L’Oktoberfest annuelle qui se déroule ce weekend à la brasserie de Taybeh, en Cisjordanie occupée, est une fête de la bière pas comme les autres.
Depuis 1994, cette brasserie fonctionne dans des conditions difficiles en raison des contraintes liées à l’occupation israélienne. Autre particularité, elle est aujourd’hui dirigée par une femme, Madees Khoury, à la tête d’une dynastie de brasseurs qui a fait du petit village chrétien de Taybeh, à une dizaine de kilomètres de Ramallah, dans le nord de la Cisjordanie, une marque de bière mondiale.
Madees Khoury, qui dit être la première et peut-être la seule brasseuse du Moyen-Orient, a passé son enfance autour des énormes cuves de la brasserie de Taybeh.
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— GuillaumeNB (@GuillaumeNB) August 11, 2015
« J’ai grandi dans la brasserie depuis l’âge de neuf ans, je courais partout en faisant des bêtises », raconte-t-elle à l’AFP. « J’ai observé mon père et mon oncle construire une entreprise et j’ai appris à l’aimer », ajoute-t-elle.
Responsable de l’exploitation de la brasserie
Après avoir fini ses études à Boston (est des Etats-Unis) en 2007, elle est revenue à Taybeh pour faire ses premiers pas dans l’entreprise familiale.
Aujourd’hui, elle est responsable de l’exploitation de la brasserie et de sa célèbre Oktoberfest, lancée en 2005. Organisée sur deux jours, le vendredi et le samedi, l’Oktoberfest de Taybeh porte autant sur l’identité palestinienne que sur la consommation de bière.
C’est une combinaison de dabke, une danse traditionnelle, de bières blondes et de sérieuses discussions politiques.
Le marché palestinien de la bière, est restreint
« Pour construire un Etat palestinien, nous devons investir notre propre argent, notre éducation et notre travail dans le pays en ouvrant des entreprises nous-mêmes, sans dépendre de l’aide étrangère qui peut être interrompue à tout moment », estime Madees Khoury.
Faire d’une brasserie une entreprise viable n’est pas une mince affaire en Cisjordanie.
« En plus d’être sous occupation (…), il y a des pénuries d’eau, il n’y a pas de frontières, et les déplacements et le transport sont très difficiles », explique-t-elle.
Le marché palestinien de la bière, pour l’essentiel la population chrétienne minoritaire de Cisjordanie, est restreint.
A cela s’ajoutent les difficultés liées au fait d’être une femme dans un milieu dominé par des hommes. « Dans l’industrie de la bière, les femmes ont la vie très dure », dit Madees Khoury.
Obligés d’exporter
« Mais je pense que c’est encore plus difficile pour moi d’être dans un pays dominé par les hommes, un pays arabe et sous occupation, c’est donc quatre ou cinq fois plus difficile que partout ailleurs », ajoute-t-elle.
Avec seulement neuf villes et villages chrétiens en Cisjordanie, les Khoury ont toujours été obligés d’exporter.
Aujourd’hui, la marque est disponible dans le monde entier, du Japon aux Etats-Unis, avec une production annuelle totale d’environ 1,8 million de bouteilles.
Selon les organisateurs, environ 16.000 personnes sont attendues à l’Oktoberfest de Taybeh ce weekend.
Pour Bassam Baseem, l’un de ses habitants, la bière a sorti son village endormi de l’anonymat: « Cette bière a fait connaître notre village à travers le monde ».
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