Fondateur de l’Événement du Jeudi et de Marianne, le journaliste Jean-François Kahn est mort à 86 ans, a annoncé jeudi son entourage, confirmant une information du Point.
Fils du philosophe Jean Kahn, Jean-François Kahn était également polémiste, engagé au centre. Il est décédé mercredi, a indiqué son épouse Rachel Assouline-Kahn.
L’homme de presse avait apporté son soutien à la candidature de François Bayrou à la présidentielle en 2007 puis 2012, se disant « convaincu que c’était l’homme dont la France avait besoin ». Il s’était présenté aux élections européennes de 2009 sur une liste MoDem mais sans prendre la carte du parti. Il démissionnera sitôt élu pour reprendre la plume et les débats qu’il affectionne tant.
« Jean-François Kahn était un géant et un homme rare. L’incroyable créativité qui l’animait, son audace, lui ont fait fonder de véritables journaux-époque, L’Événement du Jeudi, Marianne. Il incarnait le “centrisme révolutionnaire”, l’humanisme et la fidélité. Nous l’aimions », a réagi sur le réseau social X le Premier ministre, François Bayrou.
Jean-François Kahn était un géant et un homme rare. L’incroyable créativité qui l’animait, son audace, lui ont fait fonder de véritables journaux-époque, l’événement du jeudi, Marianne. Il incarnait le « centrisme révolutionnaire », l’humanisme et la fidélité. Nous l’aimions.
— François Bayrou (@bayrou) January 23, 2025
C’est la politique qui le passionne
Jean-François Kahn était en outre le frère du médecin généticien Axel Kahn, mort en 2021.
« C’était un intellectuel avant d’être un journaliste », a réagi auprès de l’AFP Maurice Szafran, qui avait cofondé en 1997 Marianne à ses côtés. Selon lui, « le journalisme était un moyen de comprendre l’histoire, de faire l’histoire et de s’inscrire dans l’histoire ».
À la tête de Marianne à partir de mars et en lien avec lui encore récemment, Frédéric Taddeï s’est dit « terriblement triste ». « Il a été très important pour moi. (…) Je lisais déjà les Nouvelles Littéraires quand j’avais 18 ans », où il était directeur de la rédaction, et « c’était un sacré patron de presse », a-t-il souligné auprès de l’AFP.
Denis Olivennes, président de CMI France propriétaire de Marianne, a dit craindre « qu’il n’y en ait plus jamais sur ce modèle ».
Le jeune Jean-François Kahn avait opté pour l’enseignement. Mais, « pour fuir la dureté du professorat, je suis devenu journaliste par faiblesse », confiait-il il y a quelques années.
C’est la politique qui le passionne et les politiques qu’il aime provoquer, l’oeil pétillant derrière d’épaisses lunettes. En 1984, il sera le premier à débattre avec Jean-Marie Le Pen.
Son caractère bien trempé séduit nombre de médias. Entré très jeune à Paris Presse, il couvre la guerre d’Algérie et révèle l’affaire Ben Barka, l’opposant marocain enlevé en plein Paris par des policiers en 1965 et dont le corps n’a jamais été retrouvé.
L’Express, Le Monde, Europe 1, la direction des Nouvelles Littéraires, du Quotidien de Paris, brièvement du Matin, il assouvit sa passion pour la presse en France et ne mâche pas ses mots.
En 1986, après cinq ans de débat Face à Face avec le journaliste Alain Duhamel, il est congédié de la radio Europe 1 pour avoir traité de « requins » les patrons du groupe Hachette, alors propriétaire de la radio.
L’Événement du Jeudi, un hebdomadaire au concept inédit
En 1984, il lance l’Événement du Jeudi, hebdomadaire au concept inédit : un journal qui appartient à ses lecteurs. Pour un Pascal (le billet de 500 francs d’alors) on devient actionnaire. Le magazine prospère pendant une petite décennie avant de finir dans l’escarcelle d’Hachette et de disparaître après quelques vaines tentatives de relance.
Jean-François Kahn avait quitté le navire en 1997 pour lancer Marianne, nouveau succès de presse même si les recettes publicitaires ne sont pas au rendez-vous.
Il avait annoncé se retirer du journalisme en 2011, après un commentaire très critiqué sur l’affaire Strauss-Kahn. « Si c’est un troussage de domestique, c’est pas bien », avait-il dit sur la radio France Culture, avant de s’en excuser.
JFK a cependant tenu des chroniques dans le quotidien belge Le Soir jusqu’en 2022. Auteur de nombreux ouvrages principalement politiques, il avait encore sorti Ne m’appelez plus jamais gauche l’année dernière aux éditions de l’Observatoire.
D’après Maurice Szafran, il venait de terminer un livre sur « le retour du fascisme ».
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