Face aux militaires, une nonne s’est agenouillée à Myitkyina en Birmanie. Les bras en croix, elle leur demandé d’arrêter de tirer sur les manifestants. L’image est saisissante, d’autant plus que deux policiers se sont eux aussi agenouillés, les mains jointes en signe de respect.
La scène s’est déroulée lundi à Mytkyina, une ville de 150 000 habitants du Nord de la Birmanie. Sœur Ann Rose Nu Tawng s’est inquiétée pour les enfants lorsqu’elle a vu les policiers et les militaires entourer les manifestants. « Ne tirez pas sur les enfants » : leur demande-t-elle les bras en croix. En vain, trois manifestants pro-démocratie seront tués ce jour-là.
L’origine des tirs n’a pas été déterminée, mais la police et l’armée n’ont pas hésité à faire usage de balles réelles depuis le début de l’insurrection pacifique contre le coup d’État qui a renversé Aung San Suu Kyi le 1er février.
Ce 8 mars, plusieurs centaines de personnes, notamment des membres de l’ethnie Kachin, descendent dans les rues de Myitkyina, théâtre de rassemblements quasi-quotidiens depuis le putsch. Dans le cortège, des Birmanes venues célébrer la Journée internationale des droits des femmes.
La situation dégénère en fin de matinée.
La police et l’armée tirent des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour tenter de disperser la foule qui réplique en lançant des projectiles, d’autres détonations retentissent.
Des manifestants s’abritent derrière des barricades érigées à la va-vite avec des bouts de tôles, des panneaux de bois et des briques.
En habit blanc, Ann Rose Nu Twang, 45 ans, s’approche des forces de sécurité.
Elle s’agenouille, deux policiers font de même joignant leurs mains en signe de respect devant la religieuse, d’autres semblent indifférents, d’après des images diffusées par un média local Myitkyina News Journal.
En #Birmanie, une nonne s’agenouille devant les militaires pour éviter un massacre https://t.co/Q6N56k3zXG pic.twitter.com/W8sUBATADT
— LCI (@LCI) March 10, 2021
« Je les ai suppliés de ne pas tirer […] mais plutôt de me tuer moi. J’ai levé les mains en signe de pardon », raconte la sœur à l’AFP.
Mais, non loin de là, un autre groupe de policiers tire, se souvient-elle.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des contestataires inanimés et couverts de sang, l’un d’entre eux gisant face contre terre, une partie du crâne arrachée.
« C’était la panique. J’étais au milieu et je ne pouvais rien faire », mais « je n’avais pas peur. »
Deux autres nonnes arrivent pour la soutenir. « Vous arrêtez, torturez et vous tuez les gens. C’est pourquoi la population est en colère et manifeste », lance l’une d’elles.
Trois manifestants sont décédés. Mardi, une des victimes, Zin Min Htet, a été enterrée, une foule importante se réunissant autour de son cercueil couvert de fleurs et saluant des trois doigts en signe de résistance.
L’acte de bravoure d’Ann Rose Nu Twang a été largement diffusé sur les réseaux sociaux du pays à majorité bouddhiste.
Le 28 février, la religieuse catholique s’était déjà distinguée en se mettant à genoux devant les forces de sécurité pour les appeler à la retenue.
Au moins 60 civils ont été tués depuis le putsch et plus de 1 800 arrêtés, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques.
Les médias d’État nient toute implication de la police et de l’armée dans la mort de civils, assurant qu’elles doivent « contenir des émeutes en accord avec la loi ».
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