Huit ans après le succès de Tout ce qui brille (2010), coécrit et coréalisé avec Géraldine Nakache, Hervé Mimran revient seul cette fois-ci avec la comédie dramatique Un homme pressé. Le film est inspiré du livre J’étais un homme pressé, de Christian Streiff, l’ex grand patron de PSA Peugeot Citroën victime d’un AVC.
Le film est donc inspiré de l’histoire vraie de cet homme brillant et très très occupé qui se retrouve à l’hôpital après un accident vasculaire cérébral (AVC) qui touche la zone du langage et de la mémoire. Il doit recommencer sa vie à zéro. Et pour cet homme invincible c’est l’histoire de sa renaissance, l’histoire d’une deuxième chance.
Fabrice Luchini est Alain. C’est le directeur surdoué et éloquent d’une grande industrie automobile. Il consacre sa vie à son travail. Il n’a ni le temps, ni la patience pour les autres, ni pour sa famille, ni pour lui même, d’ailleurs. Il doit poursuivre son ascension tourbillonnante vers toujours un autre sommet. Plein de lui-même et de sa fonction, il ne dit jamais merci. Il n’a pas le temps pour les émotions, pas le temps pour les faiblesses. Hélas, il n’a pas non plus le temps pour écouter son propre corps qui lui envoie des signaux d’alerte qui lui demandent précisément d’arrêter sa course frénétique.
Un homme brillant et convaincant dont l’arme fatale est l’esprit et la parole – mais l’AVC, qui laisse son corps intact, impacte sa mémoire et sa capacités d’expression. Des troubles qui produisent des scènes cocasses interprétées par un Fabrice Luchini très en forme. Un rôle réécrit « sur mesure ».
Mais ce casting s’avère être une épée à double tranchant. Car Fabrice Luchini qui porte le film, joue Fabrice Luchini qui joue le rôle des deux Alain. Exempt de méchanceté, avec ses grands yeux étonnés d’être là, son visage illuminé et ses yeux bleus, il nous attendrit et nous fait rire. Parlant le verlan ou faisant des lapsus, son éloquence inversée est incontestablement magistrale. Il ne cache pas qu’il s’amuse beaucoup dans son rôle, on l’adore mais son personnage reste toujours derrière lui. Eh oui, comme Gabin, Bourvil, Belmondo, Galabru et encore bien d’autres avant lui, Luchini fait du Luchini.
La rééducation d’Alain est prise en charge par Jeanne incarnée par Leïla Bekhti (César du meilleur espoir féminin pour Tout ce qui brille), une jeune orthophoniste à la fois autoritaire et compatissante. Comme Alain, Jeanne abandonnée par sa propre mère, cherche elle aussi sa place dans le monde. Ensemble ils vont apprendre à déployer leurs ailes.
Bien qu’Un homme pressé ait parfois des faux airs de téléfilm, il amène à réfléchir sur l’essentiel de la vie.
Au début Alain essaie de cacher son handicap. À l’aide de son orthophoniste il pense regagner sa vie d’antan, mais la réalité le surprend et il est mis sur la touche avec cette même logique d’efficacité dont il faisait preuve à l’égard de ses collaborateurs.
Contraint et forcé, Alain apprend à prendre son temps et à redécouvrir les petits plaisirs de la vie : s’asseoir au café du coin, parler gentiment au serveur, contempler les passants, lire le journal, aller au parc et profiter d’une brise sous les arbres, caresser son chien, faire enfin connaissance avec les gens qui l’aiment et sa fille en premier. Veuf, Alain n’a jamais eu le temps de s’occuper de sa fille Julia (Rebecca Marder) qui a tant besoin de lui.
Alain, un homme ambitieux et invincible décide de réaliser un vieux rêve. Après une dispute avec sa fille, seul il partira en pèlerinage sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est en empruntant ses routes magnifiques sous la pluie ou sous le soleil ardent, passant ses nuits dans une tente seul ou dans des auberges avec d’autres convives qu’il réapprendra à aimer la vie et les gens. C’est en passant par ce chemin qu’il se rachète pour retrouver au bout de la route sa fille qui lui pardonne.
Un film sympathique, drôle et agréable. À ne pas manquer pour les inconditionnels de Luchini.
Michal Bleibtreu Neeman
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