La mort tragique d’un garçon de 17 mois dans la ville de Yining le mois dernier a suscité l’indignation sur les médias sociaux chinois. Le père du garçon a accusé les hôpitaux locaux de négligence, et les internautes ont critiqué les autorités pour leurs confinements Covid‑19 trop stricts.
La ville de Yining, située dans la région occidentale du Xinjiang, était sous confinement total depuis le 30 juillet, date à laquelle les autorités ont signalé 10 cas asymptomatiques. Selon les messages en ligne de plusieurs habitants, la ville a confiné toutes les maisons résidentielles pour contenir la propagation du Covid, et les hôpitaux locaux ont cessé de traiter les enfants.
Le 12 septembre, les autorités sanitaires de Yining ont de nouveau signalé 10 cas asymptomatiques, selon le portail d’information chinois Sina.
Liu Long, un habitant de Yining, a perdu son enfant en bas âge durant le confinement. S’exprimant pour l’édition en langue chinoise d’Epoch Times le 10 septembre, il a déclaré vouloir obtenir justice pour son fils Xuyang.
« Le secrétaire adjoint du Parti est venu chez nous le 18 août, après que j’ai écrit en ligne sur la mort de mon fils. Il a dit qu’ils mèneraient une enquête si je retirais mon message. Mais plus de 20 jours se sont écoulés, et ça n’a pas bougé. Ont‑ils peur d’assumer la responsabilité ? Ou ont‑ils peur de perdre leur emploi ? »
M. Liu avait mis un post sur la mort de son fils. Le post a été retiré en trois minutes.
Les internautes ont critiqué les autorités locales et les hôpitaux pour ne pas avoir tenu compte de la vie d’un enfant. Pour le soutenir, ils ont reposté les autres commentaires de M. Liu sur des plateformes de médias sociaux plus importantes.
La tragédie
M. Liu a blâmé les hôpitaux locaux pour leur négligence et l’incapacité dont ils ont fait preuve pour sauver son fils.
« Le confinement à domicile a commencé le 1er août. Nous sommes enfermés depuis. Je vis dans une maison avec une cour, qui a été bloquée de l’extérieur [par les autorités locales] », a‑t‑il déclaré pour Epoch Times.
Son fils Xuyang présentait des symptômes d’indigestion depuis deux ou trois jours, mais il mangeait comme d’habitude et n’avait pas de fièvre.
Mais à 3 h 10 du matin, le 16 août, le garçon a commencé à se sentir mal. Il était faible et n’avait pas le moral.
« J’ai immédiatement appelé le centre des urgences, mais ils m’ont dit qu’aucun des hôpitaux ne pouvait traiter les patients. Ils m’ont demandé de tenter ma chance en appelant d’autres hôpitaux. »
Dans chaque ville, un « centre des urgences » est administré par un « comité de santé local ». Le comité est chargé de recevoir les appels d’urgence médicale et de coordonner l’envoi d’ambulances pour transporter les patients vers les hôpitaux les plus proches.
M. Liu a appelé presque tous les grands hôpitaux de la ville. « Les appels sont restés sans réponse, ou le numéro était inactif, ou les hôpitaux ne traitaient pas les enfants. »
Il n’a pas eu d’autre choix que d’appeler la police, qui est finalement arrivée avec le secrétaire du « comité communautaire ».
Cependant, ils ne lui ont proposé aucune aide. M. Liu a ensuite rappelé le centre des urgences devant la police et le secrétaire, mais le centre a insisté pour qu’il contacte lui‑même les hôpitaux.
Dans une tentative désespérée, M. Liu a emmené son fils au centre médical le plus proche, à cinq minutes de route de chez lui.
« J’ai vu que l’état du bébé s’aggravait et je me suis précipité dans la voiture du comité communautaire avec le bébé et j’ai forcé le chauffeur à nous emmener à l’hôpital le plus proche. »
À leur arrivée, l’hôpital leur a demandé des tests PCR négatifs avant d’admettre Xuyang.
