L’embargo sur les armes imposé par l’ONU à l’Iran pendant dix ans – qui l’empêchait d’acheter des armes étrangères telles que des chars et des avions de chasse – a expiré dimanche comme prévu dans le cadre de l’accord nucléaire de l’Iran avec les puissances mondiales, malgré les objections des États-Unis.
En août dernier, les États-Unis ont officiellement demandé le redressement de toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran qui étaient en vigueur avant l’accord nucléaire iranien, également connu sous le nom de Plan d’action global commun (PAGC), qui a été signé en 2015.
Le rétablissement de toutes les sanctions, y compris la réimposition de l’embargo des Nations unies sur les armes, est entré en vigueur le 19 septembre, a déclaré dans un communiqué le secrétaire d’État américain Mike Pompeo. En conséquence, l’exportation de certaines armes conventionnelles vers l’Iran, ainsi que l’acquisition de tout arme ou matériel connexe en provenance de l’Iran, violera les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il ajouté.
Tout individu ou entité qui s’engage dans le commerce d’armes conventionnelles avec l’Iran, ainsi que tout individu ou entité qui fournit une formation ou un soutien financier lié à ces armes, peut être sanctionné par les États-Unis, a précisé Pompeo.
« Tout pays qui recherche la paix et la stabilité au Moyen-Orient et qui soutient la lutte contre le terrorisme devrait s’abstenir de toute transaction d’armes avec l’Iran. Fournir des armes à l’Iran ne fera qu’aggraver les tensions dans la région, mettra davantage d’armes dangereuses entre les mains de groupes terroristes et de leurs mandataires, et risquera d’accroître les menaces à la sécurité d’Israël et d’autres pays pacifiques », a expliqué Pompeo dans le communiqué.
Mike Pompeo a déclaré que le régime islamique iranien détournait des fonds du peuple iranien pour réaliser ses ambitions militaires, appauvrissant ainsi les Iraniens. « Aujourd’hui, les Iraniens souffrent parce que le régime continue à retenir près d’un milliard de dollars accrédités au ministère iranien de la Santé pour riposter au Covid-19, et ce, malgré les demandes des responsables de la Santé iraniens de fournir le financement nécessaire. »
« Le régime a le choix », a poursuivi Pompeo, si les dirigeants iraniens « abandonnent leurs rêves d’exporter la révolution, ils trouveront un partenaire accueillant et généreux à Washington ».
Tout en insistant sur le fait qu’il ne prévoyait pas de « frénésie d’achat », l’Iran peut en théorie acheter des armes pour améliorer l’armement militaire datant d’avant sa révolution islamique de 1979 et vendre à l’étranger son propre équipement militaire. En pratique, cependant, l’économie iranienne reste paralysée par les sanctions américaines de grande envergure, tandis que d’autres pays peuvent préférer ne pas conclure d’accords sur les armements avec Téhéran par crainte des représailles financières américaines.
La République islamique a annoncé la fin de l’embargo sur les armes comme « un jour mémorable pour la communauté internationale… au mépris des efforts du régime américain ».
Les efforts pour empêcher l’expiration de l’embargo sur les armes
L’administration Trump a insisté sur le fait qu’elle a révoqué toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran via une clause du PAGC dont elle s’est retirée en 2018.
Après que les États-Unis ont initié ce retour en arrière, les trois signataires européens de l’accord nucléaire iranien – la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (les E3) – ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas soutenir l’action américaine parce que les États-Unis se sont retirés de cet accord. Cependant, ils ont annoncé qu’ils étaient également très préoccupés par la violation continue par l’Iran de ses engagements nucléaires dans le cadre du PAGC.
En 2018, l’administration Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord nucléaire iranien en disant que cet accord n’avait pas réussi à empêcher l’Iran de poursuivre le développement des armes nucléaires et qu’il permettait au régime islamique de soutenir des activités terroristes à l’échelle internationale.
Les États-Unis « ont fait tous les efforts diplomatiques possibles » pendant près de deux ans pour renouveler l’embargo sur les armes, a déclaré M. Pompeo à la presse en août dernier.
Avant de demander la reconduction des sanctions, les États-Unis ont initié une résolution visant à prolonger indéfiniment l’embargo sur les armes visant l’Iran. Le Conseil de sécurité des Nations unies ne l’a pas adoptée, la Chine et la Russie ayant voté contre, tandis que 11 des 15 membres du Conseil de sécurité se sont abstenus, y compris la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
En 2010, les Nations unies ont interdit à l’Iran d’acheter des systèmes d’armes étrangers importants, en raison des tensions liées à son programme nucléaire. Un embargo antérieur visait les exportations d’armes iraniennes.
En 2019, la Defense Intelligence Agency américaine a prédit que si l’embargo prenait fin, l’Iran essaierait probablement d’acheter des avions de chasse russes Su-30, des avions d’entraînement Yak-130 et des chars T-90. Téhéran pourrait également essayer d’acheter le système de missiles antiaériens S-400 de la Russie et son système de missiles de défense côtière Bastian, a estimé cette agence. La Chine pourrait également vendre des armes à l’Iran.
Depuis longtemps, l’Iran a été dépassé par les pays du Golfe soutenus par les États-Unis – les pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – qui ont acheté pour des milliards de dollars d’armement américain avancé. En réponse, Téhéran s’est tourné vers le développement de missiles balistiques fabriqués localement.
L’embargo sur les armes de l’ONU n’a cependant pas empêché l’Iran d’envoyer des armes allant des fusils d’assaut aux missiles balistiques aux rebelles houthistes du Yémen. Alors que Téhéran nie avoir armé les houthistes, les gouvernements occidentaux et les experts en armement ont à plusieurs reprises identifié les armes utilisées par les rebelles comme étant iraniennes.
Six pays arabes du Golfe qui ont soutenu la prolongation de l’embargo sur les armes ont noté des livraisons d’armes au Yémen dans leur objection à la reprise de toute vente d’armes à l’Iran. Ils ont également mentionné dans une lettre au Conseil de sécurité des Nations unies que l’Iran a abattu par erreur un avion de ligne ukrainien en janvier dernier et que sa marine a accidentellement tué 19 marins lors d’une frappe de missile au cours d’un exercice militaire. L’ONU a également lié l’Iran à une attaque de 2019 contre la principale raffinerie de pétrole d’Arabie saoudite, bien que Téhéran en nie tout lien et que les rebelles yéménites houthistes y aient revendiqué la responsabilité.
L’Iran fournit également une aide financière et des armes mises au point au Hezbollah – un groupe terroriste chiite libanais – qui a contribué de manière significative à la crise économique du Liban et qui représente une menace pour Israël, la Syrie, l’Irak et le Yémen, selon un rapport du département d’État américain.
Dimanche dernier a également marqué la fin de l’interdiction de voyager imposée par l’ONU à un certain nombre de membres des Gardiens de la révolution iraniens, militaires et paramilitaires.
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