Au début du mois de novembre 2022, Xi Jinping tentait de sortir le Parti communiste et l’État‑parti chinois de la spirale fatale dans laquelle il les avait délibérément placés afin d’obtenir le pouvoir absolu.
Toutefois, atténuer l’effet de l’atterrissage brutal vers lequel se dirige la Chine s’avérera moins facile que de déclencher la « guerre civile » au sein du Parti communiste chinois (PCC). Et Xi Jinping doit encore purger davantage d’ennemis intérieurs au sein du Parti et de la population.
Il se pourrait donc que Xi Jinping ait bientôt besoin d’une diversion pour camoufler les faiblesses de ses décisions aux yeux du PCC et du peuple chinois. Une ré‑escalade de la confrontation avec la République de Chine (Taïwan) est une option adéquate. Cependant, certains éléments indiquent que Xi Jinping – ainsi que l’Armée populaire de libération (APL) chinoise – ont tout intérêt à éviter le « problème de Taïwan » à court terme.
En effet, le fait de transformer le « problème » de Taïwan en une véritable guerre à ce stade pourrait se solder sur la défaite de l’APL, c’est‑à‑dire de Xi Jinping. Taïwan est toujours mieux préparé pour résister à une attaque de l’APL – l’armée chinoise ne dispose pas d’une supériorité écrasante, à moins qu’elle n’utilise des armes nucléaires pour détruire réellement la vie et les infrastructures de Taïwan.
Certainement, l’option de l’invasion militaire ne doit pas être exclue. Toutefois, en tenant compte du fait que Xi Jinping a gagné le contrôle du Parti et de la Chine continentale, il est à l’évidence plus avantageux pour lui de « gérer » la situation autour de Taïwan sans risquer d’invasion militaire. L’idée étant de pouvoir « gagner sans combattre ». C’est l’idée principale de l’ancien classique chinois L’Art de la guerre du célèbre stratège Sun Tzu.
Après la clôture du XXe Congrès PCC le 22 octobre, Xi Jinping a gagné sa bataille pour le contrôle formel et total du Parti et de la Chine continentale. Il doit maintenant achever la purge des ennemis internes tout en stabilisant la population civile et l’économie. Pour cela, il a besoin que la communauté internationale lui donne un répit en maintenant les relations commerciales et les investissements.
La poursuite de l’effondrement économique – en particulier au rythme que Xi Jinping a autorisé afin de réprimer les opposants internes, notamment les grosses fortunes – semble conduire à un désespoir civil accru dans les villes et à d’éventuels troubles de masse. Le Congrès terminé, Xi Jinping devrait injecter un peu d’espoir dans le secteur du logement – un secteur où des millions de Chinois ont investi leurs économies et leurs revenus courants afin d’acquérir un bien de valeur pour leur retraite. Pourtant, il est désormais bien probable que la majeure partie du secteur du logement ne pourra pas être sauvée.
Le secteur du logement a besoin de plus de fonds que le PCC ne peut se permettre de débloquer. Le secteur technologique fait face à plus d’investissements qu’il ne peut en absorber. Un dilemme que Xi Jinping aura du mal à résoudre. La « guerre civile » de Xi Jinping entraîne la panique parmi les investisseurs étrangers (beaucoup s’inquiète du renforcement de son absolutisme lors du XXe Congrès). De ce fait l’accès de la Chine aux technologies des micropuces est limité à un moment critique. La Chine n’est pas dépourvue de capacités en matière de microprocesseurs, mais sa progression vers la suffisance à des fins militaires et civiles a été ralentie.
Xi Jinping doit donc poursuivre sa purge de l’opposition intérieure – y compris du secteur privé autrefois assez libre. Il doit réduire la capacité des Chinois relativement aisés à voyager, à exporter des fonds et à agir de manière indépendante. En même temps il doit temporiser la peur croissante à l’international d’une Chine agressive tout en affichant sa force. Dans ce but, il doit adopter une approche délibérément contradictoire : calmer la population tout en renforçant les contrôles, calmer les opposants à l’étranger tout en renforçant les capacités de l’APL de soutenir les objectifs stratégiques du PCC.
À l’époque, Mao Zedong avait adopté une approche presque identique, en gardant les menaces étrangères à distance tout en supprimant les menaces intérieures, au prix de 60 millions de vies.
Le 4 novembre, peu après la clôture du XXe Congrès du PCC, Xi Jinping a réussi à obtenir la visite du chancelier allemand Olaf Scholz à Pékin, le premier visiteur important du G‑7 depuis environ trois ans. Il s’agissait de « développer davantage » les relations économiques sino‑allemandes. Il n’est pas étonnant que la realpolitik soit un mot allemand, bien qu’il n’implique pas vraiment la « réalité », mais plutôt le pragmatisme politique.
L’appareil de Xi Jinping a également révélé que le PCC et le gouvernement japonais envisageaient une rencontre à la mi‑novembre entre Xi Jinping et le Premier ministre japonais Fumio Kishida. Il s’agirait d’une tentative d’apaisement avec le gouvernement et la population japonaise. Le Japon s’est jusque‑là engagé à augmenter fortement sa capacité militaire et son soutien à Taïwan.
Un autre membre anti‑chinois du Quad (l’alliance composé du Japon, des États‑Unis, de l’Australie et de l’Inde) a également assoupli sa politique d’hostilité envers la Chine lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai qui s’est tenu les 15 et 16 septembre à Samarkand. Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi ont convenu de réduire les tensions. La nouvelle offensive de Xi Jinping est en train de saboter le Quad.
Parallèlement, Xi Jinping se prépare à annoncer à l’Australie (qui dépend fortement du commerce avec la Chine) que la longue période de lune de miel économique sino‑australienne est partie pour durer. Cela renforcera la pression exercée par les grandes sociétés du secteur minier d’Australie sur le gouvernement travailliste de ce pays pour qu’il relâche sa confrontation militaire avec la Chine. « Fini la peur ! » tel est son message.
Malgré tout, le talon d’Achille de Xi Jinping reste le peuple chinois mécontent et réprimé, en particulier la population urbaine. Xi Jinping n’est pas encore loin de ses peines, pas plus que la communauté internationale.
Gregory Copley est président de l’International Strategic Studies Association, basée à Washington. Né en Australie, il est membre de l’ordre d’Australie, entrepreneur, écrivain, conseiller gouvernemental et éditeur de revues sur la défense. Son dernier livre s’intitule The New Total War of the 21st Century and the Trigger of the Fear Pandemic (Nouvelle guerre hors limite du 21e siècle : le déclenchement d’une pandémie de la peur).
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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