Leur serre saccagée par des militants écologistes, les Maraîchers nantais déposent plainte

Par Etienne Fauchaire
14 juin 2023 17:53 Mis à jour: 14 juin 2023 18:13

« Ils ont détruit en quelques minutes trois ans de travail. » Dédiée à la recherche de nouvelles techniques maraîchères qui se veulent plus respectueuses de l’environnement, la serre expérimentale sur le site de la Maison des maraîchers à Pont-Saint-Martin, d’une surface de 3.600 m2, a été détruite, dimanche 11 juin, par des militants écologistes. Un acte de vandalisme qui s’est produit en marge d’une manifestation contre l’exploitation de sable et d’eau à des fins industrielles et agro-industrielles, organisée au sud de Nantes à l’appel de l’association « La tête dans le sable », en lien avec le mouvement des « Soulèvements de la Terre » et le collectif « Hosto debout ».

Colère et incompréhension

Plants de salades piétinés, pieds de muguets déterrés, tuyaux d’irrigation cassés… « Aujourd’hui je pleure. Les zadistes ont détruit nos serres expérimentales en sol vivant et cultures sans pesticides. En toute impunité… », s’est désolé le président de la Fédération des Maraîchers nantais, Régis Chevallier, sur Twitter.

Ces exactions se sont déroulées sous les yeux de plusieurs élus Europe Écologie-Les-Verts, comme le rapporte Libération. Sur les réseaux sociaux, les élus EELV, dont la députée de la 4e circonscription de Loire-Atlantique Julie Laernoes, n’avaient en effet pas dissimulé leur participation à l’évènement. « Départ pour Saint-Colomban avec Les Soulèvements et EE-LV. Extraire toujours plus de sable, pour bétoniser toujours plus et servir le maraîchage industriel, c’est non », avait-elle revendiqué, le dimanche midi sur Twitter. En tout, une petite dizaine d’élus étaient présents.

« J’ai vu des inscriptions : Que brûle l’agro-industrie ! Cela me heurte profondément. Cela dépasse mon entendement. Tout cela appelle des heures qui ne sont pas les bienvenues », s’indigne pour sa part Emmanuel Torlasco, directeur de la Fédération des maraîchers nantais, qui représente 200 entreprises sur le bassin, 3 000 salariés, 3 000 à 5 000 saisonniers, 4 500 hectares de maraîchage. « Les manifestants ont arraché du muguet : on détruit des plantes ! Il faut compter six à sept ans pour les produire. Tout cela n’a aucun sens. Des systèmes de goutte à goutte, de micro-aspersion d’eau, ont été dégradés ainsi que des essais que nous menons pour remplacer les produits phytosanitaires. » Et d’asséner : « Les gens détruisent sans chercher à comprendre ce que nous faisons. Ma porte est pourtant toujours ouverte pour discuter. Je trouve cela lamentable ». La fédération a déposé plainte.

Devant ces actes de dégradations, Valérie Masson-Delmote, l’ancienne co-présidente du Giec, a elle aussi fait part de sa stupéfaction : « Ces destructions me plongent dans une complète incompréhension », a-elle écrit sur Twitter. « Je suis également dans l’incompréhension face à la destruction d’un essai de nouvelles variétés de salades. J’ai l’impression qu’on a complètement sauté l’étape de la médiation, de la compréhension et de la discussion ».

Une action revendiquée

Du côté de « Soulèvements de la Terre », on ne regrette rien : on assume.  « Ce dimanche, parmi les centaines de personnes du convoi, nous étions une cinquantaine de paysans impliqués dans ces actions de réensemencement et nous l’assumons pleinement », s’est félicité le 12 juin dans un communiqué le collectif suite à son action coup de poing. « Depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Au sud de la Loire, une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies, d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées », a-t-il justifié.

Selon le collectif, « la consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées ». Aussi, Léna Lazare, militante aux Soulèvements de la Terre, dénonce des « mensonges » de la part de la Fédération, faisant valoir qu’il ne s’agit pas de culture sur un « sol vivant » mais de « sol travaillé non couvert » et que la culture sur sable est « très polluante ». « Rien d’écolo », conclut-elle.

Un collectif qui devait être dissolu

Dimanche, des personnalités politiques ont dénoncé le saccage mené sur les terrains et dans cette serre. « Des “pseudos écolos“ sortent du centre-ville de Nantes, viennent en voiture, avec leur vélo dans le coffre pour la photo, jouent aux sauveurs de la planète en s’amusant le dimanche à détruire les cultures vivrières de notre département, parmi la manif les élus EE-LV. Minable », a taclé Erwan Huchet, conseiller municipal macroniste à Nantes, sur Twitter.

En revanche, à droite, on s’interroge sur la procédure du collectif Les Soulèvements de la Terre. C’est le cas du patron des Républicains Éric Ciotti : « Des activistes d’extrême gauche ont saccagé les expérimentations des maraîchers qui visent à comprendre comment nourrir la France demain. En mars, Gérald Darmanin déclarait avoir engagé la dissolution du groupuscule violent ‘Soulèvements de la terre’. Où en sommes-nous ?

Le ministre de l’Intérieur avait initié une procédure de dissolution à l’encontre du collectif, qui avait pris part à l’organisation de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline. Celle-ci avait dégénéré en affrontements entre manifestants et force de l’ordre. À ce jour, le décret gouvernemental n’a toujours pas été signé.

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