Incarcéré pour fraude fiscale et blanchiment d’argent, Patrick Balkany souhaite se présenter à l’élection de la mairie de Levallois-Perret.
« Patrick souhaite conduire » la liste de la majorité : c’est ainsi qu’Isabelle Balkany a officialisé devant la majorité municipale la candidature de son mari, actuellement détenu, aux municipales à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), suscitant des grincements de dents parmi la classe politique.
« Je leur ai confirmé qu’il y aurait une liste de la majorité municipale, une liste Balkany et que Patrick souhaite la conduire », a indiqué Mme Balkany, première adjointe.
Le souhait du maire LR, incarcéré depuis ses récentes condamnations pour fraude fiscale et blanchiment, a été transmis lundi soir par son épouse, condamnée pour les mêmes affaires, aux 49 inscrits – parmi lesquels 37 élus – de la liste de la majorité municipale réunis à huis clos.
À l’issue de cette réunion, Patrick Balkany a appelé son épouse sur son portable depuis sa cellule et celle-ci a mis sur haut-parleur. Le maire a ainsi pu remercier les élus et des représentants de l’administration municipale, qui avaient assisté à une partie de la réunion, pour le travail effectué sur le budget, discuté lundi soir.
Scène surréaliste hier soir en mairie de Levallois. Tous les élus majorité réunis en salle du conseil. Patrick Balkany appelle depuis sa cellule. Il annonce sur haut parleur qu’il sera candidat aux municipales…
— Laurent Valdiguié (@Valdiguie) December 3, 2019
Mais l’élu, depuis son lieu de détention, n’a « pas évoqué les élections municipales », ont tenu à souligner les avocats du couple, Romain Dieudonné et Pierre-Olivier Sur. Cette confirmation de candidature est en tout cas intervenue quelques heures après que Patrick Balkany eut réitéré sa demande de remise en liberté devant la cour d’appel de Paris, se disant fâché « d’être considéré comme un pestiféré ».
Une « guignolade »
Du côté de l’opposition municipale et au Palais Bourbon, cette candidature, émanant d’un édile embastillé, a fait grincer des dents, à droite comme à gauche.
« Je trouve ça très triste d’en arriver là », a réagi Arnaud de Courson, conseiller municipal d’opposition qui s’est lui aussi déclaré candidat à la mairie lundi. « Il est en prison. On n’est pas candidat quand on est en prison! », a lâché l’élu DVD.
Pour Bertrand Percie du Sert, ex-adjoint de M. Balkany à la Sécurité qui a rejoint fin juin l’opposition municipale, « il y a du flou dans la majorité ». « S’il y a eu besoin de confirmer cette candidature, c’est qu’ils ont peur de listes dissidentes », analyse l’élu passé chez LREM. Selon lui, « hier soir, le ton était plutôt : « ceux qui ne veulent pas être sur la liste, il faut qu’ils le disent tout de suite » ».
Mêmes réactions de désapprobation chez plusieurs députés à l’Assemblée nationale. « C’est de sa propre responsabilité, en tout cas moi je ne participe pas à ce genre de choses », s’est désolidarisé sur BFM Damien Abad (LR). « Nous l’accueillerons avec un concert de casseroles », a promis de son côté Fabien Roussel (PCF), tandis que Bruno Bonnell (LREM) fustigeait une « guignolade ».
Le grand cirque des corrompus continue à #Levallois avec une scène grand-guignolesque où #Balkany appelle le conseil municipal depuis la prison pour annoncer sur haut-parleur sa candidature
La dignité est morte…#GiletsJaunes #5decembre #grevedu5decembrepic.twitter.com/tgtrtRxnye— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) December 3, 2019
Une mise en liberté refusée
Les époux Balkany, qui ont passé 37 ans à la tête de la mairie de Levallois, doivent être rejugés à partir de la semaine prochaine pour fraude fiscale et en février pour blanchiment aggravé. L’édile de 71 ans est incarcéré à la maison d’arrêt parisienne de la Santé depuis sa première condamnation en septembre. Le couple a fait appel de toutes ses condamnations et M. Balkany a déposé plusieurs demandes de mise en liberté.
Si le maire de Levallois était à nouveau condamné à l’issue de ses procès en appel, il pourrait se pourvoir en cassation. Ce recours suspendrait une peine d’inéligibilité, mais aussi l’exécution d’une peine de prison, sauf si la cour d’appel délivrait un nouveau mandat d’arrêt à l’audience. Le couple a déjà eu maille à partir avec la justice en 1996 : ils avaient tous deux été condamnés à 15 mois de prison avec sursis, 30 000 euros d’amende et 120 000 euros de dommages et intérêts pour avoir affecté trois employés de mairie à l’entretien de leurs domiciles de Levallois et Giverny (Eure).
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