Loire-Atlantique : la préfecture refuse d’évacuer les 500 migrants du gymnase qu’ils squattent malgré une décision de justice

Par Paul Tourège
10 juin 2019 15:54 Mis à jour: 12 juillet 2019 20:37

Malgré l’aboutissement de la plainte déposée par le diocèse de Nantes, propriétaire du bâtiment occupé illégalement par les immigrants, le représentant de l’État dans le département a indiqué qu’il n’aurait pas recours à la force publique pour faire appliquer la décision du tribunal.

Si le tribunal d’instance de Nantes avait bel et bien autorisé l’évacuation des quelque 500 immigrants – dont une vingtaine de femmes et d’enfants – qui squattent illégalement le gymnase de l’ancien lycée Jeanne-Bernard situé dans le quartier Beauséjour de la commune de Saint-Herblain, dans la périphérie nantaise, la préfecture de Loire-Atlantique a mis son veto.

Propriétaire des lieux, le diocèse de Nantes avait porté plainte et exigé l’évacuation des locaux occupés depuis près de neuf mois. Une demande à laquelle le juge du tribunal d’instance de Nantes avait fini par accéder fin mars, ordonnant que les immigrants soient expulsés à compter du 9 juin.

« On a d’abord essayé de négocier avec le collectif de soutien, de trouver des solutions de relogement. Mais la situation se dégrade tellement que ça nous a poussés à demander l’évacuation », a expliqué Xavier Brunier – délégué diocésain aux solidarités – dans les colonnes du Figaro.

Un gymnase insalubre

L’insalubrité et la promiscuité qui règnent au sein du gymnase squatté sont pour le moins inquiétantes : tentes par dizaines, plafond non étanche, plaques d’isolant qui menacent de tomber, absence de douches et de chauffage, odeur pestilentielle et sanitaires insuffisants… Une situation épouvantable à laquelle s’ajoutent de violentes rixes, des nuisances sonores et des cas de tuberculose parmi les occupants.

Autant d’éléments qui ont motivé la préfecture de Loire-Atlantique à ne pas mettre en œuvre l’évacuation pourtant autorisée par la justice et ce, malgré le fait que de très nombreux riverains – exaspérés – l’appellent de leurs vœux.

« L’augmentation non maîtrisée de la population présente et l’absence de gestion du site […] aboutissent à ce que l’évacuation et l’hébergement d’un nombre aussi important de personnes ne soient plus envisageables et source de troubles à l’ordre public», s’est ainsi défendu le service de communication de l’administration territoriale.

Selon ce service, 500 à 600 nouveaux immigrants arrivent chaque mois dans la région, dont 80 % se dirigent vers la métropole nantaise.

« Ce n’était pas le discours tenu jusqu’à présent. Nous voulons voir le préfet en face-à-face pour comprendre. La situation à Nantes n’a pourtant pas changé du jour au lendemain. On voit qu’il y a des carences de l’État dans l’accueil des migrants, si maintenant il y a aussi des carences dans l’application de la loi, ça pose question », a réagi M. Brunier auprès des journalistes de 20 minutes.

« Une nouvelle fois, l’État se défausse. C’est une mauvaise nouvelle à la fois pour les migrants, qui vivent dans des conditions déplorables, et pour les riverains, qui subissent des nuisances. La ville de Saint-Herblain n’a pas la capacité de loger ces personnes. C’est à l’État de trouver des réponses », conclut l’entourage du maire socialiste de Saint-Herblain.

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