Cesare Battisti, ex-activiste italien d’extrême gauche condamné pour sa participation à quatre meurtres et expulsé dimanche de Bolivie, est arrivé lundi à Rome pour purger une peine de réclusion à perpétuité, après des décennies de cavale. L’avion ramenant en Italie cette figure des « années de plomb » a atterri à 11H36 (10H36 GMT) à l’aéroport romain de Ciampino.
Âgé de 64 ans, M. Battisti est descendu sourire aux lèvres et sans menottes, entouré d’une douzaine de policiers qui l’ont immédiatement emmené dans une salle de l’aéroport pour lui notifier les actes juridiques le concernant, avant de le conduire, entouré d’un important dispositif de sécurité, vers la prison de Rebibbia à Rome.
Le Falcon 900 portant le drapeau italien était parti dimanche de Santa Cruz, dans l’est de la Bolivie, où il avait été arrêté samedi après-midi. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), qui arborait comme souvent une veste de la police, et son collègue chargé de la Justice, Alfonso Bonafede, étaient présents à l’aéroport.
« Au nom de 60 millions d’Italiens, je tiens à remercier les forces de l’ordre de nous avoir offert ce soleil, cette espérance, cette certitude, cette confiance retrouvée dans la justice. Le climat a changé, celui qui se trompe doit payer, l’Italie est un pays souverain, libre, respecté, respectueux, et respectable », a déclaré M. Salvini.
« Après 37 ans, finalement, un assassin, un délinquant, une personne infâme, un lâche qui n’a jamais demandé pardon, finira là où il mérite. Et ce n’est pas un point d’arrivée mais de départ », a ajouté le ministre de l’Intérieur en évoquant « les dizaines » d’autres acteurs des « années de plomb » encore en cavale en France ou en Amérique latine. « Aujourd’hui, nous disons au monde que personne ne peut se soustraire à la justice italienne », a insisté de son côté c’est M. Bonafede.
Dimanche, les médias italiens avaient rapporté les propos de plusieurs proches des quatre personnes dont les assassinats en 1978 et 1979 ont été attribués à Cesare Battisti, en particulier Alberto Torregiani, tétraplégique depuis l’attaque qui a coûté la vie à son père joaillier quand il avait 15 ans: « Maintenant, les victimes peuvent reposer en paix ».
L’arrestation de M. Battisti a été unanimement saluée en Italie, à droite comme à gauche, en particulier parce que l’ancien chef des Prolétaires armés pour le communisme (PAC) clame son innocence et n’a jamais exprimé de remords. « Un criminel et un arrogant », a commenté Nicola Zingaretti, principal candidat à la présidence du Parti démocrate (PD, centre gauche), tout en réclamant la même fermeté contre les militants fascistes qui donnent de la voix et du poing en Italie ces derniers temps.
Cesare Battisti avait été condamné une première fois au tournant des années 1980 à 13 ans de prison pour appartenance aux PAC, un groupuscule d’extrême gauche particulièrement actif à la fin des années 1970 et considéré comme « terroriste » par Rome. Évadé en 1981, il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides et complicité de meurtres. Après avoir passé près de 15 ans en France, le président de l’époque François Mitterrand ayant promis de ne pas extrader les anciens militants ayant renoncé à la lutte armée, il vivait au Brésil depuis 2004.
Il avait refait sa vie dans ce pays où il a un jeune fils mineur de mère brésilienne, une paternité sur laquelle il comptait d’ailleurs pour le protéger légalement d’une extradition du Brésil. Le 13 décembre, un juge de la Cour suprême du Brésil avait ordonné son arrestation « en vue d’une extradition ». L’acte d’extradition avait été signé le lendemain par le président conservateur Michel Temer, auquel Jair Bolsonaro (de droite) a succédé le 1er janvier.
Mais les autorités brésiliennes avaient perdu sa trace. Selon une source gouvernementale bolivienne, il est entré « de manière illégale dans le pays ». Grâce en partie à la géolocalisation de téléphones de proches qu’il a utilisés pour se connecter sur les réseaux sociaux, il a été repéré la semaine dernière à Santa Cruz, où les polices bolivienne et italienne ont préparé son arrestation. Une vidéo prise par la police italienne peu avant l’arrestation le montre déambulant dans la rue, titubant légèrement, méconnaissable derrière des lunettes noires et portant bouc et moustache.
D.C avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.