La Maison Blanche a nommé David Malpass, 62 ans, comme candidat au poste de président de la Banque mondiale, un choix controversé s’agissant de ce proche de Donald Trump connu pour ses critiques acerbes des institutions internationales.
David Malpass est « la personne idoine pour occuper ce poste incroyablement important », « il ne pouvait pas y avoir meilleur candidat », a estimé Donald Trump alors que cette nomination a suscité des critiques avant même son officialisation. Le nom de ce responsable du Trésor américain, chargé des affaires internationales, avait émergé dès l’annonce début janvier de la démission de Jim Yong Kim, qui a rejoint le secteur privé.
Le poste de président de la Banque mondiale est traditionnellement attribué à un Américain selon un partage des rôles tacite qui veut que la direction de l’autre institution de Washington, le Fonds monétaire international (FMI), revienne à un Européen. Il faudrait ainsi un front uni inédit pour empêcher David Malpass d’accéder à la tête de la Banque mondiale.
« C’est un grand honneur », a réagi M. Malpass, soulignant son souhait de poursuivre les efforts pour mieux intégrer les femmes dans l’économie et de recentrer la mission de la Banque mondiale sur les plus pauvres. L’administration Trump a estimé qu’il n’y avait pas de raison de remettre en cause le profil de David Malpass qui a une longue expérience des affaires internationales, citant ses participations aux réunions des groupes G7 et G20.
Pour l’heure, les autres candidats représentant d’autres Etats membres n’ont pas été révélés.
La Banque mondiale, dont la vocation est de réduire la pauvreté dans le monde en finançant des projets de développement, lancera officiellement les candidatures jeudi. Les prétendants auront jusqu’au 14 mars pour déposer leur dossier avant une décision d’ici mi-avril.
L’institution de Washington a assuré qu’elle s’engageait à assurer « un processus de sélection transparent, ouvert et basé sur le mérite », promettant de sélectionner un président sur des critères objectifs: solide expérience de dirigeant, expérience de direction d’une grande organisation internationale ou encore le sens de la diplomatie et de l’impartialité.
Pourtant, depuis sa création en 1944, la nationalité a été déterminante dans le choix final.
Alors que David Malpass n’a pas hésité à critiquer publiquement, en 2017, les institutions internationales, les jugeant dépensières, « pas très efficaces » et « souvent corrompues dans leurs pratiques de prêts », un haut responsable américain a balayé mercredi les critiques selon lesquelles il serait hostile au multilatéralisme.
« David (Malpass) et le gouvernement américain soutiennent, ces organisations quand elles remplissent pleinement leur mission et travaillent de manière efficace », a réagi ce responsable sous couvert d’anonymat, soulignant l’objectif d’apporter une aide aux pays en voie de développement « de manière plus efficace ».
« Parfois, cela nécessite des réformes », a-t-il commenté, relevant qu’il s’agirait précisément de la mission de M. Malpass s’il présidait la Banque mondiale. David Malpass lui a souligné que cette opinion remontait à 2017 et que depuis, la Banque mondiale avait adopté en 2018 des réformes qui vont dans le bon sens.
Donald Trump a rappelé que les Etats-Unis étaient les plus grands contributeurs de cette institution, « plus d’un milliard de dollars chaque année » et que son administration devait veiller à ce que les dollars des contribuables soient dépensés « intelligemment ».
David Malpass s’est, lui, ainsi interrogé sur la pertinence d’octroyer des prêts à la Chine, seconde économie mondiale.« Il ne fait aucun sens que des pays à plus hauts revenus obtiennent des ressources de la banque quand des pays plus pauvres pourraient en faire un meilleur usage », a-t-il argué. Il a souligné qu’il veillerait à ce que cette pratique change.
De nombreux économistes, dont le Nobel d’économie Paul Krugman, ont décrié le candidat, rappelant ses erreurs de jugement passées. David Malpass a notamment publié en 2007, peu avant l’éclatement de la crise immobilière, une tribune dans le Wall Street Journal assurant que « le marché immobilier et l’endettement ne jouent pas un rôle si important que cela dans l’économie américaine ».
« Le reste du monde détient 84% des droits de vote à la Banque mondiale. C’est entièrement à leur portée de bloquer cette nomination inappropriée », a exhorté Scott Morris, du centre de réflexion Center for global development.
Face aux Etats-Unis, les pays en voie de développement avancent pour le moment en ordre dispersé, bien que disposant de candidats de qualité tels que l’ancienne ministre indonésienne des Finances Sri Mulyani Indrawati et l’ancienne ministre nigériane des Finances Ngozi Okonjo-Iweala, déjà candidate en 2012. David Malpass, qui dit ne pas connaître le nom de ses concurrents, affirme « avoir déjà reçu de nombreuses marques de soutien » sans toutefois vouloir citer de pays.
D.C avec AFP
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