Journée de l’avocat en danger : mobilisation pour les avocats chinois à Paris

1 février 2017 10:40 Mis à jour: 1 février 2017 10:51

En Chine, de nombreux avocats ont dû affronter l’arrestation et parfois la torture, cela pour avoir défendu les droits de leurs clients. Portrait d’un système judiciaire à la solde d’une idéologie communiste.

La journée de l’avocat en danger a mobilisé le 26 janvier les avocats dans une trentaine de villes dans le monde. La situation en Chine a été décryptée au cours de l’événement et le sort de ces avocats est devenu un sujet de discussion. À Paris, des membres du Barreau se sont mobilisés pour manifester devant l’ambassade de Chine.

Sur 300 000 avocats que compte la Chine, seuls 500 s’impliquent pour faire respecter les droits, parfois les plus élémentaires, des citoyens. Un engagement qui se traduit par une persécution à travers des moyens légaux ou illégaux de la part des autorités locales.

Asservissement aux autorités

Guillaume Grèze, avocat français et parrain de Wang Quanzhang.

Les conditions d’exercice sont particulièrement périlleuses et difficiles dans un pays qui surveille de près ses avocats. On pourrait presque avancer que la notion de « défense » n’existe simplement pas pour la majorité d’entre eux, qui ne font que relayer la volonté du tribunal.

Entre 1949, date de l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong, et 1980, date des premières réformes de Deng Xiaoping, il n’y avait aucune législation en Chine. Nécessité fait loi : les premiers corpus s’inspiraient des lois des pays occidentaux et servaient un double objectif : donner une stabilité sociale à un pays ayant traversé des campagnes politiques sanglantes et redorer l’image de la Chine à l’étranger.

Les premiers avocats répondaient au nom de « travailleurs juridiques d’État ». Leur statut a peu à peu évolué, et dans les années 2000, ils ont parfois défendu les intérêts de leurs clients, comme dans l’affaire du lait contaminé en 2008. Mais parallèlement, le contrôle exercé sur les avocats et leur encadrement s’est renforcé. En 1996, l’article 306 de la loi pénale a stipulé qu’un avocat peut être poursuivi dans le cas de faux témoignages. Par exemple, si un avocat convainc son client de revenir sur des aveux obtenus sous la torture, celui-ci peut être poursuivi pour faux témoignage. Depuis 2012, les avocats doivent désormais prononcer un serment : « Je jure de remplir mes droits professionnels sous le socialisme chinois, de soutenir le pouvoir du Parti communiste chinois et de soutenir le socialisme ».

Persécutions

Il existe différentes formes de répression pour ces défenseurs de la loi. Les interrogatoires ont lieu dans la nuit, sans documents officiels ni enregistrements. Le but, d’après l’Observatoire International des Avocats en Danger : instaurer un climat de terreur envers les avocats mais aussi leurs familles et collaborateurs.

Certains d’entre eux, comme Li Heping ou Xie Yang, sont détenus depuis plus d’un an et continuellement soumis à des tortures. Les chefs d’inculpation vont de l’ « atteinte à la Sûreté d’État » aux « troubles à l’ordre public ». Li Chunfu s’est retrouvé enfermé dans une petite cage en fer et on lui a administré un traitement médical continu contre la pression artérielle, bien qu’il ne souffrait d’aucun problème. À sa sortie de prison, il a montré des signes de schizophrénie.

L’importance du soutien étranger

Les manifestations à Paris et ailleurs des avocats auront-elles une répercussion sur le sort de leurs homologues chinois ? Guillaume Grèze, avocat parisien, le pense. Il a décidé de parrainer Wang Quanzhang et s’est promis de rester en contact avec lui et de le soutenir.

D’après Cheung Yiu-Leung, vice-président du China Human Rights Lawyers Concern Group, venu de Hong Kong, les réseaux des droits de l’homme en Chine scrutent les réactions en Europe et aux États-Unis, et le soutien de la communauté internationale est plus qu’apprécié. « Quand les Nations Unies ou un pays élève la voix pour un dissident chinois, les changements sont presque immédiats sur le terrain en Chine, cela se voit dans l’attitude des autorités et dans le traitement qu’elles affligent. Si on ne nous soutenait pas à l’étranger, les autorités n’auraient aucun scrupule à faire disparaître les avocats au fin fond d’une prison, et cela en serait terminé de nous », déclare-t-il.

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