Le gouvernement et les rebelles du Yémen réunis en Suède pour des consultations de paix sous l’égide de l’ONU ont annoncé mardi, au sixième jour de leurs pourparlers, avoir établi une liste de quelque 15.000 prisonniers en vue d’un échange. Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, et les rebelles Houthis ont engagé la semaine dernière en Suède des discussions destinées à renouer un dialogue rompu en 2016.
Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre qui a fait environ 10.000 morts en quatre ans ont jusqu’ici échoué, alors que la situation humanitaire au Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, se dégrade de jour en jour. Askar Zaeel, un négociateur gouvernemental pour l’échange de prisonniers, a précisé que les rebelles avaient identifié 7.787 prisonniers dont ils souhaitent la libération. De son côté, le gouvernement a demandé l’élargissement de 8.576 détenus.
M. Zaeel a précisé à l’AFP que le gouvernement avait également réclamé aux rebelles la remise du corps de l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, tué en décembre 2017 par ses anciens alliés Houthis. Ces derniers l’avaient qualifié de « traître », lui reprochant une ouverture vers l’Arabie saoudite, à la tête depuis 2015 d’une coalition militaire soutenant le gouvernement internationalement reconnu.
De leur côté, les rebelles ont annoncé sans autre précision avoir échangé avec le gouvernement une liste de 15.000 prisonniers des deux camps. Selon un négociateur rebelle, Abdelkader Mourtada, l’échange pourrait intervenir « le 20 janvier ». Les prisonniers seront transférés via deux aéroports: celui de Seyoun (centre) contrôlé par le gouvernement, et l’aéroport international de Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles, fermé au trafic civil depuis trois ans.
Le Comité international de la Croix-Rouge a confirmé qu’il superviserait l’échange. Cet échange constituait le principal point d’achoppement durant cette séance de pourparlers, qui devraient durer une semaine. C’est le seul sujet sur lequel les délégations se sont rencontrées en face à face. Parmi les autres sujets sur la table figurent l’établissement de corridors humanitaires, la réouverture de l’aéroport international de Sanaa et du port d’Hodeida tenu par les rebelles où se déroule une offensive gouvernementale.
En septembre, des pourparlers de paix ont achoppé sur le refus des négociateurs Houthis de se rendre à Genève sans garanties sur leur voyage de retour vers la capitale Sanaa et sur l’évacuation de rebelles blessés. Cette fois, leur présence en Suède a été favorisée par deux mesures de confiance: l’évacuation début décembre de 50 rebelles blessés vers Oman et un accord préliminaire d’échange de prisonniers.
Les images de dévastation provoquées par les raids aériens de la coalition et celles de la crise humanitaire ont par ailleurs convaincu les grandes puissances de la nécessité d’accélérer un règlement du conflit. L’Arabie saoudite reste également sous pression, empêtrée dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul.
L’ONU a affirmé lundi être en quête de quatre milliards de dollars pour fournir en 2019 de l’aide humanitaire à quelque 20 millions de Yéménites, soit 70% de la population Chaque année, l’ONU a besoin d’un milliard de plus, a déploré devant des médias le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock. En 2017, c’était deux milliards et en 2018 trois milliards, a-t-il précisé.
A l’initiative de la Suède, de la Suisse et de l’ONU, une conférence de donateurs est programmée le 26 février à Genève, a ajouté le responsable de l’ONU.
D.C avec AFP
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