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En Suède, le millionnaire qui « soi-disant » haïssait les loups

novembre 3, 2018 7:05, Last Updated: novembre 3, 2018 7:19
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Le multimillionnaire qui « soi-disant » haïssait les loups: en Suède, une triviale affaire de braconnage par un baron du bois réveille une guerre de territoire déjà ancienne entre l’homme et la bête. Avec quatre autres suspects, tous employés de ses entreprises selon la presse suédoise, Karl Hedin, 69 ans, aurait tué illégalement au moins neuf prédateurs protégés loup, lynx et aigle royal. Les faits se seraient produits entre janvier 2014 et octobre 2018, selon des documents judiciaires consultés vendredi par l’AFP.

Arrêté la semaine dernière sur dénonciation et écroué, Karl Hedin et ses complices présumés sont soupçonnés d’avoir incinéré deux cadavres de loups dans le four d’une de ses scieries à Karbenning (centre). Sollicité par l’AFP, le directeur de ses usines n’avait pas répondu vendredi. Des analyses de cendre sont en cours après une perquisition de la police technique et scientifique. L’industriel, héritier d’un empire du bois et dont la fortune est estimée à 200 millions d’euros, nie les faits et son avocat se refuse à tout commentaire.

Son client, ainsi que les quatre autres suspects écroués, encourent jusqu’à quatre ans de prison. Le septuagénaire est connu pour être un chasseur aguerri. Selon un proche, l’auteur de romans policiers à succès Leif GW Persson, il a un millier d’élans à son tableau. Opposant de longue date à la politique suédoise de protection des loups, Karl Hedin a même publié des livres sur le sujet. « Le loup prend possession du territoire des hommes » et il faut que cela cesse, écrit-il. Leif GW Persson le décrit comme un homme qui « hait les loups ».

Cette affaire ravive un débat de société sensible dans le pays sur la présence du canidé à proximité des villages. Alors qu’ils avaient disparu des forêts locales dans les années 1970, ils sont aujourd’hui environ 300, concentrés au centre du pays, les premiers à deux heures de voiture de Stockholm, selon l’Agence suédoise de protection de l’Environnement. Par souci de régulation, un quota de « chasse préventive » est fixé en principe chaque année, pour empêcher les attaques sur les rennes, le bétail et les chiens.

Depuis une dizaine d’années, ce quota oscille entre une quarantaine et une vingtaine d’individus, et la tendance est à la baisse alors que la population augmente. La Fédération suédoise de la chasse estime que le nombre de loups devrait descendre à 150 individus et dénonce l’abandon des zones rurales en contact avec ces animaux.

« Les loups ne constituent pas une menace pour les vies humaines mais pour le mode de vie des locaux », a indiqué à l’AFP Magnus Rydholm, de la fédération des chasseurs. « Ils n’ont aucun pouvoir sur leur situation et les élus ne les écoutent pas. Au bout du compte, certains ont l’impression que la seule solution est qu’ils se fassent justice eux-mêmes. » Les organisations de défense du loup appellent de leur côté à plus de dialogue entre locaux, politiques et chasseurs.

Pour Mats Forslund, expert du WWF (Fonds mondial pour la nature) en Suède, une partie du problème vient de ce que les politiques publiques en matière de gestion de la faune sauvage en Suède se décident sans concertation avec les principaux intéressés. « Les populations concernées doivent être associées et sentir qu’elles ont voix au chapitre », a-t-il assuré vendredi dans un entretien à un site cynégétique.

« L’ensemble des organisations de chasseurs et de protection de la nature ont une approche plus convergente que ce qu’on pense. Nous avons des désaccords sur le nombre de loups à protéger, mais dans l’ensemble peu de choses nous séparent », a-t-il ajouté. Si la présence du canidé suscite une certaine crainte des habitants, le dernier accident mortel avec un loup sauvage en Suède remonte au début des années 1800. Plus récemment, en 2012, une soigneuse a été tuée par les loups du parc animalier Kolmården, lequel vient d’annoncer qu’il allait euthanasier ses quatre derniers spécimens âgés et dont la santé se détériore.

D.C avec AFP

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