Le jockey français Flavien Prat se sent encore « sur la Lune » après avoir remporté samedi le Kentucky Derby, un monument des courses hippiques américaines, même si sa victoire sur tapis vert a suscité une énorme controverse.
« C’est la course que tout le monde rêve de gagner », dit-il à l’AFP. S’imposer sur l’hippodrome de Louisville, dans le Kentucky, « c’est comme gagner l’Arc, mieux même », ajoute-t-il en référence au mythique Prix de l’Arc de Triomphe à Longchamp. Le « Derby » est la première des trois épreuves de la Triple Couronne, avant les Preakness Stakes, le 18 mai à Baltimore, et les Belmont Stakes, le 8 juin près de New York.
Samedi, après deux minutes de course sous la pluie et 20 longues minutes de délibérations, les juges de la plus prestigieuse épreuve des Etats-Unis ont déclassé le premier à avoir franchi la ligne et grand favori, Maximum Security, pour avoir gêné plusieurs concurrents, et déclaré vainqueur le deuxième, Country House, monté par le Français.
« C’est un phénomène, ce jeune gars », affirme à l’AFP, en français, Derek Lawson, son agent depuis cinq ans. « Quand on voit ce qu’il a réussi à seulement 26 ans et cinq ans de carrière ». Né le 4 août 1992 à Melun, Flavien Prat est un pur produit du hippisme français. Son père, Frédéric, est entraîneur de trotteurs, mais lui préfère le galop et a depuis l’enfance l’« obsession » d’être jockey.
A 14 ans, il intègre l’internat de l’école des courses hippiques AFASEC à Gouvieux (Oise). Entre 17 et 23 ans, il passe la saison hivernale en Californie, avant de s’y installer définitivement en 2015. « Depuis l’internat, j’étais indépendant », raconte-t-il. « C’était facile de partir deux mois (aux Etats-Unis). J’ai tissé des liens, progressé en anglais. Je n’étais pas dans l’inconnu quand j’ai décidé de partir définitivement ». D’autant qu’en Californie, il « monte de meilleurs chevaux ».
Mais en 2015, il reste éloigné plusieurs mois des champs de course après une grave chute (plusieurs fractures, un pneumothorax). En 2016, il assiste dans les tribunes à son premier « Derby ». « Je n’avais jamais vu ça, autant de monde, la ferveur, le show à l’américaine », témoigne le lauréat de la 145e édition, dont le cheval, coté à 65 contre 1, était loin d’être favori.
Mais la disqualification du vainqueur sur réclamation, une première dans l’histoire de la célèbre course, a déclenché une vaste polémique, même si l’appel de l’écurie de Maximum Security a été rejeté. « Oui, il y a eu faute. Non, elle ne méritait pas une disqualification historique », a écrit le célèbre chroniqueur hippique Andy Beyer dans le Washington Post.
« Maximum Security n’a pas gêné Country House, qui a été un honnête deuxième, mais n’était pas de toute façon une menace pour la victoire », a renchéri USA Today, pour qui la Triple Couronne 2019 n’a désormais plus d’intérêt. Même le président Donald Trump s’est joint aux critiques. « Le meilleur cheval n’a PAS gagné le Kentucky Derby, même pas de peu », a-t-il tweeté dimanche, dénonçant une décision « politiquement correcte ».
« Flavien s’est fait incendier sur les réseaux sociaux, on le traite de pleurnichard, mais il y a eu deux réclamations », souligne son agent Derek Lawson, rappelant que le Français a aussi été victime de disqualifications dans sa carrière. Qu’importe pour Flavien Prat, qui rejoint au palmarès de l’épreuve son compatriote Jean Cruguet, vainqueur de la Triple Couronne en 1977. « Il y a d’autres courses à gagner et j’ai encore plein de choses à prouver », affirme-t-il.
Mais pour la Triple Couronne, ce ne sera pas sur Country House. Le pur-sang est forfait pour les Preakness Stakes en raison d’un virus, a indiqué mardi son entraîneur Bill Mott au quotidien spécialisé Daily Racing Form. Depuis cette annonce, Derek Lawson cherche un autre cheval pour que le Français puisse s’aligner. L’agent espère aussi que Donald Trump profitera de la présence du jockey dans la région de Washington pour « nous inviter afin qu’on puisse lui expliquer pourquoi il y a eu disqualification ».
D.C avec AFP
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