Selon un producteur de cinéma, le régime ne permettra probablement pas au nouveau film de Marvel, Doctor Strange in the Multiverse of Madness, d’être projeté dans les salles de cinéma chinoises. De fait, un distributeur de journaux Epoch Times fait une brève apparition dans une scène du film.
Chris Fenton (produit ou supervisé des blockbusters comme Iron man 3, Point Break) a écrit un ouvrage intitulé « Feeding the Dragon : Inside the Trillion Dollar Dilemma Facing Hollywood, the NBA, and American Business ». [Alimenter le dragon : Le dilemme des milliards de dollars auquel sont confrontés Hollywood, la NBA et les entreprises américaines, ndt.]
Selon lui, il était déjà « un peu compliqué » pour le nouveau Doctor Strange de sortir en Chine. Bien des films Marvel n’ont jamais été commercialisés sur le marché chinois.
« Le fait qu’Epoch Times soit mis en vedette dans le film met définitivement fin à toutes les chances qu’ils avaient de pénétrer ce marché », explique M. Fenton lors d’une récente interview dans l’émission China Insider d’EpochTV.
Le distributeur à journaux jaune, portant les caractères chinois 大紀元時報, le nom de l’édition en langue chinoise d’Epoch Times, apparaît pendant quelques secondes dans une scène du film. Il se trouve en arrière‑plan lors d’un combat entre Doctor Strange et un monstre borgne nommé Gargantos dans les rues de New York.
Epoch Times est connu pour sa couverture non censurée de l’information en Chine, rapportant les luttes intestines du Parti communiste chinois (PCC), les violations des droits de l’homme commises par le régime à l’encontre des minorités ethniques et des groupes religieux, ainsi que les opérations de propagande et d’influence de Pékin à l’étranger.
Le média été fondé par des pratiquants de Falun Gong persécutés en Chine (depuis plus de vingt ans) en raison de leur foi en une discipline spirituelle qui enseigne aux gens à vivre selon trois principes fondamentaux : la vérité, la compassion et la tolérance. L’édition en langue chinoise est le journal le plus diffusé parmi les communautés chinoises d’outre‑mer.
À l’instar de nombreux médias et plateformes de médias sociaux occidentaux, les sites Web en anglais et en chinois d’Epoch Times sont interdits en Chine.
Les chances que le nouveau film soit diffusé en Chine sont « nulles à priori », estime le producteur, mais personne ne saura vraiment pourquoi, car « la Chine ne vous fait jamais savoir avec certitude pourquoi elle interdit un film particulier ». Selon lui, Pékin a l’habitude d’être ambigu, et pas seulement lorsqu’il s’agit d’interdire des films.
« Le régime ne vous dit jamais complètement pourquoi il pénalise une entreprise. En fait, on en est globalement réduit à la spéculation. Et très franchement, cette spéculation crée un filet d’autocensure plus large, car vous ne savez jamais exactement contre quoi ils sont en colère. »
Marvel
La question la plus importante est de savoir si Marvel Studios a inclus intentionnellement la fameuse boîte à journaux dans la scène. M. Fenton ne peut que spéculer, mais, selon lui, il était improbable que Marvel ait ignoré sa présence.
Fort de son expérience, il sait que les superviseurs et l’équipe de post‑production d’un film « savent exactement quels accessoires sont utilisés ».
« L’idée que les 200 à 300 personnes présentes sur le plateau ce jour‑là et les 200 à 300 personnes travaillant à la post‑production n’aient pas remarqué le distributeur automatique d’Epoch Times semble donc tout à fait farfelue », poursuit le producteur.
La première du film est actuellement prévue pour le 6 mai aux États‑Unis. Cependant, il reste à voir si le film gardera le distributeur à journaux lors de sa sortie. Il est possible que Marvel le retire, étant donné que le Global Times, un média d’État chinois belliqueux, a ouvertement attaqué Marvel dans un article d’opinion.
L’article de ce média porte‑parole du régime, publié le 1er mai, s’est donné beaucoup de mal pour diffamer Epoch Times avant d’accuser le nouveau Doctor Strange de « faire honte aux États‑Unis et à Hollywood » pour avoir inclus ce distributeur à journaux.
Mais M. Fenton doute que Marvel décide de reculer maintenant.
« Donc, si la Chine s’offense et fait sentir à Marvel qu’il faut retirer cet élément à la vue du monde, je pense qu’ils diront non. »
« Je ne sais pas si la Chine leur demandera de le faire ou si on doit considérer que la demande ‘a déjà été formulée’. Mais j’espère que Marvel ne le retirera pas pour que le monde entier le voie. »
Epoch Times a contacté Disney, la société mère de Marvel, pour une demande de commentaires.
La censure
Selon M. Fenton lorsque les studios d’Hollywood s’engagent dans l’autocensure, cela devient vraiment problématique.
« Le souci avec la Chine, c’est que nous nous censurons nous‑mêmes avec le contenu que nous produisons pour le monde entier, afin d’avoir accès à ce seul marché », explique‑t‑il. « Donc, lorsque nous faisons cela, nous apaisons essentiellement la Chine pour qu’elle diffuse son narratif non seulement à l’intérieur de ses frontières, mais aussi dans le monde entier. »
Il cite en exemples le remake de 2012 du classique culte de 1984 L’Aube rouge et la suite de Top Gun.
Les producteurs de L’Aube rouge ont décidé de présenter les méchants qui envahissent les États‑Unis comme étant nord‑coréens plutôt que chinois, de peur de perdre le marché chinois.
Une bande‑annonce de 2019 de Top Gun : Maverick, un film dont la sortie aux États‑Unis est prévue pour le 27 mai, montre que le drapeau de Taïwan a été retiré de l’écusson du blouson en cuir porté par le personnage de Tom Cruise, l’aviateur naval Pete « Maverick » Mitchell. La Chine considère Taïwan comme une partie de son territoire et rejette toute allusion qui pourrait suggérer l’indépendance de l’île.
Une récente exigence de censure de la part de la Chine a refait surface il y a peu. Dans un article publié le 1er mai, se basant sur plusieurs sources anonymes, le média numérique Puck News a affirmé que les autorités chinoises ont exhorté Sony Pictures d’apporter quelques modifications à Spider‑Man : No Way Home, un film Marvel distribué par Sony.
Tout d’abord, les censeurs ont demandé que la statue de la Liberté soit retirée à la fin du film. Après le refus de Sony, les censeurs ont demandé que la statue soit minimisée, par exemple en atténuant l’éclairage de la sculpture. Selon Puck News, Sony a également refusé cette deuxième demande.
Spider‑Man : No Way Home est sorti aux États‑Unis en décembre 2021, mais il n’est pas encore sorti en Chine.
« Donc, ce que j’aimerais voir Hollywood faire, c’est simplement protéger la liberté d’expression et la liberté d’expression créative », poursuit M. Fenton.
« Nous devons faire des films qui s’adressent au public du monde entier. Nous devons le faire en protégeant les droits des cinéastes eux‑mêmes, afin qu’ils puissent raconter leurs histoires sans être entravés par une quelconque censure, ou par des influences visant à renforcer les objectifs de propagande de la Chine. »
***
Chers lecteurs,
Abonnez‑vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.