Visite au Caire : Emmanuel Macron s’oppose au « déplacement » des Gazaouis et tout rôle futur du Hamas

Par Epoch Times avec AFP
7 avril 2025 16:20 Mis à jour: 7 avril 2025 22:22

Emmanuel Macron a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant « fermement aux déplacements de populations » face aux ambitions de Donald Trump, mais a aussi donné des gages aux États-Unis en rejetant tout rôle futur de l’organisation terroriste Hamas dans le territoire palestinien.

Au côté de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président français a déroulé le volet politique de cette visite en Égypte essentiellement consacrée à la guerre à Gaza, avant un volet humanitaire mardi.

« Nous condamnons la reprise des frappes israéliennes à Gaza »

« L’Égypte et la France partagent une convergence de vues », a-t-il dit. « Nous condamnons la reprise des frappes israéliennes à Gaza » depuis le 18 mars après deux mois de trêve, a-t-il ajouté, évoquant « un recul dramatique » de la situation.

Tour à tour, les deux dirigeants ont appelé à un « retour immédiat au cessez-le-feu » et à une reprise de l’aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont la quasi-totalité ont été déplacés au moins une fois par les combats dans le territoire assiégé.

Des enfants observent les destructions dans un quartier résidentiel de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 7 avril 2025, suite aux frappes aériennes israéliennes qui ont ciblé la zone pendant la nuit. (Photo EYAD BABA/AFP via Getty Images)

Emmanuel Macron a « salué les efforts inlassables déployés par l’Égypte » en tant que co-médiateur pour la trêve et la libération des otages encore retenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.

Les présidents français et égyptien, qui s’étaient retrouvés la veille pour une promenade et un dîner dans le célèbre souk Khan al-Khalili de la capitale égyptienne, ont été rejoints lundi par le roi Abdallah II de Jordanie pour un sommet à trois.

(De g. à dr.) Le roi Abdallah II de Jordanie, le Président Emmanuel Macron tandis et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi avant leur sommet trilatéral pour discuter de la situation à Gaza au palais présidentiel du Caire, le 7 avril 2025. (Photo BENOIT TESSIER/POOL/AFP via Getty Images)

Pour la diplomatie française, c’est une manière d’afficher sa solidarité avec deux pays voisins de la bande de Gaza ébranlés par le projet du président américain. D’autant plus que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, devait être reçu lundi à la Maison Blanche.

Début février, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les États-Unis pour la reconstruire et en faire la « Riviera du Moyen-Orient ». Pour cela, ses habitants pourraient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.

« Nous nous opposons fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie », occupée par Israël depuis 1967, a martelé Emmanuel Macron. « Il s’agirait d’une violation du droit international, d’une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d’Israël », a-t-il ajouté.

Des travailleurs humanitaires se rassemblent autour de camions transportant de l’aide humanitaire après leur entrée dans la bande de Gaza depuis l’Égypte via le poste-frontière de Rafah, le 21 octobre 2023. (Photo MOHAMMED ABED/AFP via Getty Images)

Soutien de la France au plan arabe

Il a aussi exprimé le soutien de la France au plan arabe, qualifié de « voie réaliste à la reconstruction de Gaza », conçu comme une réponse au plan Trump. Cette initiative, préparée par l’Egypte, prévoit de ne pas déplacer les Gazaouis.

Paris estime toutefois qu’il faut « encore renforcer » ce plan, notamment sur « la sécurité » et la « gouvernance » du territoire palestinien, pour rassurer des Américains réticents. Les pays arabes prévoient un retour progressif de l’Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige Gaza depuis 2007.

« Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël », a insisté Emmanuel Macron, assurant que cette question était à l’ordre du jour de ses entretiens.

Abdel Fattah al-Sissi a pour sa part prévenu que « la paix durable et la stabilité permanente au Moyen-Orient seront loin d’être réalisés tant que la cause palestinienne restera sans solution équitable ».

La France pourrait reconnaître un État palestinien lors d’une conférence en juin

Le président français organise en juin à l’ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur la solution à deux États, israélien et palestinien. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le « moment opportun » que la France attend pour éventuellement reconnaître un État palestinien.

Mardi, M. Macron se rendra, accompagné de son homologue égyptien, dans la ville d’al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de passage de Rafah par lequel est censée transiter l’aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée depuis un mois.

Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à « la réouverture des points de passage pour l’acheminement de fret humanitaire à Gaza », selon la présidence française.

Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l’aide, il va rencontrer des personnels d’ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des « bénéficiaires » palestiniens de l’action humanitaire, selon la même source.

Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.

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