A Château Bacon, domaine familial implanté dans le terroir bordelais, c’est l’effervescence: Virginie Coupérie-Eiffel organise sur ses terres une vente internationale de chevaux. Pas des cracks de course mais des futurs champions de sauts d’obstacles, éduqués et formés pendant plusieurs années pour un jour, peut-être, briller aux jeux Olympiques.
Une matinée plongée dans le brouillard. Virginie Coupérie-Eiffel échauffe en liberté Cassandra de Bacon, une jument de 6 ans de son élevage, avant d’accueillir plusieurs acheteurs potentiels pour les 23 équidés qu’elle propose.
Cette passionnée de cheval avait choisi de profiter du Jumping international de Bordeaux début février pour maximiser une vente à l’amiable qui s’étend sur un mois et durant laquelle il est possible d’essayer les chevaux. « Tous les meilleurs cavaliers sont là et ils sont toujours à la recherche de cracks », glisse-t-elle.
Car aujourd’hui, on trouve des ‘cracks’ certes sur les champs de course mais également sur les terrains de sauts d’obstacles. Et Virginie Coupérie-Eiffel, dont la mère était l’arrière petite-fille de l’illustre Gustave Eiffel et le père grand propriétaire terrien du sud-ouest, a mis son amour du cheval au service du sport.
« La valeur ajoutée dans notre métier sur un cheval, comparé aux courses, est énorme. On va fabriquer un champion, on a la matière première, à nous de l’emmener là-haut. En sortant tous ses points forts, en le renforçant physiquement, en le protégeant mentalement », explique la Girondine qui élève ses « chevaux comme on élève des enfants ».
Pour « transformer » un cheval en pro du saut d’obstacles, il faut huit ans. Virginie Coupérie-Eiffel forme le cheval en liberté jusqu’à ses 3 ans. Puis, pour la première fois, il porte un homme sur son dos et fait ses classes jusqu’à l’âge de 6 ans. Et à partir de 8 ans, c’est l’entrée dans les grands concours. « L’heure de vérité, c’est sur la piste. Ce sont des années de travail mais il y a peu d’élus. Tous ne feront pas les jeux Olympiques », relève-t-elle.
A Château Bacon, le cavalier espagnol Eduardo Alvarez Aznar espère dénicher le super champion en vue des Jeux de Tokyo en 2020. Il a porté son attention sur ‘F.’, un cheval de 9 ans. Le premier contact se passe plutôt bien mais l’animal est nerveux. Le cheval refuse de passer une barrière. Le cavalier espagnol ne désarme pas et réussit, satisfait, à s’accorder avec sa monture.
« J’ai eu un bon feeling, je pense revenir pour l’essayer encore une fois », dit Aznar, « à l’affût tous les week-end » alors que le marché des chevaux de compétition s’est densifié. « Aujourd’hui, les compétitions sont très techniques, nous avons besoin de chevaux avec plus de qualités. Tout le monde veut le même cheval et il y a de plus en plus de cavaliers. Ce n’est plus aussi facile qu’avant », remarque-t-il.
Selon l’Agence française du commerce d’équidés (AFCE), 95.000 transactions sont enregistrées chaque année (pour les chevaux de sport et de loisirs). « En France, on a un million de chevaux toutes races confondues, c’est considérable. On a une diminution des naissances de 40% depuis 5 ans, c’est lié à beaucoup de raisons économiques, structurelles. Et à une grande refonte du monde de l’élevage », souligne Eric Giraud, président de l’AFCE, pour qui la donne a beaucoup changé surtout sur le marché des chevaux des compétitions amateurs, devenu considérable.
« Les prix ont grimpé », ajoute-t-il. « Dans le haut niveau, ce sont des ventes à 100.000, 300.000 euros. Et pour les chevaux qui font les jeux Olympiques, c’est 10, 15 millions d’euros », indique Eric Giraud. A Château Bacon, Virginie Coupérie-Eiffel a vendu près de la moitié des chevaux proposés.
« Dans une vente comme la nôtre, le plus petit budget va tourner autour de 18.000 euros. Après il n’y a pas de limites, c’est la loi de l’offre et de la demande. Nous, là, on a des chevaux à plusieurs centaines de milliers d’euros, explique-t-elle. Ça peut se comparer à une œuvre d’art soit à un transfert de joueur de foot ».
D.C avec AFP
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