Après quatre ans de bons et loyaux et services, une ancienne chroniqueuse de BFM TV qui n’a jamais été payée assigne la chaîne en justice.
Entre février 2013 et décembre 2016, Sandy Prenois réalise des chroniques pour l’émission Goûts de luxe diffusée sur BFM Business.
« Sandy court chaque semaine les salons de la mode, les maisons de parfum et de haute couture. Elle déniche des sujets, réalise des reportages, tend le micro, écrit, enregistre. […] Le week-end, elle est à la télé. Sa chronique dure de 3 à 5 minutes, elle est rediffusée en permanence », écrit Le Canard enchaîné.
Lorsqu’elle a répondu à une petite annonce sur le site Fashion-Jobs en janvier 2013, la jeune femme de 27 ans qui « rêve de réussir à la télé » osait à peine espérer que sa candidature serait remarquée et qu’elle serait retenue pour effectuer un test au sein de la chaîne du groupe NextRadioTV. Un test dont elle était loin de se douter qu’il s’éterniserait pendant quatre longues années.
Après 5 mois passés à chroniquer, Sandy Prenois décide que le test a assez duré et exige d’être rémunérée. Une demande qui ne sera pas prise en compte par BFM Business.
« Chère Sandy, malheureusement, je comprends tout à fait ta demande, mais les choses n’ont pas bougé par rapport à l’an dernier, la direction serre les boulons de partout », lui répond sa rédactrice en chef dont les propos ont été relayés par Le Canard.
Honteux ! pic.twitter.com/ajc2wdmi67
— Yassine El Azzaz (@YassinElazzaz) 21 février 2019
Des refus en série
Un mail de refus qui sera le premier d’une longue liste. Le 11 septembre 2014, alors que la chroniqueuse vient à nouveau de demander à être payée pour son travail, soulignant qu’elle est « investie » et « fiable », rebelote :
« Hello Sandy, j’aimerais tellement de répondre par la positive ! Dans tous les cas, impossible pour l’instant. Nous attendons un nouveau directeur de la rédaction pour la semaine prochaine ! Merci de ta fidélité ! Bon courage. PS : souhaites-tu qu’en fin de chronique, nous relayons sur ton blog ? », répond la rédactrice en chef.
Lorsqu’elle réclame une attestation de chroniqueuse 6 mois plus tard, BFM Business refuse là encore de satisfaire sa demande. Secrétaire général de la rédaction, Laurent Drezner lui écrit qu’il préfère « jouer la prudence pour l’avenir ».
En août 2015, alors qu’elle rappelle à sa rédactrice en chef que celle-ci lui avait assuré qu’elle serait « rémunérée cette année », Sandy Prenois essuie un énième refus.
« Pour la rémunération, c’est en discussion, tu sais, ma pauvre… donc je te tiens au courant. À bientôt », répond la responsable. Un mois plus tard, elle n’hésitera pourtant pas à revenir vers elle pour lui demander « d’améliorer un peu » sa chronique, soulignant qu’elle pourrait se montrer « plus vendeuse » !
Recours devant les Prud’hommes
En septembre 2016, la jeune femme fait une ultime tentative et explique qu’elle souhaite désormais s’entretenir avec la directrice des Ressources humaines. Elle ne recevra aucun retour et sera prévenue trois mois plus tard que la chaîne décide de mettre un terme à sa chronique.
Soutenue financièrement par sa famille, Sandy Prenois aura produit pas moins de 171 émissions sans toucher le moindre euros de la part de BFM Business. Elle réclame aujourd’hui 300 000 euros à la chaîne.
Devant les Prud’hommes, l’avocat mandaté par BFM n’a pas hésité à affirmer que la chroniqueuse était « bénévole » et qu’elle avait officié en tant qu’ « invitée » rapporte Le Canard enchaîné. Le jugement doit être rendu le 30 avril.
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