« Probablement l’un des plus grands rassemblements de chefs jamais organisés dans l’histoire » : le Michelin, dont le nouveau palmarès est dévoilé lundi à Strasbourg, veut tourner la page des rétrogradations, en fêtant la diversité de la gastronomie française.
Pour la deuxième année consécutive, le guide rouge a pris ses quartiers en région. Après Cognac (sud-ouest), place à Strasbourg (est), où tous les chefs étoilés français et européens ont été conviés.
La révélation du millésime 2023 sera « une très belle fête. Un moment de retrouvailles de toute la profession », a déclaré jeudi dans un entretien à l’AFP le patron du guide, Gwendal Poullennec.
« C’est probablement l’un des plus grands rassemblements de chefs jamais organisés dans l’histoire », poursuit M. Poullennec, qui assure que près de 500 chefs français ont déjà confirmé leur venue. Du côté des chefs européens, ils seront une vingtaine à faire le déplacement. Un chiffre « considérable », et une première dans l’histoire du Michelin assure celui qui a pris les rênes du guide en 2018.
Cinq rétrogradations
Une fête qui ne sera pas gâchée par la révélation de rétrogradations, cinq au total sans compter les vingt tables ayant perdu leur unique macaron, qui a été faite une semaine plus tôt. Une annonce qui n’a pas eu la même résonance que celle, en 2019, de la rétrogradation du chef savoyard Marc Veyrat.
Si aucun chef détenteur de trois étoiles n’avait été rétrogradé lors des millésimes 2021 et 2022, le guide a annoncé lundi à l’AFP que les tables de Guy Savoy et c perdaient leur troisième étoile, la plus haute distinction dans le monde de la gastronomie. Élu meilleur chef au monde pour la 6e fois consécutive en novembre, Guy Savoy était détenteur de trois étoiles depuis 2002. Christopher Coutanceau avait, lui, obtenu son 3e macaron juste avant le premier confinement. « On a perdu le match cette année mais on va le regagner l’année prochaine », avait réagi auprès de l’AFP Guy Savoy, dans la foulée de l’annonce.
Dynamisme en régions
À quoi ressemblera le millésime 2023 ? « Notre fil rouge, c’est le rayonnement de la France gastronomique dans les régions. Cette année, la dynamique dans les régions est particulièrement forte », insiste M. Poullennec. « Ce qu’on constate, c’est que la gastronomie rayonne sur l’ensemble du territoire de France, avec certaines régions en particulier qui vont briller », dit-il, sans en dévoiler davantage. Historiquement, la carte de la gastronomie française s’est principalement écrite dans les régions de l’est, dont celle autour de Lyon. Est-ce l’heure d’un grand bouleversement ? Verdict lundi, répond M. Poullennec. Et de rappeler que « le but du guide est de révéler les talents là où ils se trouvent. Aujourd’hui, le dynamisme est en régions ».
Le millésime 2022, qui avait promu les chefs Arnaud Donckele (Paris) et Dimitri Droisneau (Cassis), avait déjà fait la part belle à ces territoires, avec 80% des étoiles situées en dehors de l’Île-de-France.
Une vitalité portée par de jeunes chefs et leurs équipes « qui sont de véritables tisseurs de liens, connectent les clients avec les fournisseurs et font vivre toute une économie de proximité », souligne M. Poullennec, qui explique que ces chefs sont lancés dans « des projets de vie ». Des projets qui ont trouvé leur clientèle, insiste-t-il.
Si la diversité de la gastronomie française entend être célébrée, le Michelin veut également jeter une lumière sur la gastronomie européenne. « L’Europe est une superpuissance gastronomique qu’il faut mettre en valeur », relève Gwendal Poullennec, qui rappelle que l’écrasante majorité des étoiles Michelin sont décernées à des tables européennes. Créé en 1900 par les frères André et Édouard Michelin, à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd’hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et se décline en une trentaine d’éditions.
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