« J’ai simplement couru dans leur chambre et j’ai mis mon bébé sur le chariot de premiers secours, mais le personnel médical à mes côtés n’arrêtait pas de me dire : ‘Allez payer les frais, allez payez, payez, payez !’ »
Puis, à 5 h 05 du matin le même jour, l’hôpital a annoncé que le garçon était mort d’un « choc septique ».
« L’hôpital a dit que si j’étais arrivé 10 minutes plus tôt, les choses auraient été totalement différentes pour le bébé », a‑t‑il dit en pleurant.
Le salon funéraire local était fermé en raison du confinement, et l’hôpital a rejeté la demande de M. Liu d’utiliser sa morgue. Il s’est donc assis devant le portail de l’hôpital, le corps de son fils dans les bras, et a attendu pendant trois heures que le véhicule du crématorium vienne les chercher.
« Le crématorium m’a dit que l’enfant était trop petit pour avoir des cendres. De 3 heures du matin à 9 heures, de la réanimation à la crémation, seulement six petites heures, et mon bébé est parti pour toujours. »
Un autre parent dont l’enfant est décédé d’une maladie pendant le confinement a conseiller en ligne via un post « d’appeler directement la police », car « aucun des hôpitaux de Yining n’accepte les enfants pour un traitement d’urgence », selon China Digital Times.
Epoch Times a contacté l’hôpital populaire de Yining et le comité municipal de santé de Yining pour une demande de commentaire les 10 et 12 septembre.
La maman bloquée dans une autre ville à cause du confinement
La mère du garçon vit et travaille actuellement à Shenzhen, ville du sud de la Chine limitrophe de Hong Kong. Elle n’a pas pu rentrer chez elle pour être auprès de son fils en raison des mesures strictes de confinement de Yining. La nouvelle l’a dévastée.
« J’ai 30 ans maintenant. Si ma femme revient, elle va divorcer. Elle ne peut pas revenir maintenant à cause des mesures de confinement du Xinjiang », a déclaré M. Liu. « Elle m’a appelé, disant qu’elle m’avait laissé le bébé en bonne santé il y a moins de deux mois. Elle ne pouvait pas l’accepter. »
Le père de M. Liu, âgé de 76 ans, a beaucoup pleuré en apprenant la mort du garçon. Ils n’ont pas partagé la nouvelle tragique avec la grand‑mère de Xuyang en raison de sa mauvaise santé.
La censure
China Digital Times, est un média indépendant basé à Berkeley, en Californie. Le média a conservé certains messages d’habitants de Yining demandant de l’aide avant que les autorités ne les suppriment.
M. Liu a publié des messages sur les médias sociaux chinois en août et septembre, et deux d’entre eux ont été archivés par China Digital Times.
M. Liu a publié son premier message dans la soirée du 16 août, après l’incinération de son fils, pour exprimer ses reproches. Son message a été supprimé en quelques minutes.
Il a de nouveau posté le 17 août, le 8 septembre et le 9 septembre, avec des photos de Xuyang et le certificat de décès délivré par l’hôpital.
Son dernier message, bien qu’il n’ait pas été supprimé, n’a pas pu être reposté.
L’indignation en ligne
Les internautes chinois ont voulu aider M. Liu en commentant, postant et repostant ses messages. Certains ont dénoncé les confinements draconiens.
Voici deux commentaires des internautes :
« Il [Xuyang] était si adorable et si innocent ! Comment une vie aussi jeune peut‑elle devenir une victime de la prétendue pandémie ? Comment pouvons‑nous protéger les enfants nés dans un environnement aussi sombre jusqu’à ce qu’ils grandissent en toute sécurité ? Je commence maintenant à regretter d’avoir donné naissance à mon bébé ! J’ai peur de ne pas pouvoir le protéger !!! »
« C’est un mépris total pour la vie humaine ! »
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.