Au début de la guerre du Vietnam, Kim Il Sung avait proposé son aide au village de Nguyen Van Ngu. Aujourd’hui, cet agriculteur espère montrer au petit-fils de l’ancien dirigeant nord-coréen l’immense chemin parcouru depuis le conflit.
Hanoï fut ravagé par la guerre avec les Etats-Unis. Mais depuis, sa relation avec Washington s’est complètement métamorphosée. La capitale vietnamienne se présente aujourd’hui comme la « Ville de la paix » à l’occasion du deuxième sommet entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
En 1964, quand le président du Nord-Vietnam Ho Chi Minh et Kim Il Sung avaient visité son village, Nguyen Van Ngu avait quitté précipitamment sa rizière pour courir au devant d’eux. Le père fondateur de la Corée du Nord avait alors offert aux habitants du village des équipements agricoles afin de contribuer à l’effort de guerre.
« Notre Vietnam n’était pas capable de produire de telles machines », se souvient M. Ngu qui, à 76 ans, a désormais les cheveux gris. « Nous étions si heureux, nous avions cru que c’était des anges venus apporter le bonheur au peuple ».
La Corée du Nord fut l’un des alliés de Hanoï pendant le conflit, y envoyant à peu près 200 personnes, des pilotes de chasse et des spécialistes de la guerre psychologique pour la plupart, afin d’aider son partenaire du bloc soviétique dans son combat contre le Sud-Vietnam soutenu par les Etats-Unis.
Il y a des similitudes avec la guerre de Corée (1950-53). Ce conflit avait opposé les forces de l’ONU emmenées par les Etats-Unis aux Nord-Coréens soutenus par la Chine et l’URSS. Mais la guerre de Corée est toujours théoriquement d’actualité puisque le conflit, qui a consacré la division de la péninsule le long de ce qui est devenu la Zone démilitarisée, a pris fin sur un armistice et non un traité de paix.
La situation est bien différente au Vietnam, où le Sud est tombé aux mains du Nord en 1975. Un an plus tard, le pays était réunifié sous la houlette du Nord. Aujourd’hui, le village de M. Ngu a été absorbé par l’agglomération de Hanoï et sa rizière n’existe plus. Elle a cédé la place à des maisons de deux ou trois étages. Le vieil homme espère que Kim Jong Un viendra lui rendre visite afin de tirer les leçons de la métamorphose qu’a connue le pays à partir des années 1990.
« Nous aimerions que les deux Corées se réconcilient et que la Corée du Nord connaisse un bon développement économique, comme le Vietnam », dit-il à l’AFP. Ce pays du Sud-Est asiatique est présenté comme un modèle que Pyongyang serait susceptible d’imiter. M. Trump fait régulièrement miroiter la perspective d’un avenir économique radieux au Nord s’il consentait à renoncer à son arsenal nucléaire.
Le Vietnam s’est extirpé de la pauvreté pour devenir l’une des économies les plus dynamiques de la région tout en maintenant un contrôle étroit sur le pouvoir, ce qui pourrait plaire au régime nord-coréen. Mercredi, Kim Jong Un a dépêché une délégation nord-coréenne dans la baie d’Halong, joyau touristique dans le nord du pays classé au patrimoine de l’Unesco, ainsi que dans une usine de construction automobile vietnamienne, bijou industriel symbole de dynamisme.
« Pyongyang peut apprendre des choses de Hanoï, de son expérience. Le Vietnam était un pays isolé il y a 40 ans, c’est un pays en paix aujourd’hui », relève l’économiste Pham Chi Lan, ancienne vice-présidente de la Chambre du commerce du Vietnam. Mais après des décennies de mauvaise gestion, la Corée du Nord a de multiples obstacles à surmonter. Plusieurs projets montés par des entreprises étrangères y ont échoué et d’après les analystes du cabinet Verisk Maplecroft, le pays est le moins favorable du monde pour les investissements.
En attendant, des esprits entreprenants de Hanoï font tout pour tirer profit du sommet, entre T-shirts, drapeaux, burgers et cocktails inspirés de l’événement. « Les habitants de Hanoï, le peuple vietnamien et les autres amoureux de la paix dans le monde veulent que ce sommet débouche sur les meilleurs résultats possibles », souligne Nguyen Duc Chung, le chef du comité du peuple de Hanoï, l’équivalent du maire dans le pays communiste.
D.C avec AFP
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