Un pacte républicain mais pas d’union nationale

21 décembre 2015 07:01 Mis à jour: 21 décembre 2015 00:06

Les résultats historiques du Front national le 13 décembre sont en train de bouleverser les clivages politiques traditionnels. Ils font émerger l’idée d’une recomposition politique gauche/droite pour barrer la route à l’extrême droite. Alors que sept Français sur dix se disent favorables à un rapprochement entre la gauche, la droite et le centre, les politiques se retrouvent devant une évidence : soit comprendre le message envoyé par les électeurs, soit risquer une nouvelle montée du FN aux prochaines élections.

Un pacte républicain contre le chômage

Dès le soir des élections du 13 décembre, un vent nouveau a soufflé sur la politique française. Xavier Bertrand et Christian Estrosi, élus face au Front national (FN) grâce aux voix de gauche, ont reconnu tous les deux l’importance du pacte républicain et sa conséquence dans leurs futures actions. Pour eux, le constat est clair : courir après les voix du FN dans le schéma du bipartisme actuel ne fait que le renforcer.

Interviewé par la Voix du Nord, Xavier Bertrand délimite le pacte républicain à la nécessité de l’intérêt général des Français : « Ce n’est pas parce que je vais aller voir Manuel Valls à Matignon que je vais sortir avec ma carte du Parti socialiste. […] En revanche, si le gouvernement lève les freins sur l’apprentissage pour me permettre d’avoir plus d’apprentis, je ne vais pas me gêner, je suis un pragmatique ».

Pour faire barrage au Front national, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin était plus explicite en défendant l’idée d’ un pacte républicain contre le chômage : « Quelques mesures simples sur l’apprentissage, sur les seuils, sur la durée du travail, sur l’investissement, le soutien à l’investissement. […] Mettons-nous autour d’une table, que le gouvernement travaille avec les commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat ».

Une mesure plébiscitée par Manuel Valls qui lui a répondu sur Twitter : « Un pacte républicain pour l’emploi. Tous rassemblés pour en finir avec le chômage! Ok avec
@jpraffarin ! »
À une nuance près, pour l’ancien Premier ministre, un pacte républicain : oui, mais l’union nationale : non.

Un pacte républicain mais pas d’union nationale

Quelques jours après les élections, les journaux contribuaient à remettre en doute l’utilité du pacte républicain contre le FN, en titrant sur le profit électoral pour François Hollande.

Difficile alors pour la droite de favoriser sciemment l’autre camp, surtout quand celui-ci ne porte pas les mêmes valeurs politiques et économiques pour le pays. C’est aussi une tradition de la Ve République, à laquelle gauche et droite ont chacune goûté : une « culture de l’adversaire » plutôt que celle du « compromis » ; un accent davantage mis sur les différences idéologiques plutôt que sur l’intérêt général du pays.

Pour Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et député des Yvelines, « depuis quarante ans, la gauche et la droite ont mené à peu près, hélas, la même politique qui a conduit là où nous en sommes et vous pensez qu’en mettant ensemble les idées et les mesures qui nous ont conduits à cette explosion du chômage de masse, nous allons faire reculer le chômage ? » Pour lui, le résultat des élections régionales est « terrible » et révélateur « d’un pays au bord du gouffre ».

L’idée d’une coalition politique sur le modèle allemand

Près de sept Français sur dix (68%) souhaitent un rapprochement entre la gauche, la droite et le centre pour formuler des propositions communes, contre 31% qui estiment que les partis « perdraient leur identité », selon un sondage Odoxa réalisé après la percée du FN aux régionales.

« Depuis que c’est tout le temps bloc contre bloc et que pas grand-chose ne se passe, ils (les Français) commencent à se dire que ce serait mieux en effet qu’il y ait une sorte de grande coalition en France comme en Allemagne », analyse Olivier Duhamel, politologue, interrogé par France 2. Pierre Moscovici, l’actuel commissaire européen, met également en avant l’exemple de l’Allemagne et une coalition gauche-droite lorsque la situation politique l’exige.

Le processus de recomposition politique face au FN semble inévitable et les partis de droite et de gauche semblent ne pas avoir d’autre choix que de s’orienter vers leur centre pour montrer plus clairement leur différence face aux extrêmes. Quoi qu’il en soit, les politiques accusent le coup et de nombreux changements sont à prévoir au cours de l’année 2016.

 

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