fin mercredi : la dissolution de ce groupement a été prononcée en Conseil des ministres, suite aux actions violentes survenues fin novembre dans la Drôme.
Le ministre de l’Intérieur avait proposé le 28 novembre de dissoudre la Division Martel, au lendemain des incidents aux allures d’expédition punitive consécutifs à la mort du jeune Thomas à Crépol (Drôme).
Mercredi, Gérald Darmanin a confirmé sur X (ex-Twitter) qu’il avait été « dissous » en Conseil des ministres. « Ce groupuscule incite à la violence et à la haine raciale. Il n’a pas sa place dans notre République », a-t-il écrit.
Le groupement de fait « Division Martel » a été dissous ce matin en conseil des ministres, conformément aux instructions du Président de la République. Comme le détaille le décret que j’ai présenté, ce groupuscule incite à la violence et à la haine raciale. Il n’a pas sa place… pic.twitter.com/Y7ItFDcqgp
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) December 6, 2023
Lors de son annonce fin novembre, il avait également évoqué deux autres groupuscules d’ultradroite à dissoudre, sans les nommer. Leurs noms seront prochainement dévoilés et leur dissolution arrivera rapidement, a-t-on appris dans l’entourage du ministre.
Selon le décret de dissolution, la Division Martel, constituée durant le second semestre 2022 et comptant une trentaine de membres, prône un combat par la violence « contre les antifas et les personnes issues de l’immigration ou présumées musulmanes » et promeut « le recours à la violence pour favoriser l’avènement d’une suprématie nationaliste et xénophobe ».
« Les appels à la vengeance, les discours de haine »
« Le groupement propage des idées justifiant la discrimination et la haine envers les personnes étrangères ou les Français issus de l’immigration, notamment par leur assimilation à des délinquants ou des criminels », indique le décret, ajoutant que « cette idéologie se traduit par une recherche permanente de confrontation se matérialisant par l’organisation d’opérations punitives à l’encontre de ces personnes ».
À l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a déclaré : « les actions et les appels à la vengeance, les discours de haine de ces groupuscules constituent une menace grave, avérée à l’ordre public et l’État se montre intraitable. » « Il en va de la sécurité de nos concitoyens. Il en va également du maintien de notre État de droit », a poursuivi M. Véran, mentionnant certains membres comme « jeunes, parfois même très jeunes ».
Gérald Darmanin avait annoncé proposer la dissolution après la manifestation violente de militants à Romans-sur-Isère (Drôme) dans la nuit du 25 au 26 novembre. Ils s’étaient rendus dans le quartier de la Monnaie, d’où sont issus plusieurs des mis en cause dans la mort de Thomas, 16 ans, poignardé en marge d’un bal dans le village de Crépol. Leur but était d’en « découdre » avec ces jeunes, selon les autorités.
Ils ont été bloqués par les forces de l’ordre, qu’ils ont longuement affrontées, et six personnes ont été immédiatement condamnées par un tribunal correctionnel à des peines de six à dix mois de prison ferme. Une personne liée à la Division Martel « est soupçonnée d’avoir contribué à la coordination sur place » de cette manifestation violente, mentionne le décret. « Parce qu’elle a été ferme, la France a évité un scénario de petite guerre civile », avait assuré le ministre de l’Intérieur, estimant que la mort de Thomas, un « drame ignoble », ne devait pas « permettre que quelqu’un d’autre s’érige au nom de l’État pour faire justice ».
La Division Martel, connue pour un projet de violences dans les rues de Paris contre des supporters d’origine maghrébine en marge de la demi-finale du Mondial de foot France-Maroc (au Qatar) le 14 décembre 2022, a été impliquée dans l’agression d’un militant antifasciste le 11 mai et dans les mobilisations en septembre contre l’installation d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile à Saint-Brévin-les-Pins (Loire Atlantique).
D’abord appelé Légionnaires Paris, le groupuscule, présent essentiellement en Île-de-France et constitué entre autres d’anciens membres des Zouaves Paris, avait changé dernièrement de nom en référence à la bataille de Poitiers en 732 au cours de laquelle Charles Martel mit fin à l’invasion arabe, rapporte le décret.
Le gouvernement avait déjà dissous, entre mars 2021 et janvier 2022, trois groupuscules d’ultradroite : les Zouaves Paris, Génération identitaire et l’Alvarium. Les deux derniers avaient déposé des recours en annulation, rejetés par le conseil d’État.
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