Les premiers camions d’aide humanitaire américaine destinée au Venezuela, mais refusée par le président Nicolas Maduro, sont arrivés à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, tandis que les pays du Groupe de contact international (GCI) ont appelé à une « élection présidentielle libre ».
Escortés par la police colombienne et ovationnés par une poignée de migrants vénézuéliens, une dizaine de véhicules, transportant notamment des aliments non périssables sont entrés jeudi dans le centre de stockage installé près du pont international de Tienditas, dans la ville frontalière de Cucuta. Cette aide intervient en réponse à l’appel à l’aide du chef du Parlement, l’opposant Juan Guaido, qui s’est autoproclamé le 23 janvier président par intérim du Venezuela. M. Guaido est reconnu comme tel par une quarantaine de pays dont les Etats-Unis.
En Colombie, le chargement a été réceptionné par l’Unité nationale de gestion des risques de catastrophes (UNGRD), l’organisme officiel colombien chargé des secours, qui a précisé dans un communiqué qu’il se limitait à recevoir l’aide et à l’entreposer à Cucuta.
« Selon le programme établi, dans une première phase, les aides vont être organisées au centre de stockage, l’objectif étant qu’elles soient surveillées et gardées, en accord avec l’engagement du gouvernement colombien dans cette opération humanitaire », d’après cet organisme. Au cours des « prochains jours », a ajouté l’UNGRD, arriveront d’autres chargements, auxquels s’ajouteront ceux qui seront stockés au Brésil et sur une île des Caraïbes à déterminer.
La manière dont cette aide humanitaire traversera la frontière et sera distribuée reste un mystère. Car on ignore quelle sera la réaction de l’armée vénézuélienne. Dans son bras de fer avec le pouvoir chaviste, Juan Guaido, qui est âgé de 35 ans, est déterminé à faire entrer ces vivres et ces médicaments au Venezuela. Mercredi, il a exhorté l’armée à ne pas bloquer l’aide, après le blocage du pont de Tienditas par des militaires vénézuéliens.
Au moment où les camions chargés d’aide arrivaient à la frontière, la première réunion des pays européens et latino-américains du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela prenait fin à Montevideo. Le groupe appelle à « une élection présidentielle libre, transparente et crédible, en accord avec la Constitution vénézuélienne », selon la déclaration finale signée par les pays participants à l’exception de la Bolivie et du Mexique.
Dans ce texte d’une page, le GCI se fixe deux objectifs: « mettre en place les garanties nécessaires en vue d’un processus électoral crédible, dans les plus brefs délais« , et « permettre la distribution urgente de l’assistance en accord avec les principes internationaux humanitaires ». Pour cela, il annonce l’envoi d’une « mission technique » au Venezuela. La déclaration finale du GCI a été accueillie négativement par Washington.
« Au lieu d’essayer de dialoguer avec Maduro à travers des groupes de contact ou de dialogue, nous lançons un appel aux pays pour qu’ils reconnaissent Juan Guaido et nous rejoignent pour répondre à son appel à l’assistance humanitaire internationale immédiate », a réagi Elliot Abrams, l’envoyé spécial des Etats-Unis chargé de « rétablir la démocratie » au Venezuela.
« Le temps du dialogue avec Maduro est terminé », a asséné M. Abrams. Promouvoir le dialogue « n’est pas très utile », a aussi déclaré le chef de la diplomatie brésilienne Ernesto Araujo, dont le pays est aligné sur Washington. « Il est fondamental d’éviter la violence intérieure et une intervention extérieure », avait déclaré en ouverture la représentante de la diplomatie de l’Union européenne Federica Mogherini.
Elle avait souligné « l’urgence » de la situation, qui présente selon elle « le risque d’une déstabilisation, et pas seulement dans la région ». Mme Mogherini et les émissaires de huit pays européens – France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède, Italie et de cinq pays d’Amérique latine Uruguay, Costa Rica, Bolivie, Equateur, Mexique, participaient à la première réunion du Groupe de contact, créé fin janvier à l’initiative de l’UE.
Le Mexique prend part aux discussions mais ne fait pas officiellement partie du groupe. La rivalité entre les deux camps vénézuéliens s’exprime aussi sur le plan diplomatique. Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a annoncé jeudi que les sites web de ses ambassades au Mexique et en Argentine avaient subi des cyberattaques en faveur de M. Guaido.
Des messages déclarant faussement que les ambassadeurs de ces deux missions diplomatiques avaient décidé de reconnaître M. Guaido ont été publiés sur leurs sites web, a indiqué le ministère. Juan Guaido a sèchement rejeté tout dialogue avec le gouvernement. Il compte sur une nouvelle mobilisation de ses partisans dans la rue le 12 février pour réclamer un « gouvernement de transition » et des « élections libres ».
Frappé par la crise économique, le Venezuela souffre de graves pénuries. Environ 2,3 millions de Vénézuéliens ont choisi de s’exiler depuis 2015, selon l’ONU.
D.C avec AFP
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