La ville de Changshu, dans l’est de la Chine, s’apprête à mettre en œuvre l’utilisation du yuan numérique (e-CNY) pour payer les salaires des employés du secteur public. Un observateur de la Chine estime que l’objectif de Pékin en introduisant le yuan numérique est de renforcer son contrôle, au prix d’une détérioration accrue de l’économie et des droits de l’homme du peuple chinois.
La ville de Changshu a récemment annoncé qu’à partir du mois de mai, ses fonctionnaires et les employés des entreprises publiques à tous les niveaux seront payés en yuan numérique. Changshu est située dans la partie orientale de la province de Jiangsu et est considérée comme une ville satellite de Suzhou.
La Chine étudie la possibilité d’une monnaie numérique depuis 2014. Cependant, le premier test du système e-CNY n’a eu lieu qu’en 2020, avec un lancement d’essai à Shenzhen, Suzhou, Chengdu et Xiong’an. En 2021, ces essais ont été étendus à la province de Hainan, à Shanghai et à plusieurs autres villes.
S’adressant à Epoch Times le 28 avril, Ou Kai, un commentateur de l’actualité basé au Japon, explique que l’introduction du yuan numérique par le Parti communiste chinois a principalement pour but de solidifier son contrôle totalitaire, dans le cadre du totalitarisme numérique du régime. Il estime que le renforcement du contrôle du PCC conduira à une « détérioration continue de la situation économique et des droits de l’homme en Chine ».
« Plus le contrôle est strict, plus les ressources financières et humaines sont consommées, et plus la corruption est importante. Par conséquent, en fin de compte, ce qui semble être un système immensément puissant n’est rien d’autre qu’une chaîne d’intérêts. Si, un jour, cet énorme système ne peut plus soutenir ces intérêts, il s’effondrera et il ne restera plus rien », affirme-t-il.
Depuis le mois d’avril, le programme pilote du yuan numérique a été étendu à 26 zones dans 17 provinces et municipalités du pays.
Les transactions en espèces sont totalement anonymes, tandis que les paiements en yuan numérique offrent un anonymat limité. Pour les paiements plus importants, les utilisateurs devront fournir une pièce d’identité valide. Les autorités chinoises ont fixé des exigences pour les différents types de portefeuilles numériques en yuan, les portefeuilles de type 4, les moins privilégiés, pouvant être anonymes. Cependant, ils sont toujours liés au numéro de téléphone portable de l’utilisateur. Les portefeuilles de type 4 permettent un paiement unique maximal de 2000 yuans (environ 263 €), un paiement quotidien cumulé maximal de 5000 yuans (environ 657 €) et un paiement annuel cumulé maximal de 50.000 yuans (environ 6570 €), selon les médias chinois.
« Même sans le Yuan numérique, les systèmes actuels WeChat Pay et Alipay suffisent au PCC pour surveiller la vie privée d’un grand nombre de Chinois », selon Ou Kai.
« Le yuan numérique est clairement différent du yuan papier en circulation, car il ne peut pas être échangé contre de l’or ou des devises étrangères. En outre, il ne peut être utilisé que pour des achats généraux au détail et peut être fortement contrôlé. »
Il y a plusieurs dizaines d’années, les Chinois devaient utiliser des tickets de rationnement pour acheter des produits de première nécessité en raison de graves pénuries de matières premières.
« Le Yuan numérique est le nouveau type de timbres alimentaires et de timbres vestimentaires introduits par le PCC. Il s’agit également d’une préparation du PCC à sa future déconnexion du monde », fait remarquer Ou Kai.
Si Changshu a récemment fait la une des journaux pour avoir émis des salaires en yuans numériques, ce n’est pas la première ville chinoise à le faire. Dès juin 2022, Taicang, une autre ville satellite de Suzhou, a commencé à payer les employés des institutions publiques en yuans numériques, selon un rapport de l’autorité locale.
À Shenzhen, centre technologique de la Chine, plus de 28 millions de portefeuilles en yuan numérique ont été créés à la fin de l’année 2022. La même année, la ville a distribué pour plus de 570 millions de yuans (75 millions d’euros) de monnaie numérique sous forme de subventions à la consommation, comme l’ont rapporté les médias d’État chinois.
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