L’aide humanitaire américaine destinée au Venezuela s’accumulait vendredi dans des entrepôts en Colombie, à la frontière du pays pétrolier, accentuant la pression sur le président Nicolas Maduro qui a promis d’y faire barrage.
« USAID, de la part du peuple des Etats-Unis« : le message de l’agence américaine pour le développement s’affiche en lettres rouges et bleues sur fond blanc devant le hangar où la nourriture et les médicaments attendent d’être distribués aux Vénézuéliens.
« Le Venezuela ne va pas tolérer le show de la prétendue aide humanitaire, car nous ne sommes les mendiants de personne« , a prévenu le président Maduro lors d’une conférence de presse vendredi.
La veille, les premiers camions d’aide humanitaire sont arrivés dans la ville frontalière de Cucuta, où se focalise désormais l’attention de la crise vénézuélienne. Cette aide afflue en réponse à l’appel à l’aide du chef du Parlement, l’opposant Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président par intérim du Venezuela. M. Guaido, 35 ans, est reconnu comme tel par une quarantaine de pays, dont les Etats-Unis. « Ce sont les premières gouttes« , a expliqué lors d’une conférence de presse devant l’entrepôt Lester Toledo, député vénézuélien d’opposition et représentant du président par intérim. Il a promis « un tsunami d’aide humanitaire« .
En Colombie, le chargement a été réceptionné par l’Unité nationale de gestion des risques de catastrophes (UNGRD), l’organisme officiel colombien chargé des secours, qui a précisé dans un communiqué qu’il se limitait à recevoir l’aide et à l’entreposer à Cucuta. Au cours des « prochains jours« , a ajouté l’UNGRD, arriveront d’autres chargements. A ceux-ci doivent s’ajouter ceux qui seront stockés au Brésil et sur une île des Caraïbes à déterminer, selon Juan Guaido.
La manière dont cette aide humanitaire traversera la frontière et sera distribuée reste un mystère. Car on ignore quelle sera la réaction de l’armée vénézuélienne. Dans son bras de fer avec le pouvoir chaviste, M. Guaido est déterminé à faire entrer ces vivres et ces médicaments au Venezuela. Mercredi, il a exhorté l’armée à laisser passer l’aide, après le blocage du pont de Tienditas, à la frontière avec la Colombie, par des militaires vénézuéliens.
Au même moment et malgré la profonde crise que traverse le pays, un navire de l’armée vénézuélienne est arrivé vendredi matin à La Havane pour livrer 100 tonnes d’aide humanitaire à Cuba, récemment frappé par une tornade qui a fait six morts et 200 blessés.
Cris stridents, vivas et applaudissements: vendredi à la mi-journée à Caracas, le jeune leader de l’opposition a reçu un accueil de rock star dans l’amphithéâtre de la principale université du Venezuela. Symbole de ce bras de fer permanent entre les deux hommes qui se disputent le pouvoir au Venezuela: Juan Guaido et Nicolas Maduro s’exprimaient exactement au même moment.
Alors que la situation se tend de jour en jour au Venezuela, les analystes soulignent un isolement croissant du leader socialiste, dont la survie « dépend du soutien de ses alliés traditionnels comme la Russie, la Chine et la Turquie« , juge le cabinet de conseil Eurasia Group, basé à New York. « Mais Pékin est focalisé sur le recouvrement de précédents prêts et ne va pas s’exposer davantage au Venezuela (…) Moscou pourrait offrir une aide à la marge, mais ne devrait pas risquer une escalade militaire ou de nouvelles sanctions américaines« , prédit-il. « En conséquence, Maduro dispose d’options financières limitées pour atténuer l’impact des sanctions américaines agressives, ce qui renforce notre sentiment: il ne devrait pas être en mesure de maintenir son régime« , conclut Eurasia.
HS avec AFP
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