Vingt enfants se regroupent devant l’hôpital de Khokha, dans l’ouest du Yémen, dans l’espoir d’être admis dans cet établissement qui sert de bouée de sauvetage à des dizaines de milliers de personnes. Sur le trottoir étroit, un garçon vêtu de pourpre se penche mollement contre sa mère qui a, sur ses genoux, un bébé aux yeux sans expression. L’hôpital, situé en zone gouvernementale, est l’un des mieux équipés du pays, ravagé par quatre longues années de guerre.
Il reçoit des fournitures et de l’aide des Nations unies et de donateurs, dont les Emirats arabes unis, principal allié avec l’Arabie saoudite du gouvernement yéménite qui ne contrôle qu’une partie du pays. Alors que des millions de civils sont aujourd’hui menacés par la famine, même l’hôpital de Khokha ne peut répondre aux besoins de tous les enfants souffrant de malnutrition et qui arrivent chaque jour.
« Nous prenons les numéros de téléphone des malades lorsqu’il n’y a pas assez de lits pour eux, et quand une personne sort, nous les rappelons », dit Abdullah Zuhair, un médecin du service des enfants. Les Nations unies ont déclaré que le Yémen était le théâtre de la pire crise humanitaire du monde.
Indépendamment des combats entre forces pro-gouvernementales et insurgés Houthis soutenus par l’Iran, ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique, a vu son économie s’effondrer et ses ports et aéroports soumis à un quasi-blocus de la part de la coalition anti rebelles. L’hôpital de Khokha est situé à une centaine de kilomètres au sud de la ville portuaire de Hodeida, cible d’une offensive des forces pro-gouvernementales qui a vivement inquiété l’ONU et les organisations humanitaires. Plus des trois-quarts des importations et de l’aide internationale passent en effet par Hodeida.
L’hôpital de Khokha est le principal établissement de santé du district, qui abrite 30.000 personnes ainsi que des Yéménites de régions voisines. Et chaque jour sont signalés de nouveaux cas d’enfants souffrant de malnutrition aiguë. À l’intérieur de l’hôpital, le personnel travaille 24 heures sur 24, pèse les enfants, prend des mesures et injecte des nutriments à ceux qui sont trop faibles pour mâcher.
Yahia, un an, pèse 5,5 kg, près de la moitié de ce qu’il devrait peser normalement à son âge. Dans l’attente d’un traitement d’urgence, il pleure dans les bras de sa mère. Des personnages de dessins animés ornent les murs d’une chambre d’hôpital peinte en rose et en bleu. Trois mères portant le niqab, un voile qui couvre le visage, s’assoient sur leur lit avec leur bébé malnutri.
« Nous recevons régulièrement un grand nombre de cas, la plupart d’entre eux souffrant de malnutrition sévère », déclare le directeur de l’hôpital Yahia Zuheir. Mais les chambres de l’hôpital « ne suffisent pas à répondre à la demande ». « Nous appelons tout le monde à intervenir d’urgence », dit M. Zuheir.
Selon des responsables de l’ONU, 14 millions de personnes soit la moitié de la population yéménite sont en situation de pré-famine. Et 22 millions de civils dépendent d’une aide pour leurs besoins de base. Depuis mars 2015, les combats ont fait quelque 10.000 morts et plus de 56.000 blessés au Yémen, selon l’Organisation mondiale de la santé. Mais des ONG estiment que le bilan réel des victimes directes ou indirectes du conflit est largement plus élevé.
L’Arabie saoudite, acteur majeur de la guerre, est sous la pression des grands pays occidentaux pour accélérer un règlement de paix au Yémen, encore plus depuis l’assassinat en Turquie du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui a placé Ryad sur la défensive. L’ONU pourrait convoquer des pourparlers inter-yéménites sous peu en Suède.
D.C avec AFP
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