Mes chroniques ont pris un tour plutôt apocalyptique ces derniers temps, mais pour une bonne raison. Cette semaine, nous avons eu la confirmation que notre système financier est, une fois de plus, au bord de l’effondrement, lorsque la Banque d’Angleterre (BoE) a été contrainte de mettre en place un plan afin de sauver les fonds de pension du Royaume‑Uni.
Le 28 septembre, vers midi, la Banque d’Angleterre est intervenue (de nouveau) sur les marchés des gilts britanniques. Les fonds de pension ont été confrontés à d’importants appels de marge, qui menaçaient d’entraîner rapidement une ruée sur les passifs, car la confiance dans leur liquidité et leur solvabilité aurait été remise en question par un cercle de plus en plus large d’investisseurs et de clients.
La BoE est intervenue pour limiter le cercle vicieux des appels de marge auxquels étaient confrontés les fonds de pension, en raison de l’effondrement de la valeur des gilts.
Sans l’intervention de la BoE, l’insolvabilité massive des fonds de pension, avec environ 3057 milliards d’euros d’actifs – et donc très probablement d’autres institutions financières – aurait pu commencer cet après‑midi‑là. Il est évident que si un des principaux centres financiers du monde, la City de Londres, devait faire face à une panique financière, celle‑ci se propagerait au reste du monde en un instant.
Il semble que le système financier mondial ait été tiré du bord de l’effondrement, une fois de plus, par les banques centrales. Cependant, ce n’est qu’une solution temporaire.
Il est désormais clair qu’un effondrement financier pur et simple menace toutes les économies occidentales, car si les fonds de pension, souvent considérés comme des investisseurs très ennuyeux en raison de leur profil d’investissement peu enclin au risque, sont menacés d’insolvabilité, cela peut arriver à toute autre institution financière. Je considère que le secteur bancaire sera le prochain sur la liste.
La banque est basée sur la confiance. Si la confiance dans une banque ou dans le soutien illimité des autorités à la banque disparaît, un ruée bancaire commence.
Un des plus éminents spécialistes des crises financières, Gary B. Gorton, définit une crise financière dans son livre « Misunderstanding Financial Crises: Why We Don’t See Them Coming » [L’incompréhension des crises financières: pourquoi nous ne les voyons pas venir] étant « un événement au cours duquel les détenteurs de dettes à court terme émises par des intermédiaires financiers se retirent en masse ou refusent de renouveler leurs prêts ».
En langage courant, M. Gorton explique qu’en cas de crise financière, un grand nombre de détenteurs de passifs financiers des banques, tels que les dépôts, veulent encaisser. D’où le nom : ruée bancaire.
Par exemple, lors de la panique de 1819, aux États‑Unis, les gens faisaient de longues files d’attente devant les banques pour changer leurs nouvelles innovations financières, les billets de banque, en monnaie métallique. La panique de 1819 a contribué à créer la première dépression économique aux États‑Unis.
Cependant, une ruée vers les banques peut ne pas être visible, dans le sens où d’autres banques et institutions financières « courent » vers le passif d’une banque. Par exemple, pendant la crise de 2007‑2008, il y a eu une ruée sur le marché des accords de vente et de rachat (repo), sur le marché des papiers commerciaux et sur les soldes des courtiers principaux. La plupart des gens n’ont pas remarqué ces premiers stades de la panique, car les entreprises financières se sont ruées sur les passifs et les actifs d’autres entreprises financières.
L’essentiel est que, à mesure que les dépôts sont retirés en masse, sous quelque forme que ce soit, la banque finit par manquer d’actifs à mettre en gage ou à vendre pour répondre aux demandes de retrait, et la banque fait faillite.
À l’avenir, le plus grand risque d’une panique bancaire systémique se situe probablement en Europe.
Les entreprises et les ménages européens ont été et continuent d’être décimés par une inflation dévastatrice, des taux d’intérêt en hausse rapide et des prix de l’énergie en flèche. Ils sont frappés de toutes parts, ce qui entraînera très probablement la faillite de nombre d’entre eux.
Les banques sont également touchées par la forte baisse de la valeur des obligations d’État, qu’elles utilisent comme garantie. Cela pourrait facilement entraîner des pertes en cascade pour les banques, peut‑être avec une vitesse, une taille et une ampleur jamais vues auparavant.
J’ai du mal à imaginer comment ces développements pourraient ne pas conduire à une crise bancaire, sans une intervention massive des gouvernements et des banques centrales. Et comme je l’ai expliqué en détail, une crise bancaire qui commence en Europe n’y restera pas.
Comment s’y préparer alors ?
Une des caractéristiques d’une crise bancaire est que de nombreuses banques, voire toutes, fermeront leurs portes aux clients et imposeront des limites de retrait. Une autre caractéristique est la perturbation du système financier, notamment en ce qui concerne les paiements par carte, à la suite de laquelle le système de paiement de détail peut se bloquer complètement.
Lorsque j’étais en Grèce, à l’été 2015, avec mon ex‑femme, l’ensemble de l’économie s’est transformée en une économie basée sur l’argent liquide, essentiellement pendant le week‑end. La crise bancaire grecque de 2015 a été provoquée par la Banque centrale européenne qui, de manière totalement irresponsable et très probablement motivée par des raisons politiques, a privé les banques grecques de son aide d’urgence en matière de liquidités.
Des limites de retrait d’argent ont été fixées, les distributeurs de cartes de crédit ont « disparu » ou sont tombés en panne dans les restaurants, les magasins et les autres établissements. Finalement, l’argent a cessé de sortir des distributeurs automatiques. Des contrôles de capitaux ont été mis en place, et la capacité des Grecs ordinaires à transférer de l’argent à l’étranger a été sérieusement entravée. Nous avions naturellement suffisamment d’argent liquide, ce qui arrive souvent, lorsque l’on voyage avec un chercheur vivant dans un pays en pleine crise.
Le point principal est (était) que pendant les crises bancaires, vous n’aurez pas un accès complet à vos dépôts à la banque. Par conséquent, les paiements électroniques tels que les cartes bancaires peuvent devenir inutiles. Dans le cas extrême, vos dépôts pourraient être utilisés pour recapitaliser les banques en difficulté dans un processus appelé « bail‑in » (renflouement interne).
De telles lois ont été mises en place après la crise de 2008, et elles ont été promulguées pour la première fois pour résoudre la crise bancaire à Chypre, en 2013.
Techniquement, chaque somme que vous avez en banque au‑dessus du seuil d’assurance des dépôts, une limite qui ne peut pas non plus être « gravée dans la pierre », est menacée par les bail‑in, en cas de crise bancaire.
Nous avions déjà indiqué, en mars 2017, que le système financier mondial, qui a éclaté lors de la crise financière de 2008, n’a jamais vraiment guéri. Nous avons noté que ce système et l’économie mondiale ont été maintenus debout uniquement grâce aux interventions continues des banques centrales et des gouvernements, et à l’octroi quasi illimité de crédits. Le 28 septembre dernier, la BoE nous a confirmés une dernière fois que c’était bien le cas.
Nous sommes dans une situation très, très difficile.
Tuomas Malinen tient à remercier Peter Nyberg pour ses commentaires et suggestions judicieuses.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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