Les services de sécurité nous avaient alertés sur le risque d’une attaque terroriste en ce 22 mai 2017, et ils avaient raison. Nous avions beau espérer que cela n’arriverait pas, l’attaque a eu lieu. Elle s’est produite à Manchester, à la Manchester Arena, là où des jeunes filles, surnommées « Arianators » – d’après le nom de leur idole, la chanteuse Ariana Grande – éprouvaient la joie d’une sortie qu’elles avaient attendue avec impatience.
Mais à 22h30, un homme est entré calmement dans le foyer du bâtiment, car il savait que les spectateurs passeraient par là pour quitter le concert et s’arrêteraient en chemin aux stands de merchandising, et il a déclenché les explosifs qu’il portait sur lui. Il s’agissait probablement d’une bombe à clous.
Selon des témoins, les secondes qui ont suivi l’explosion ont été étrangement silencieuses. Puis ce fut le chaos, la panique et des cris stridents. Tout le monde courait pour tenter d’échapper au danger.
Après quelques minutes, la police a confirmé qu’il y avait des morts, mais pendant des heures, on n’a pas su combien. Et alors que la nuit tombait, nous avons appris la terrible réalité – 22 morts, 59 blessés à l’heure où j’écris cet article. Malheureusement, ces chiffres pourraient augmenter.
Une cible : les jeunes
Il semble évident que la plupart de ceux qui ont été tués ou blessés sont des enfants ou des adolescent(e)s. Essentiellement de très jeunes filles dont les vies ont été cruellement volées.
Des dizaines d’adolescent(e)s manquent toujours à l’appel et la voix désespérée de Charlotte Campbell, suppliant quiconque aurait des nouvelles de sa fille de 15 ans, Olivia, de se manifester, hantera longtemps tous ceux qui l’ont entendue.
Interrompant une interview dans le programme Good Morning Britain, sur la chaîne ITV, Charlotte a dit ne pas avoir eu de nouvelles d’Olivia depuis qu’elle s’est rendue au concert d’Ariana Grande à Manchester, ce lundi soir.
Elle a déclaré :« J’ai appelé la police. Ils n’ont aucune information, je dois attendre. J’attends à la maison, au cas où elle rentrerait. Elle est quelque part en ville. Si quelqu’un voit Olivia, prêtez-lui votre téléphone, elle connaît mon numéro par cœur. Je veux juste qu’elle rentre à la maison. »
Charlotte n’est pas la seule qui cherche désespérément à retrouver des proches aujourd’hui, souhaitant seulement qu’ils soient sains et saufs.
Tout au long de la nuit, à la radio et à la télévision, les histoires de terreur, d’angoisse et de tristesse se sont succédé, au beau milieu du son continu des sirènes et de lumières aveuglantes des services d’urgence qui bataillaient sans relâche pour sauver des vies.
Cependant, au fil de la nuit, la force incroyable des habitants de la ville a pris le dessus. Les medias sociaux se sont animés, non pour répandre la haine, mais à travers des propositions solidaires : « un lit pour la nuit », « vous déposer à la maison », ou encore des « courses en taxi gratuites ».
Et bien sûr, puisqu’on est à Manchester, la proposition d’une : « quantité illimitée de thé ».
Les gens ont également proposé leurs chargeurs de téléphone pour que quiconque ayant une batterie à plat puisse la recharger et faire savoir à leurs amis et à leurs familles qu’ils étaient en sécurité.
#RoomForManchester
Des êtres humains incroyables ont cherché à apporter leur aide, d’une façon ou d’une autre. Les hôtels de la ville ont accueilli les enfants qui avaient été séparés de leurs parents, et des centaines de messages postés sur Facebook et Twitter ont aidé les familles à se réunir.
Les habitants de Manchester se sont unis pour défier la pire forme de lâcheté. Le genre de lâcheté qui vise des gamines venues à un concert pop.
L’Archevêque de Canterbury Justin Welby a résumé la force de la ville dans un tweet : « Héroïque Manchester, le mal ne triomphera pas. Nous prions pour ceux qui sont dans la peine et doivent affronter à la fois la perte et la douleur, et pour ceux qui nous protègent. »
Se rassembler
Le pays et la ville vont continuer à se rassembler, unis par la solidarité des citoyens et par le mode de vie britannique, la vie va continuer. Les gens vont aller au travail et les enfants à l’école. Et comme l’a écrit un professeur dans un courriel aux parents aujourd’hui : « La normalité est une forme de confort, dans les périodes difficiles. »
Mais nous devons nous tenir prêts pour ce qui va inévitablement émerger dans les jours à venir. Quand l’identité des victimes, parmi lesquelles des enfants, vont être révélées et que nous allons voir leurs visages innocents, la vraie horreur de cette attaque va nous frapper. Et ensuite ?
Pour l’instant, le gouvernement et les services de sécurité tentent d’établir ce qui s’est passé, comment et pourquoi.
Il y aura, bien sûr, des appels au calme et des mises en cause. De nombreuses petites phrases politiques se répondront les unes aux autres à travers le monde. Mais ce que nous espérons, c’est que l’esprit de Manchester – une ville fière, multiculturelle, vibrante et tolérante – l’emportera.
Caroline Cheetham, Lecturer and Visiting Fellow in Journalism, University of Salford
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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