Le Parlement iranien a voté dimanche en faveur du limogeage du ministre de l’Economie, Massoud Karbassian, un nouveau revers pour le gouvernement du président Hassan Rohani, qui fait face à une crise économique sur fond de rétablissement de sanctions américaines. M. Karbassian est le deuxième ministre limogé depuis le début du mois sur vote du Parlement, après celui du Travail, Ali Rabiie, le 8 août.
Le retrait du pays, des groupes internationaux et français Total, Peugeot et Renault, et des allemands Siemens et Daimler.
Le gouvernement de M. Rohani essuie les critiques pour ne pas avoir saisi les opportunités liées à l’accord nucléaire de 2015 et ne pas s’être attaqué au chômage et à l’inflation. Et depuis que les Etats-Unis se sont retirés de l’accord en mai et ont rétabli au début du mois des sanctions contre Téhéran, la capacité du président Rohani à attirer des investissements étrangers semble encore moindre.
Par peur des sanctions américaines, un grand nombre de groupes internationaux ont déjà annoncé leur retrait du pays, à l’instar des groupes français Total, Peugeot et Renault, et des allemands Siemens et Daimler.
La crise traversée liée à la corruption du gouvernement
Les opposants conservateurs au président Rohani, hostiles depuis longtemps à sa volonté de rapprochement avec les pays occidentaux et de souplesse en matière de libertés civiles, imputent en outre la crise traversée à la corruption du gouvernement.
« L’inefficacité et le manque de programme (du gouvernement) n’ont rien à voir avec les sanctions », a argué un député conservateur avant le vote de défiance envers le ministre de l’Economie et des Finances. Selon Abbas Payizadeh, « les mauvaises décisions ont nui au peuple et conduit certains à piller les ressources publiques ».
Hassan Rohani, voit certains de ses alliés lui échapper.
S’il peut toujours compter sur le soutien de l’important bloc réformateur au Parlement, Hassan Rohani, considéré comme politiquement modéré, voit certains de ses alliés lui échapper. « Qu’avons nous fait avec cette nation? Nous l’avons rendue misérable. La classe moyenne s’approche de la pauvreté », a déploré Elias Hazrati, un député du camp réformateur, qui s’est désolidarisé de son gouvernement en votant en faveur du limogeage du ministre de l’Economie.
M. Karbassian a été désavoué par 137 parlementaires contre 121, et deux abstentions lors d’un vote de confiance retransmis à la radio. Cette décision avec effet immédiat laisse au président Rohani la tâche de lui désigner un successeur. Selon M. Hazrati, le gouvernement ne s’est pas non plus préparé aux conséquences des sanctions américaines, dont la deuxième vague, contre le secteur énergétique, entrera en vigueur le 4 novembre. « Nous n’étions pas préparés et nous ne le sommes toujours pas », a-t-il déploré.
L’effondrement de la monnaie qui a perdu près des deux tiers de sa valeur en six mois
« Le ministre de l’Economie est le seul que nous pouvions tenir pour responsable. Sinon, c’est au président que nous aurions dû retirer notre confiance« , a-t-il ajouté. Réélu l’an dernier après un premier mandat de quatre ans, le président Rohani bénéficie toujours du soutien du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a déclaré ce mois-ci que le destituer reviendrait « à jouer le jeu de l’ennemi ».
Convoqué par le Parlement pour la première fois, le président Rohani doit s’exprimer mardi à propos de la crise actuelle, dont l’effondrement de la monnaie qui a perdu près des deux tiers de sa valeur en six mois, est le fait le plus marquant. Si cette baisse s’explique en partie par l’hostilité américaine, elle est également due à la décision de la banque centrale en avril d’imposer un taux de change fixe face au dollar, qui a conduit à une explosion du marché noir. Elle est finalement revenue sur sa décision ce mois-ci.
M. Rohani a tenté de résoudre ces problèmes mais la plupart des Iraniens restent mécontents.
Les acteurs économiques iraniens pointent du doigt d’autres problèmes enracinés comme la dette bancaire et le rôle opaque joué par des organisations proches de l’armée dans l’économie. Plusieurs villes ont récemment été le théâtre de manifestations sporadiques et de grèves, protestant contre le coût de la vie et les salaires impayés, et qui ont pu dégénérer en rassemblements violents contre le système lui-même.
Des chiffres publiés samedi par la banque centrale montrent une hausse considérable du prix de certains produits de première nécessité comparé à l’année dernière. Le prix des produits laitiers a augmenté d’un tiers, celui du poulet de 20% et des fruits frais de 71%.
DC avec AFP
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