L’écrivain Gilles Perrault, qui avait beaucoup pesé dans les années 1970 en faveur de l’abolition de la peine de mort en publiant Le Pull-over rouge, s’est éteint à 92 ans, a appris l’AFP jeudi auprès de sa famille.
L’auteur est décédé « la nuit dernière » d’un arrêt cardiaque, a indiqué à l’AFP son entourage familial, confirmant une information de Ouest-France. Jacques Peyroles, de son vrai nom, avait débuté une carrière d’avocat avant de bifurquer vers le journalisme puis la littérature. Sous son pseudonyme, il signe notamment en 1969 un roman d’espionnage à succès, Le Dossier 51, adapté en film avec Michel Deville. Il n’était « pas seulement un formidable raconteur. Mais aussi un homme engagé », a salué jeudi soir le journaliste Edwy Plenel dans un message sur Twitter, rebaptisé X.
L’écrivain Gilles Perrault (1931-2023) vient de mourir. Pas seulement un formidable raconteur. Mais aussi un homme engagé. Souvenir de notre complot amical en 1990 pour le peuple marocain contre la tyrannie monarchique et ses complices français. Un livre parfois ébranle le monde. pic.twitter.com/pxQOKvg4l7
« Une recherche de révision, ça n’est pas du sprint, c’est du marathon »
En 1978, la parution du livre-enquête Le Pull-over rouge, qui alimente les doutes sur la culpabilité de Christian Ranucci, guillotiné deux ans plus tôt pour le meurtre d’une petite fille, va donner lieu à une vive polémique, alimentant les pages des journaux pendant plus de trente ans.
Des livres ultérieurs sur l’affaire, et ses propos répétés à son sujet (il avait qualifié l’enquête sur le meurtre de la petite Marie-Dolores Rambla de « forfaiture »), conduiront à sa condamnation, notamment pour diffamation envers des policiers de la brigade criminelle de Marseille.
La peine de mort est abolie en France en 1981, mais les trois demandes de révision du procès n’ont jamais abouti. « Une recherche de révision, ça n’est pas du sprint, c’est du marathon », avait déclaré l’écrivain à l’AFP en 2006, espérant toujours voir un jour l’affaire réexaminée.
« Il est des auteurs et des œuvres qui savent susciter le débat, et parfois même des vocations. Si je devins avocate, c’est en partie grâce au Pull-over rouge« , a réagi jeudi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
« Les livres de Gilles Perrault sont des marqueurs pour ma génération »
En 1990, Gilles Perrault avait été à l’origine de l’une des plus graves crises de l’histoire des relations franco-marocaines en publiant le retentissant Notre ami le roi, qui faisait un bilan accablant de 30 ans du règne d’Hassan II.
« Les livres de Gilles Perrault sont des marqueurs pour ma génération. Il y a un avant et un après Notre ami le roi dans le regard sur le Maroc d’Hassan II », a appuyé Pierre Haski, journaliste et président de Reporters sans Frontières. L’ouvrage s’interrogeait aussi sur la complaisance de certaines élites françaises à l’égard du monarque.
Perrault avait préfacé en 2014 un livre très critique à l’égard du roi actuel du Maroc, fils d’Hassan II, écrit par un ancien journaliste marocain de l’AFP Omar Brouksy. Intitulé Mohammed VI derrière les masques, il était sous-titré « le fils de notre ami », en référence à son célèbre ouvrage.
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