« Une année épuisante moralement »: un an après le passage de la tempête Ciaran, Sandrine Gawron, maraîchère de 46 ans à Plougastel-Daoulas (Finistère), n’a toujours pas pu reconstruire ses serres. « On nous a rayés du paysage », dit-elle.
« Un an après, les tunnels (de culture) sont toujours au sol, voilà », lâche l’agricultrice en montrant son terrain en friche, où broutent sa chèvre et ses brebis, entre des armatures métalliques et des morceaux de bâches gisant au sol.
Emportés par des vents violents dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023, ces « tunnels froids » sont l’outil de travail de la maraîchère, son « gagne-pain » sans lequel elle ne peut cultiver l’essentiel de ses légumes.
« Normalement, au mois de décembre, ils auraient dû être remontés… je pensais que ça aurait été plus rapide quand même », avoue l’agricultrice bio.
« On n’est même plus oubliés. Ils nous ont carrément effacé »
Mais la « lourdeur exceptionnelle » des procédures administratives a été plus forte: il lui a fallu déposer un permis de construire et prendre un architecte « qui nous coûte 15.000 euros » pour bâtir des serres.
« Actuellement, on me demande, sur mes tunnels en plastique démontables, si j’ai un toit en ardoise ou en zinc dans mon permis de construire », ironise-t-elle. « On se rend compte qu’on nous a complètement rayés de la carte administrative, rayés du paysage agricole, que finalement les petits agriculteurs, ils n’existent plus », regrette l’agricultrice. « On n’est même plus oubliés. Ils nous ont carrément effacé. »
Malgré les ravages de Ciaran, Sandrine et son mari Fabrice ont pu, durant l’année écoulée, cultiver quelques légumes en plein champ, ou sous des tunnels prêtés par un collègue. « Mais on a fait essentiellement de l’achat-revente », en s’approvisionnant auprès d’une coopérative « pour pouvoir garder nos places de marché », explique-t-elle.
Une perte de « plus de 200.000 euros rien qu’en matériel »
Quant à l’aide à la trésorerie versée par l’État, elle s’est élevée à 7.000 euros pour une perte de « plus de 200.000 euros rien qu’en matériel », dit-elle.
« Comme on râlait un petit peu parce qu’on n’avait pas suffisamment », la mutualité sociale agricole leur a conseillé de s’inscrire au RSA, dit cette mère de trois garçons, âgés de 16 à 23 ans. « Donc, on touche le RSA pour une famille: 1.000 euros ». Depuis, « on nous envoie des courriers de convocation pour apprendre à faire un CV ou une lettre de motivation. Mais j’ai déjà un emploi: je suis mon propre patron », raconte la maraîchère, à qui l’administration a même demandé de faire un stage de 15 heures chez un éleveur de cochons, alors qu’elle travaille déjà « entre 50 et 70 heures par semaine ». Contactée par l’AFP, la MSA n’a pas répondu dans l’immédiat.
« On va mettre finalement un an et demi à se remettre après le passage de la tempête »
« C’est une année qui a été épuisante moralement. Moralement, pas physiquement », précise-t-elle, se réconfortant, malgré tout, du soutien des clients et des collègues de la Confédération paysanne.
La reconstruction des serres, sur un terrain « plus protégé » et entouré de haies, devrait commencer en novembre. Il s’agira d’une structure beaucoup plus résistante, une multi-chapelle « qui tient à peu près à 300 km/h », selon Mme Gawron. « Le clocher de Plougastel sera tombé avant ma serre! » Un investissement de plus de 200.000 euros, pris en charge à 65% par l’État. Mais le temps de raccorder l’eau et l’électricité, les maraîchers ne seront pas complètement opérationnels avant le printemps.
« On va mettre finalement un an et demi à se remettre après le passage de la tempête. Et ça, ce n’est pas du tout concevable pour un maraîcher », se désole-t-elle. « Pour pouvoir attendre ce temps-là, il faut avoir une trésorerie costaud. Imaginez les jeunes qui se sont installés au mois de juillet en maraîchage, qui ont monté leur tunnel, la tempête Ciaran est passée… Ben ils ont fait comment ? »
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