Dans un discours bref et tranchant d’une minute et vingt secondes, prononcé le 9 mai, journée de l’Europe, François-Xavier Bellamy, député au Parlement européen, a interpellé le chancelier allemand depuis la tribune du Parlement européen.
«Monsieur le Chancelier, parlons-nous franchement, les divergences entre nos deux pays deviennent souvent inquiétantes», a commencé le vice-président exécutif des Républicains, donnant le ton de son message, qu’il a par la suite relayé sur son compte Twitter.
Il reproche d’abord au chancelier allemand de ne pas joindre l’acte à la parole. «Vous parlez d’Europe unie, mais après avoir imposé l’austérité partout, vous lancez le ‘Doppelwumms’ — un plan de soutien massif pour l’économie allemande — sans prévenir personne», accuse-t-il dans un premier temps.
Le «Doppelwumms» ou «Double boum» est le nom donné par le gouvernement allemand à son plan de soutien à l’économie de 200 milliards d’euros. Ce bouclier explosif, annoncé fin 2022, a bien sûr réjoui les ménages et les entreprises outre-Rhin. Cependant, pour les partenaires européens inquiets, l’Allemagne fait ainsi preuve d’un manque de solidarité.
Un rapport bilatéral avec la Chine «au prix de nos dépendances»
François-Xavier Bellamy a également reproché au chancelier allemand de s’être rendu seul en Chine pour « y maintenir vos positions au prix de nos dépendances». L’affirmation semble avoir en partie été confirmée le lendemain par une annonce du gouvernement allemand. Ce mercredi 10 mai, l’Allemagne a en effet confirmé son feu vert à une participation chinoise de 24,99 pour cent dans le port de Hambourg par l’intermédiaire de l’entreprise publique chinoise Cosco, et ce, malgré les inquiétudes en matière de sécurité. Le port de Hambourg est le plus grand port de commerce d’Allemagne et le troisième d’Europe. Olaf Scholz, qui a été maire de Hambourg, ouvre ainsi une grande porte au premier armateur chinois.
«Parler franchement à l’Allemagne. C’est aussi ça, être amis»
Dans son discours offensif, l’eurodéputé Les Républicains a énuméré d’autres sujets sur lesquels la position de l’Allemagne lui paraît contradictoire, notamment les préoccupations écologiques face à l’agrandissement des mines de charbon outre-Rhin et la nécessité de maîtriser les flux migratoires face à l’adoucissement des conditions d’entrée en Allemagne.
Quelle a été la réaction du chancelier allemand ? Il est resté impassible face à l’eurodéputé du PPE, le groupe majoritaire au Parlement européen. Mettre à plat les divergences qui s’amplifient, tel était l’objectif de François-Xavier Bellamy. Quelques minutes avant son discours, il avait confié sur RCF: «Il faut parler franchement à l’Allemagne. C’est aussi ça, être amis».
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